Israël nomme sa première ambassadrice en Turquie depuis 2018

Le ministère israélien des Affaires étrangères a annoncé le 19 septembre la nomination de Irit Lillian, actuellement chargée d’affaires à l’ambassade d’Ankara, en tant que prochaine ambassadrice en Turquie, sous réserve de l’approbation officielle du gouvernement et de l’accord des autorités turques.

En attendant, Irit Lillian occupera le poste d’ambassadrice désignée. L’ancienne ambassadrice en Bulgarie dirige l’ambassade d’Israël à Ankara depuis février de l’année dernière. Durant cette période, elle a joué un rôle majeur dans le rapprochement Israélo-Turc. On lui attribue notamment une part importante de mérite dans la libération de deux touristes israéliens arrêtés à Istanbul en 2021.

Les relations bilatérales entre Israël et la Turquie se sont détériorées sous le président turc Recep Tayyip Erdogan, surtout depuis l’incident de la flottille Mavi Marmara en 2010, où neuf ressortissants turcs ont été abattus par les forces de sécurité israéliennes. À plusieurs reprises, Erdogan a mis l’accent sur sa position pro-palestinienne en fustigeant Israël, parfois avec une certaine tonalité antisémite. En 2018, sur fond d’un violent échange de violence dans la bande de Gaza entre les forces de sécurité israéliennes et les Palestiniens, les autorités turques ont ordonné le départ de l’ambassadeur d’Israël à Ankara. Israël a réagi en ordonnant au chargé d’affaires turc de quitter également le pays.

Après la signature par Israël des accords d’Abraham, normalisant les relations avec les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc, le président turc a commencé à envoyer des signes de sa volonté de rétablir les relations bilatérales. En 2021, la libération du couple Oknin après sa détention à Istanbul, a été perçue à Jérusalem comme la preuve des bonnes intentions d’Ankara.

Le processus de la réhabilitation des relations entre les deux Etats a atteint son apogée en mars dernier, lorsque le président israélien Isaac Herzog s’est rendu à Ankara, mettant officiellement un terme à un désaccord vieux de plusieurs décennies. Deux mois plus tard, le ministre turc des affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, est arrivé en Israël, dans le cadre de la première visite officielle turque à Jérusalem depuis de nombreuses années. En août, les deux pays ont annoncé leur intention de nommer des ambassadeurs respectifs. La Turquie n’a pas encore annoncé son choix.

Selon al-Monitor, le Premier ministre israélien Yair Lapid devrait rencontrer Erdogan ce soir, en marge de la réunion annuelle de l’Assemblée générale des Nations unies à New York. A six semaines seulement des élections générales en Israël, la rencontre attendue entre Erdogan et Lapid a fait plusieurs gros titres dans la presse israélienne. La nomination de ce dernier, qui s’est beaucoup impliqué dans le rapprochement, envoie un message fort du gouvernement israélien quant à son engagement dans le processus.

De son côté, le président turc continue d’envoyer des signaux de bonne foi à Israël. A l’occasion d’une rencontre à New York avec des dirigeants juifs américains, Erdogan a annoncé le 19 septembre qu’il envisageait de se rendre en Israël. Si ce voyage se concrétise, ce serait la première visite de ce type effectuée par Erdogan depuis son entrée en fonction.

Sur le plan économique, pendant les dix années où les relations diplomatiques ont été mauvaises, les liens économiques n’ont subi que d’infimes dommages. Le commerce bilatéral entre Israël et la Turquie n’a que partiellement baissé. Toutefois, les deux dernières années du processus de rapprochement donnent déjà des résultats positifs, avec une hausse significative des échanges commerciaux. Les données des autorités turques indiquent qu’au cours des sept premiers mois de cette année, le montant des échanges a atteint près de 4,2 milliards de dollars, contre 3,3 milliards de dollars pour la même période l’année dernière.

Jérusalem attend désormais qu’Ankara nomme son nouvel ambassadeur en Israël. Il y a également la question de la visite d’Erdogan. Les élections israéliennes étant prévues pour le 1er novembre, Erdogan devra décider s’il souhaite accélérer les choses en s’y rendant avant pour être sûr de rencontrer Lapid, ou attendre qu’un nouveau Premier ministre israélien soit élu.

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