Les relations entre Washington et Ryad s’améliorent malgré le récent accord irano-saoudien soutenu par la Chine

Les relations entre les États-Unis et l’Arabie saoudite n’ont sans doute jamais autant souffert depuis que les deux pays ont établi des liens officiels il y a plus de 70 ans.

Mais malgré le récent accord conclu entre l’Arabie saoudite et l’Iran avec le soutien de la Chine, les récentes déclarations de l’administration Biden indiquent que la situation est peut-être en train de changer en faveur d’un environnement plus stable entre Washington et Riyad.

« Pour l’avenir, nous veillons à ce que notre engagement avec l’Arabie saoudite continue de servir les intérêts du peuple américain, nous avons vu et continuons de voir une grande valeur stratégique dans cette relation », a déclaré un porte-parole du département d’État au journal saoudien Al-Arabiya.

D’autres phases difficiles ont pourtant eu lieu, notamment l’embargo pétrolier dans les années 70, l’invasion américaine de l’Irak en 2003, la politique de l’administration Obama à l’égard de l’Iran et l’accord nucléaire de 2015 qui en a résulté.

Les relations se sont améliorées sous l’administration de l’ancien président Donald Trump qui a effectué sa première visite à l’étranger en Arabie saoudite, mais cette confiance nouvellement acquise a été mise à l’épreuve en 2019 lorsque Donald Trump s’est abstenu d’apporter une réponse militaire aux attaques de l’Iran contre les raffineries de pétrole saoudiennes.

Lors de sa campagne électorale, Joe Biden s’était engagé à faire de l’Arabie saoudite un état « paria ». Plusieurs décisions en matière de politique étrangère ont visé l’Arabie saoudite et d’autres pays du Golfe peu après l’entrée en fonction de Joe Biden, notamment le gel des ventes d’armes à Riyad.

Mais les événements des six derniers mois ont été particulièrement préoccupants et ont menacé la poursuite des relations entre les deux parties.

La décision de l’OPEP+, dirigée par les Saoudiens, de réduire la production de pétrole avant les élections américaines de mi-mandat a été perçue par l’administration Biden comme un coup politique destiné à saper les chances des démocrates face aux républicains. L’Arabie saoudite a catégoriquement rejeté ces accusations et a souligné que le prix du pétrole s’était stabilisé peu après la décision de réduire la production.

Washington a également accusé Ryad de se ranger du côté de la Russie à travers cette décision, à un moment où les États-Unis et l’Europe tentent de réduire les capacités financières de Vladimir Poutine dans le cadre de sa guerre contre l’Ukraine.

La Maison Blanche et d’autres responsables américains ont menacé de réévaluer les relations avec l’Arabie Saoudite, allant jusqu’à user de la menace des sanctions économiques et financières.

Cependant, les responsables américains ont changé de ton à l’égard de l’Arabie saoudite peu de temps après.

À l’ONU, l’Arabie saoudite a pris la tête de plusieurs États arabes et États du Golfe en votant la condamnation de l’invasion russe en Ukraine, appelant Moscou à retirer ses forces militaires du pays voisin. L’Arabie saoudite s’est ensuite engagée à verser 400 millions de dollars à Kiev. L’administration Biden a rapidement nuancé ses critiques et félicité le pays du Golfe pour ses efforts.

Une semaine auparavant, de hauts fonctionnaires américains s’étaient rendus à Riyad pour participer à des réunions sur la sécurité et discuter de l’Iran et d’autres menaces communes, rejetant ainsi les allégations selon lesquelles Washington cherchait à prendre ses distances avec le Moyen-Orient.

En outre, lorsque l’annonce surprise du rapprochement entre Riyad et Téhéran a été faite, la Maison Blanche et le département d’État ont salué l’accord soutenu par la Chine.

Ces dix derniers jours, les responsables américains ont publié des déclarations sur la guerre au Yémen, jugées positives à l’égard de l’Arabie saoudite tout en dénonçant les Houthis soutenus par l’Iran.

La réaction des États-Unis à la dernière décision de l’Arabie saoudite et de l’OPEP de réduire davantage la production de pétrole le mois prochain a également été beaucoup plus discrète. Cette fois, Joe Biden a réagi en déclarant : « Ce ne sera pas aussi grave que vous le pensez. »

Les responsables américains et saoudiens envisagent désormais une voie plus positive. Le directeur de la CIA, Bill Burns, s’est rendu en Arabie saoudite cette semaine pour renforcer l’engagement des États-Unis en faveur de la coopération en matière de renseignement, en particulier dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, a déclaré un responsable américain à la presse saoudienne.

Les États-Unis et l’Arabie saoudite ont conclu leur premier exercice conjoint de lutte contre les drones le mois dernier dans un nouveau centre d’essais militaires à Riyad. Par ailleurs, l’Arabie saoudite a récemment signé ce que les États-Unis ont considéré comme étant des « accords historiques » avec Boeing pour plus de 120 avions d’une valeur de 37 milliards de dollars. La Maison Blanche a déclaré que cet accord pourrait soutenir plus d’un million d’emplois américains dans 44 États.

Des sources proches de l’accord ont déclaré que sa signature avait été annulée en octobre à la suite des accusations de l’administration Biden selon lesquelles l’Arabie saoudite se rangeait du côté de la Russie.

Un test à venir pourrait être le résultat des négociations en cours dans lesquelles l’Arabie saoudite a demandé des technologies américaines pour enrichir l’uranium afin de produire et de vendre du combustible. Dans le cas d’une réponse défavorable, les responsables saoudiens ont prévenu qu’ils pourraient se tourner vers la Chine, la Russie ou la France pour obtenir de l’aide.

Le porte-parole du département d’État a déclaré que l’administration Biden s’engageait à soutenir la transition énergétique propre de l’Arabie saoudite, y compris ses efforts pour développer un programme d’énergie nucléaire pacifique. Cependant, il n’a pas donné l’impression que les États-Unis approuvaient les plans d’enrichissement de l’uranium de l’Arabie saoudite.

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