Tunisie : les leaders d’Ennahda arrêtés pour transfert de jeunes combattants vers des zones de conflit

Les Tunisiens sont toujours à la recherche du responsable qui a placé leur pays dans la liste des plus grands pays exportateurs de terroristes dans les années dites du « printemps arabe ». Malgré la distance et le temps, ce qui se passe en Syrie depuis 2011 résonne encore aujourd’hui à Tunis.

Ce dossier, entouré de mystère, a été ouvert ces jours-ci par la justice tunisienne, après avoir convoqué le chef du mouvement islamiste Ennahda, Rashid Ghannouchi, ainsi que le deuxième homme du mouvement et ancien ministre de l’Intérieur, Ali Arayedh, pour les interroger sur le transfert présumé de jeunes gens vers des zones de conflit.

La décision de la justice fait suite à l’affaire portée par la représentante Fatima Al-Masdi, qui l’a déposée devant la justice militaire en 2021, avant de la transférer à la justice civile car l’affaire inclut des personnes civiles. Fatima Al-Masdi a explicitement accusé le mouvement Ennahda de soutenir et de faciliter le déplacement des jeunes vers des foyers de tension.

Ce ne sont pas les premières accusations dirigées contre Ennahda au cours de la dernière décennie, car le mouvement fut l’un des partis au pouvoir après 2011, et il cadre d’une manière ou d’une autre avec l’extrémisme ambiant en Syrie et en Libye, qu’il a qualifié plus d’une fois de mouvement révolutionnaire.  

Cela s’ajoute au fait que le mouvement a été à la tête des affaires intérieures du pays pendant une période sensible. Ali Arayedh était responsable du ministère dans la période post-2011, et certains pensent qu’il est complice dans l’envoi de jeunes combattants au Moyen-Orient et estiment qu’il a été incapable de fournir les forces nécessaires pour sécuriser les frontières.  

Le parquet a délivré jeudi des mandats de dépôt à l’encontre de Fathi Baladi, auparavant affecté au ministère de l’Intérieur, Mehrez Zouari, l’ex directeur des services spéciaux au ministère de l’intérieur, et Saïf Eddine Rais, l’ancien porte-parole officiel d’Ansar Al-Charia, qui est classé comme organisation terroriste, selon les médias locaux.

Ils ont été précédés par Abdelkarim Al-Obeidi, le chef de la brigade de protection des aéronefs au ministère de l’Intérieur, qui a fait l’objet d’un mandat d’arrêt mercredi.

En outre, le parquet a décidé de reporter au 19 décembre l’audition du deuxième leader du mouvement Ennahda, Ali Arayedh, et au 28 novembre celle de Rachid Ghannouchi.

En parallèle, il a procédé à un complément d’enquête sur l’homme d’affaires Mohamed Frikha, sur la base de soupçons selon lesquels sa compagnie “Syphax Airlines” serait impliquée dans le transfert de jeunes tunisiens vers des zones de guerre.

Le suspect le plus important dans cette affaire est Ali Arayedh, étant directement responsable de la sécurité et du démantèlement des cellules de déportation de jeunes combattants.

Les organisations internationales ont demandé à plusieurs reprises à la Tunisie d’intensifier ses efforts pour démanteler ces cellules et contrôler l’exportation de sa jeunesse, mais Ennahda n’y est pas parvenu.

L’analyste politique Moundir Thabet a déclaré dans des communiqués de presse qu’en termes de statut hiérarchique « Ali Arayedh est considéré, avec son frère Amer Arayedh, comme l’un des piliers d’Ennahda, et l’un des leaders les plus efficaces et influents ».

Il a ajouté que, politiquement, il est considéré comme l’épine dorsale du mouvement et que certains voient en lui “le successeur légitime de Ghannouchi”.

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