Les autorités iraniennes craignent que les manifestations ne se transforment en conflit armé

L’inquiétude est palpable au sein du régime iranien à la suite de plusieurs incidents survenus ces derniers jours dans le pays, qui laissent présager une augmentation significative des violences durant les manifestations populaires qui durent depuis deux mois.

Selon un article publié jeudi dans un média iranien proche du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI), le discours médiatique relayé par les plus hautes sphères du gouvernement ciblera désormais les attaques armées des manifestants. L’Iran qualifie ces groupes de “séparatistes”, un terme qu’il utilise généralement pour désigner les Kurdes, les Baloutches, les Arabes et d’autres communautés minoritaires en Iran.

L’Iran est non seulement un pays multi-ethnique, mais il s’avère également que les minorités peuvent dépasser le nombre de Perses dans le pays, ce qui oblige le régime à trouver un compromis entre son enracinement dans ses origines théocratiques perses et son besoin de soutien des minorités.

Les communautés minoritaires les plus importantes se trouvent le plus souvent dans diverses régions périphériques de l’Iran, comme les Kurdes et les Azéris dans le nord-ouest, les Baloutches dans le sud-est et les Arabes dans le sud-ouest. Il existe également des populations Lurs, Turkmènes et autres. 

Selon certains médias, des hommes armés ont attaqué un bazar dans le sud-ouest de l’Iran cette semaine. Des affrontements armés ont également eu lieu à Zahedan et dans les régions où la minorité baloutche est présente.

Cette semaine, l’Iran a également mené des offensives à la roquette et au drone contre des groupes kurdes en Irak.

Le régime iranien estime que des dizaines, voire des centaines d’activistes “séparatistes” kurdes ont traversé la frontière iranienne depuis l’Irak, et qu’ils participent à la mobilisation de l’opposition contre le régime.

Il existe une multitude de groupes kurdes qui opèrent en Irak et depuis l’étranger au sein de groupes kurdes iraniens en exil. Parmi eux, il y a le Parti démocratique du Kurdistan d’Iran (PDKI), le Parti de la liberté du Kurdistan (PAK), le Komala, un parti socio-démocrate du Kurdistan iranien, et le Parti pour une vie libre au Kurdistan (PJAK).

Au cours des deux derniers mois, le régime iranien a attaqué le PDKI, le PAK et le Komala, l’objectif de l’Iran étant de neutraliser ces groupes. 

Toutefois, l’attaque à main armée survenue dans le sud-ouest de l’Iran, dans la province du Khuzestan, représente un mauvais présage pour le régime.

Il ne s’agit ni de la première attaque armée ni du premier affrontement depuis le début du soulèvement en septembre, mais il pourrait bien s’agir de l’un des incidents les plus préoccupants pour le régime des mollahs, qui pense que des organisations extrémistes comme l’Etat islamique sont responsables de certaines de ces violences.

Une attaque lancée par l’Etat islamique fin octobre a fait 15 morts en Iran. Du point de vue du régime, il est plus simple de blâmer l’Etat islamique ou les “séparatistes” que d’admettre qu’un grand nombre de citoyens iraniens sont opposés au régime.

Environ 16 000 manifestants ont déjà été arrêtés et plusieurs ont été condamnés à mort. Jeudi, le guide suprême, l’ayatollah Khamenei, a publié une déclaration destinée à apaiser les tensions avec les minorités, dans laquelle il a souligné l’importance de la coopération interethniques.

Nous saurons dans les prochains jours si d’autres attaques auront lieu en Iran, ou si l’attentat dans le sud-ouest du pays n’était qu’un incident isolé.  

Ce n’est pas la première fois que des groupes arabes ahwazis réussissent à frapper le régime. En 2018, deux douzaines de personnes ont été tuées lors d’un défilé militaire. Le régime iranien avait riposté en ciblant les rebelles arabes ahwazis à l’étranger, tout comme il cible les Kurdes en Irak.

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