Reprise de la bataille juridique entre Airbus et Qatar Airways

La bataille judiciaire entre Qatar Airways et le géant européen de l’aéronautique Airbus, a repris aujourd’hui devant un tribunal londonien, qui déterminera la nature de leurs relations avec les organisateurs de la Coupe du monde 2022, neuf jours avant son coup d’envoi à Doha.

L’affaire a clairement dépassé les couloirs des tribunaux lorsque le président français Emmanuel Macron et l’émir du Qatar, le Cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, se sont rencontrés pour discuter de la pire crise jamais survenue entre leurs pays. Les détails de la discussion n’ont jamais été révélés, mais un responsable français et des courriers électronique internes de chez Airbus – récemment révélés dans le cadre de l’affaire en Grande-Bretagne – indiquent que le différend entre le géant européen et l’un de ses plus importants acheteurs d’avions A350 interdits, a attiré l’attention des dirigeants français et qataris.

Le responsable français a déclaré que les deux chefs d’Etat avaient discuté de l’affaire lors de la visite du président français Emmanuel Macron à Doha en décembre dernier.

“Nous confirmons que la question a été soulevée avec d’autres aspects des relations économiques bilatérales”, a déclaré le responsable au nom de l’Elysée.

Le responsable français a été questionné sur les courriels précédemment dissimulés puis divulgués le mois dernier dans le cadre de l’affaire, et dans lesquels il était question d’un dédommagement de près de 2 milliards de dollars.

La compagnie aérienne affirme que des fissures dans la peinture a révélé des dommages plus importants sur la surface de l’avion a350, et a arrêté toutes ses commandes. De plus, le régulateur de vol qatari a progressivement interdit le vol de 29 avions A350 en raison de problèmes de sécurité au cours de la dernière année.

De son côté, Airbus reconnait des problèmes de qualité sur ce modèle long-courrier mais nie tout risque de sécurité et a annulé toutes les nouvelles commandes de Qatar Airways, qui s’est tourné vers son concurrent Boeing.

En plus des procédures judiciaires, Airbus a également exploré des stratégies internes pour faire avancer l’affaire sur plusieurs fronts politiques, réglementaires et commerciaux, selon les courriels qui ont été révélés lors des audiences préliminaires.

Le 8 décembre 2021, un ingénieur d’Airbus a écrit dans un e-mail à Sabine Kluck, directrice technique au sein de l’entreprise : “Politiquement : la visite de M. Macron et du PDG de l’Airbus Guillaume Faury au Cheikh (H) fin de semaine dernière pourrait entraîner une certaine influence, mais ce n’est pas encore clair.”

Macron avait rencontré cinq jours plus tôt l’émir du Qatar pour marquer les 50 ans des relations entre son pays et un allié économique important. Les deux dirigeants se sont également rencontrés à Paris pour un déjeuner de travail au mois de mai.

Des diplomates européens ont déclaré à Reuters que la pression augmentait pour maintenir de bonnes relations avec le Qatar alors que l’Europe s’attend à un hiver difficile en raison des pénuries d’énergie, sachant que l’État du Golfe est considéré comme un fournisseur de gaz alternatif à la Russie.

D’autres courriers électroniques indiquent que les négociations ont commencé à la fin de l’année dernière, pendant le déroulement de la bataille juridique.

“Le travail sur les deux derniers aspects (politique et commercial) doit se poursuivre en parallèle pour trouver une sortie de crise rapide avec une situation gagnant-gagnant”, indique le courrier d’Airbus du 8 décembre.

Devant le tribunal de Londres aujourd’hui, Qatar Airways a accusé Airbus d’avoir cherché à exercer son influence sur l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA).

“Airbus a cherché, et semble avoir réussi, à exercer une influence sur l’Agence européenne de la sécurité aérienne”, a affirmé la compagnie aérienne qatarie dans des déclarations écrites présentées lors de l’audience.

Du côté d’Airbus, un porte-parole a déclaré : “La société a suivi toutes les procédures pertinentes, y compris l’implication de l’Agence européenne de la sécurité aérienne, ce qui est parfaitement sain et normal car c’est l’autorité de l’aviation civile”.

L’accusation de Qatar Airways fait suite à des commentaires antérieurs d’Airbus dans lesquels il a déclaré soupçonner la compagnie qatarie d’être de connivence avec les régulateurs du Qatar pour faire immobiliser des avions pour obtenir une compensation, ce que Qatar Airways a nié.

Chaque partie demande plus de communication et d’échanges entre les PDG avant un éventuel procès en 2023.

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