Après des négociations difficiles, les Etats exportateurs de pétrole membres de la coalition OPEP+ dirigée par l’Arabie saoudite, et 10 autres producteurs externes dirigés par la Russie, sont parvenus hier à un accord pour réduire la production.
Dans un communiqué, l’OPEP+ a annoncé un accord sur un nouveau seuil de production de pétrole à 40,46 millions de barils par jour à partir de 2024, alors que la réunion a été précédée d’une importante divergence de position entre les deux cadors du cartel pétrolier : l’Arabie saoudite et la Russie.
« L’OPEP + s’efforce déjà de réduire la production de deux millions de barils par jour jusqu’à la fin de 2023 à 41,856 millions de barils par jour. Les réductions de la nouvelle année atteindront donc 1,396 million de barils par jour », indique le communiqué.
« La Russie doit ajuster le volume de la production pétrolière à 9,828 millions de barils par jour à partir de 2024 », poursuit le communiqué, expliquant que « le groupe OPEP+ a pris la décision d’ajuster le volume de la production pétrolière pour maintenir la stabilité du marché pétrolier et établir une capacité à long terme pour prédire ses fluctuations ».
Le ministère saoudien de l’Énergie a annoncé dimanche soir que « le Royaume continuera à réduire volontairement sa production de pétrole jusqu’à fin 2024 ».
« Par mesure de précaution, le Royaume prolongera sa réduction volontaire de 500 000 barils par jour jusqu’à fin décembre 2024, en coordination avec certains des pays participant à l’accord OPEP+ », a déclaré une source officielle au sein du ministère saoudien de l’Énergie.
L’OPEP+ pompe environ 40 % de la production mondiale de brut, ce qui signifie que ses décisions entraineront un impact significatif sur les prix du pétrole.
Le vice-Premier ministre russe, Alexander Novak, a déclaré que son pays a prolongé la réduction volontaire du volume de production de pétrole de 500 000 barils par jour jusqu’à fin décembre, soulignant que la décision du groupe OPEP+ « est dans le l’intérêt du marché mondial et il n’y a pas de désaccords entre la Russie et l’Arabie saoudite. »
Les négociations ont duré plusieurs heures, et les médias ont rapporté qu’il y avait eu des divergences entre les 23 participants, qui représentent 60% de la production mondiale de pétrole.
Après des discussions difficiles, les Emirats arabes unis ont obtenu une augmentation de la base de calcul de leur part de production de brut, selon le nouveau calendrier publié par l’OPEP.
Cette initiative de Riyad coïncide avec la chute des prix de ces derniers mois, malgré l’annonce soudaine d’une baisse drastique début avril.
La mesure n’a pas fait augmenter les prix dans un marché préoccupé par le risque d’une récession mondiale, la hausse des taux d’intérêt par les principales banques centrales et une lente reprise de la demande en Chine alors que les restrictions liées au Covid-19 touchent à leur fin.
Le prix du baril de pétrole Brent de la mer du Nord, la référence du brut en Europe, a atteint 76 dollars, tandis que le prix du brut West Texas Intermediate s’élève à 71 dollars, loin du pic de 140 dollars enregistré en mars 2022 au début de la guerre en Ukraine.
Alors que des signes de mésentente entre Riyad et Moscou menaçaient de perturber la réunion, l’OPEP+ a montré un front uni tout en maintenant le même processus.
La Russie semble, effectivement, réticente à resserrer davantage le flux de pétrole, dont les revenus l’aident à financer son offensive militaire. En raison des sanctions occidentales, le pétrole russe dont le prix dépasse 60 dollars ne peut être livré. Lorsqu’il dépasse ce prix, les entreprises n’ont plus le droit de fournir les services permettant le transport maritime.
Lors du dernier grand différend qui a opposé la Russie et l’Arabie saoudite en mars 2020, la Russie a refusé de réduire sa production pour soutenir les prix, qui ont fortement chuté en raison du Covid-19. Après cela, l’Arabie saoudite a inondé le marché de pétrole, ce qui a entraîné une baisse prolongée des prix. A cet égard, l’expert Youssef al-Chamari a déclaré : « Riyad ne veut pas que ce scénario se reproduise, et la Russie non plus ».