Les Etats-Unis vont-ils revenir sur leur décision de se retirer d’Afghanistan ?

Le 15 août 2021 a marqué un tournant dans l’histoire de l’Afghanistan et de la présence militaire américaine à l’étranger, en particulier dans les zones instables que Washington considère comme une source de menace pour sa sécurité. Et bien que le retrait n’ait pas été soudain comme le prétend l’administration américaine actuelle, l’étrange manière dont il a été organisé avait suscité à l’époque une polémique parmi les observateurs qui s’interrogeaient sur le chaos qui l’a entouré et le manque de clarté des Etats-Unis, qui ont récemment admis que ce dossier était mal en point. Avec ce constat, Washington va-t-il revoir sa position sur la résolution ?

Un aveu d’échec

Le 6 avril, la Maison Blanche a révélé des documents confidentiels sur le processus du retrait militaire d’Afghanistan. Dans le rapport qu’elle a soumis au Congrès après avoir examiné les résultats du retrait, elle a reconnu l’échec des services de renseignement américains. Le rapport prétend qu’il ne s’attendait pas à ce que le mouvement taliban prenne rapidement le contrôle du pays après 20 ans d’intervention et de soutien américains à l’ancien gouvernement afghan.

Les documents récemment divulgués considèrent que les États-Unis ont été vaincus en Afghanistan après plus de 20 ans de présence, entrainant des pertes s’élevant à plus de 2 000 milliards de dollars.

Le rapport cite l’échec de l’organisation du retrait et l’opération terroriste menée par l’Etat islamique au cours du processus, entrainant la mort de 13 soldats américains et de 170 Afghans à l’issue d’un attentat suicide à proximité de l’aéroport bondé de monde.

Le rapport a également blâmé l’ancien président Donald Trump d’avoir fixé une date de retrait sans avoir élaboré de plan clarifiant les mécanismes de sa mise en œuvre, et d’avoir ensuite remis le dossier à l’administration Biden.  

Donald Trump a fermement rejeté l’accusation, estimant que l’actuel président Joe Biden est le seul responsable de l’échec du retrait américain d’Afghanistan.

Une réalité contrastée

Si les documents révélés par l’administration américaine n’apportent rien de nouveau, si ce n’est un descriptif du processus de retrait et de ses conséquences sur le terrain, ils dissimulent en revanche, des éléments qui n’ont pourtant échappé à personne, à savoir la relation des États-Unis avec le mouvement taliban, qui s’est poursuivie pendant plus de 3 ans d’interaction lors de cycles de négociations directes avec les dirigeants du mouvement, qui ont abouti à l’accord signé à Doha, la capitale du Qatar, sans aucune prise en considération du précédent gouvernement afghan dirigé par Ashraf Ghani.

En outre, les termes de l’accord entre Washington et les Talibans ont exprimé de façon explicite la volonté des États-Unis de remettre le pouvoir aux Talibans directement après le retrait.

Concernant ces différences entre les administrations Biden et Trump et la mesure dans laquelle Washington pourrait revenir sur sa décision de se retirer d’Afghanistan, Mohammed Abadi, chercheur en affaires internationales, a déclaré : « Le recul est peu probable, car les États-Unis revoient leurs calculs et leurs interventions militaires à l’étranger ont commencé à régresser en raison de lourdes pertes, il n’est donc pas facile de le faire pour l’instant. »

Il a ajouté que l’administration américaine actuelle refuse totalement d’envoyer une nouvelle génération de forces militaires pour mener une nouvelle guerre en Afghanistan, et que l’administration Biden n’a d’autre choix que de maintenir la situation actuelle telle qu’elle est.

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