Un maire musulman lié à Al-Qaïda accuse la Maison Blanche d’islamophobie

Mohamed Khairullah, un maire musulman américain de Prospect Park, dans l’Etat du New Jersey, s’est vu refuser l’accès à une célébration de la Maison Blanche marquant la fin du mois de ramadan, suscitant l’indignation des groupes qui s’érigent en représentants des intérêts des musulmans américains.

Pendant que Mohamed Khairullah clame que les services secrets l’ont « visé » en raison de son « identité », les forces de l’ordre et les services de renseignement américains nourrissent de sérieuses inquiétudes à l’égard de ce maire élu pour cinq ans, en raison de son soutien dans le passé à des militants djihadistes opérant en Syrie.

Ainsi que l’a expliqué John Rossomando, analyste principal de la lutte contre le terrorisme au sein de l’Investigative Project on Terrorism, Mohamed Khairullah a ouvertement soutenu le Front Al-Nusra lorsque celui-ci était affilié à Al-Qaïda en Syrie. Il a célébré les victoires militaires d’Al-Nusra et assisté à l’un de ses rassemblements en Syrie. Il a également travaillé pour une organisation caritative qui s’est associée aux bailleurs de fonds d’Al-Nusra.

Khairullah, dont le nom figure sur une liste de surveillance du gouvernement ayant fait l’objet d’une fuite, s’est rendu au moins sept fois en Syrie entre 2012 et 2015, alors que le pays était en proie à une guerre civile impliquant de multiples milices terroristes.

Pourtant, le maire considère que ses voyages n’ont aucun lien avec sa présence sur une « liste d’interdiction de voyager », et nie toutes les informations révélant ses sympathies pour la branche syrienne d’Al-Qaïda. « À mon avis, et indépendamment des théories précédentes, il ne semble pas que cela soit lié à mon activisme en Syrie », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. « Nos crimes sont nos noms, nos ethnies et notre religion », a-t-il ajouté, en référence aux 1,5 million de noms, pour la plupart arabes et musulmans, inscrits sur les listes de surveillance du gouvernement américain.

Mohamed Khairullah était sur le point d’assister à la cérémonie de l’Aïd al-Fitr, un dîner organisé par le président Joe Biden pour marquer la fin du ramadan, lorsque la Maison Blanche lui a annoncé que les services secrets ne l’autoriseraient pas à y prendre part. L’appel téléphonique lui annonçant la nouvelle a eu lieu le 1er mai à 12 h 11, selon le maire.

M. Khairullah a sollicité en premier lieu l’aide de sa section locale du Conseil des relations américano-islamiques (CAIR).  Le CAIR, qui s’affiche comme une « organisation musulmane de défense des libertés civiles », entretient également des liens avec des groupes terroristes étrangers et gère un vaste et influent réseau de journalistes et de politiciens.

Le 1er mai au soir, CAIR-NJ a publié un communiqué de presse virulent accusant le gouvernement de tenir une « liste de surveillance secrète » qui « pue l’ingérence gouvernementale ». Selaedin Maksut, le président de la section locale, a qualifié la décision de la Maison Blanche d’  « affront à la communauté musulmane et au public américain dans sa globalité ».

Le lendemain, la majorité des grands médias nationaux ont diffusé à travers tout le pays des récits de compassion envers Khairullah pour l’épreuve qu’il a subie. D’éminents politiciens démocrates, dont le gouverneur Phil Murphy et les sénateurs Cory Booker et Bob Menendez, ont exprimé leur sympathie envers Khairullah. Cory Booker, Bob Menendez, Bill Pascrell et plusieurs maires du New Jersey ont publié des déclarations louant les services publics de Khairullah ou réclamant des explications à la Maison Blanche et aux services secrets.

Ce n’est pas la première fois que le maire du New Jersey orchestre un tel raffut médiatique. Cela a déjà eu lieu en août 2019 à la suite d’un incident survenu à l’aéroport international JFK de New York, où des agents des douanes et de la protection des frontières l’ont arrêté pour l’interroger sur son voyage en Turquie. Ils lui auraient confisqué son téléphone portable et demandé s’il savait quelque chose sur « des groupes terroristes qui se formeraient là-bas », selon les déclarations de Khairullah.

