La Chine et les Etats-Unis en concurrence diplomatique au Moyen-Orient

La Chine devient progressivement un acteur clé au Moyen-Orient. Après que les États-Unis ont longtemps été considérés comme un médiateur et un acteur majeur dans la région, le récent succès de la médiation chinoise entre l’Arabie saoudite et l’Iran pour la relance de leurs relations diplomatiques rompues depuis 2016, place la diplomatie américaine devant un nouveau défi.

Bien que Washington ait qualifié la réconciliation entre l’Iran et l’Arabie saoudite de « bonne chose », les responsables américains ont tenté de minimiser le rôle de la Chine, affirmant que Pékin ne peut pas rivaliser avec les Américains au Moyen-Orient, qui reste largement sous la protection des Etats-Unis.

Néanmoins, cette percée diplomatique de la Chine représente un réel défi pour les États-Unis en tant qu’acteur majeur dans la région.

James Ryan, directeur du programme Moyen-Orient au Foreign Policy Research Institute, a déclaré que Washington accueillerait favorablement toute initiative susceptible de garantir la stabilité régionale au Moyen-Orient, même si elle est lancée par la Chine.

 « L’administration Biden a clairement affirmé que lorsqu’il s’agit du Moyen-Orient, elle soutient le renforcement de la sécurité et de la stabilité », a-t-il déclaré, ajoutant que « l’intervention américaine diminuera globalement », un message que les Saoudiens ont « clairement » reçu.

Ce changement intervient à un moment ou les relations entre les États-Unis et l’Arabie saoudite sont complexes et que Washington est aux prises avec des problèmes de grandes envergure comme le programme nucléaire iranien et le conflit israélo-palestinien.

Selon la Maison Blanche, malgré l’énorme accord de 37 milliards de dollars signé entre les Saoudiens et Boeing et qui a été annoncé cette semaine, les relations entre Washington et Riyad demeurent tendues après l’annonce du président Joe Biden en octobre d’un examen de ses relations avec cet allié historique.

Le président américain avait alors énuméré les « conséquences » de la décision de Riyad de réduire sa production de pétrole.

Par ailleurs, le rapprochement irano-saoudien menace l’objectif premier des accords d’Abraham que les États-Unis ont rédigé en 2020, et qui inclut la reconnaissance d’Israël par l’Arabie saoudite après des décennies d’opposition à l’existence de l’Etat hébreu.

Ces négociations, menées par Washington, ont permis la normalisation des relations entre Israël et deux pays arabes : les Émirats arabes unis et Bahreïn.

En ce qui concerne le dossier nucléaire iranien, les négociations autour de la relance de l’accord de 2015, dont les États-Unis se sont retirés sous l’administration de Donald Trump, sont au point mort.

Washington souligne qu’un retour à l’accord n’est plus d’actualité bien que les Etats-Unis estiment encore que cet accord reste le meilleur moyen d’empêcher l’Iran de se doter de la bombe atomique.

Il y a également l’escalade du conflit israélo-palestinien : malgré les appels au calme qui se succèdent, notamment lors de la visite du secrétaire d’État américain à Jérusalem et à Ramallah fin janvier, la violence s’est intensifiée.

Les responsables américains continuent de condamner les mesures unilatérales d’expansion des colonies en Israël, tout en réaffirmant leur soutien « indéfectible » envers le gouvernement israélien et leur attachement à la « solution à deux États ». Toutefois, cela n’a aucun effet sur le gouvernement de Benjamin Netanyahu, l’allié de longue date des Etats-Unis.

Aussi, le projet de modification du système judiciaire avancé par Netanyahu, qui dirige actuellement le gouvernement le plus à droite de l’histoire d’Israël, met Washington dans l’embarras, notamment parce qu’il a provoqué la colère populaire.

Le secrétaire d’État américain a salué la « démocratie dynamique » d’Israël, soulignant que « le consensus est la meilleure voie à suivre », mais la pression monte sur l’administration Biden.

Récemment, une centaine de représentants démocrates ont écrit au président américain pour lui faire part de leurs « inquiétudes » face à cet amendement et ont appelé la Maison blanche à jouer son rôle de « leader » dans la région.

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