L’OPEP+ s’aligne-t-elle réellement avec la Russie en réduisant la production de pétrole ?

La décision de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) de réduire sensiblement la production pétrolière à partir de novembre et de faire remonter le prix du brut, a été très mal accueillie par les Etats-Unis et ses alliés occidentaux.

Les mesures de l’OPEP ont été annoncées un jour après que les ambassadeurs de l’Union européenne ont décidé d’imposer une nouvelle série de sanctions économiques à Moscou, notamment un plafonnement des prix de vente du pétrole russe et une interdiction de la majorité des importations de pétrole brut.

L’enchainement de ces deux décisions n’a pas manqué de déclencher une vague de polémiques et d’interprétations. L’OPEP, dirigée par l’Arabie saoudite, a été accusée de prêter main forte à la Russie et d’entraver les sanctions qui lui sont imposées par Washington depuis l’invasion de l’Ukraine.

L’administration Biden, qui a déployé des efforts diplomatiques considérables pour dissuader l’alliance de mettre en œuvre cette décision, a exprimé sa déception face à la perspective d’une nouvelle hausse des prix du carburant aux Etats-Unis, notamment à l’approche des élections américaines de mi-mandat.

“Il est clair que l’OPEP+ s’aligne sur la Russie avec l’annonce d’aujourd’hui”, a déclaré Karine Jean-Pierre, la porte-parole de la Maison Blanche, portant une accusation claire qui a provoqué de nombreuses réactions parmi les acteurs du Moyen-Orient.

Réactions de l’Arabie Saoudite et des membres de l’Organisation

L’OPEP a fermement rejeté cette accusation.

Le secrétaire général du groupe, Haitham al-Ghais, a réagi le 7 octobre en déclarant à Al-Arabiya TV : “Ce n’était pas une décision d’un pays contre un autre.”

“Je veux être clair en affirmant cela, et ce n’est pas une décision de deux ou trois pays contre un groupe d’autres pays”, a-t-il expliqué.

A son tour, l’Arabie saoudite a défendu la décision de l’OPEP en assurant qu’elle était nécessaire pour répondre à la hausse des taux d’intérêt en Occident et à une économie mondiale affaiblie.

“Montrez-moi où est l’acte de belligérance”, a déclaré le ministre saoudien de l’énergie, le prince Abdulaziz ben Salman, lors d’une conférence de presse, ajoutant que les marchés avaient besoin “d’orientations sans lesquelles les investissements ne se feraient pas”.

Mohammed al-Fares, le ministre koweïtien du pétrole par intérim, a déclaré le 5 octobre que si l’Organisation comprenait les préoccupations des consommateurs face à la hausse des prix de l’énergie, sa principale préoccupation était de “maintenir l’équilibre entre l’offre et la demande”.

A son tour, le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale des Emirats arabes unis a indiqué dans un communiqué que “les EAU, en tant que membre du groupe et partenaire de l’Arabie saoudite, confirment la nature technique de la décision et rejettent les déclarations qui poussent à sa politisation”.

L’avis des experts

“Il est injuste de dire qu’ils se rangent du côté de la Russie, ils se rangent du côté d’eux-mêmes”, selon Dina Esfandiary, conseillère principale à l’International Crisis Group pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

“En fin de compte, je pense que nous sommes juste dans cette nouvelle ère où les Arabes du Golfe décident pour eux-mêmes”, a ajouté l’analyste. “Bien que les États-Unis soient un important garant de la sécurité, ils (les pays du Moyen-Orient) ne font plus tout ce que les États-Unis leur demandent de faire.”

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