Il a ajouté que les retards dans ses voyages étaient politiquement motivés et organisés aux plus hauts niveaux du gouvernement. Il a déclaré au Daily Beast que son interrogatoire à l’aéroport n’était pas seulement un « profilage musulman », mais une punition pour ses récentes publications sur Facebook qualifiant le président de « voyou raciste » et pour son soutien envers les députés musulmanes Ilhan Omar et Rashida Tlaib.

Encore une fois, les nombreux journalistes, activistes et politiciens qui se sont intéressés à l’affaire ont refusé d’enquêter sur les raisons qui ont obligé les agents des douanes à l’inscrire sur une liste de surveillance gouvernementale. Pourtant, il suffirait d’examiner les réseaux sociaux et l’historique des emplois du maire de Prospect Park pour tirer des conclusions sur ce qui a pu provoquer les soupçons du gouvernement.

C’est justement ce qu’a fait John Rossomando en 2019 en examinant la nature du travail humanitaire de Khairullah et en pointant ses posts sur Facebook.

Dans une publication de 2014, Khairullah s’est réjoui qu’une faction du Hezbollah fusionne avec le front Al-Nusra.  « Le Seigneur sera satisfait », avait-t-il écrit.

Dans d’autres posts, il a manifesté son soutien à l’ « Armée de la conquête », une coalition djihadiste dirigée par Al-Nusra, et a salué la « libération » d’Idlib en 2015. Des photos de ses voyages en Syrie le montrent posant avec des militants, dont des membres de l’Armée syrienne libre, une union complexe de diverses factions de combattants djihadistes soutenus par la Turquie et impliqués dans d’odieux crimes de guerre.

En 2019, Mohamed Khairullah a organisé un événement en l’honneur de son « modèle », Abdul Baset Al Sarout, un athlète célèbre qui a prêté allégeance à l’Etat islamique avant d’être tué en combattant les forces du gouvernement syrien. Il a même félicité l’Etat islamique pour la manière dont il a instauré l’ordre et la loi en Syrie.

« L’Etat islamique a fait une bonne chose en éliminant les voleurs et les bandits de la zone qu’il contrôle. Allah sait ce qui se cache derrière cette action », a écrit Khairullah en 2014 dans un tweet qui a été supprimé depuis. A ce moment-là, l’Etat islamique rendait justice en coupant les mains des petits voleurs et des criminels de droit commun.

En parallèle de ses fonctions de maire de Prospect Park, Khairullah était également un haut responsable au sein de Watan USA, la branche américaine de la Fondation Watan basée à Londres. « Les organisations partenaires de Watan et certains de ses dirigeants ont soutenu et aidé Al-Qaida en Syrie », a indiqué John Rossomando. Certaines de ses sources sont issues de documents qui ont fuité après la conclusion d’un accord de coopération entre la Fondation Watan et l’organisation turque IHH Humanitarian Relief, dévoilant un système de financement et de soutien aux activités terroristes du Front Al-Nusra en 2013.

En outre, le maire a participé au boycott d’un restaurant dont le propriétaire était réputé favorable au régime de Bachar el-Assad. Deux épiciers arabes ont subi le même sort pour avoir refusé d’accrocher des bannières pro-révolutionnaires sur les devantures de leurs magasins.

En réponse aux dernières accusations d’islamophobie lancées par M. Khairullah, un porte-parole des services secrets a confirmé que le maire avait été exclu de la cérémonie à laquelle ont assisté environ 400 invités américains musulmans, mais qu’il n’était « pas en mesure de faire d’autres commentaires sur les moyens et méthodes de protection spécifiques utilisés pour mener à bien nos opérations de sécurité à la Maison Blanche ».

Il n’y a donc aucune preuve officielle indiquant que c’est le soutien de Khairullah à la cause djihadiste qui justifie son inscription sur une liste de surveillance, mais les informations disponibles suggèrent certainement d’autres pistes en dehors des préjugés et de la persécution religieuse. 

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