Le représentant d’Ennahda arrêté dans l’attente d’une enquête sur un réseau de transport de djihadistes tunisiens

Le nombre des individus arrêtés en Tunisie dans l’attente d’enquêtes sur un réseau de djihadistes tunisiens ne fait qu’augmenter, exacerbant les tensions au passage. Ce dossier avait été soulevé à maintes reprises par l’opposition lorsque le mouvement islamique Ennahda dominait encore le gouvernement, mais depuis, il est resté en bas de la pile.

Aujourd’hui, la sécurité tunisienne a arrêté le leader et ancien député du mouvement Ennahda (à l’Assemblée constituante de transition), Habib Ellouze, dans l’attente d’une enquête sur son implication dans des réseaux de ” déplacement vers des foyers de tension et de terrorisme” à l’extérieur du pays, selon les médias locaux.

Après la révolution de janvier 2011, Ellouze a été accusé d’incitation à la violence dans des déclarations ayant spécifiquement ciblé l’opposition et le politicien de gauche Chokri Belaid, qui a été tué plus tard en 2013. Ce fut le premier assassinat politique post-révolution.

Les politiciens tunisiens considèrent Habib Ellouze comme l’un des religieux les plus extrémistes du pays, et le représentant de l’aile belliqueuse du mouvement Ennahda dont il a été l’un des fondateurs lorsqu’on l’appelait le « Courant islamique ». À plusieurs reprises, le Mouvement a décliné toute responsabilité dans les déclarations incendiaires qui lui sont attribuées.

Les médias ont précisé que l’Unité nationale d’investigation sur les crimes terroristes a arrêté Ellouze, membre du Conseil de la Choura du mouvement Ennahda, dans sa ville natale de Sfax, « dans l’attente des enquêtes liées à des soupçons d’implication dans des réseaux d’expatriation de Tunisiens vers des foyers de tension (zones de propagation de l’Etat islamique) à l’extérieur de la Tunisie. ».

Citant des sources se disant proches du dossier, la radio tunisienne privée Mosaïque, a déclaré de son côté que « le Parquet du Pôle judiciaire antiterroriste a décidé d’ouvrir une enquête pénale contre 126 personnes soupçonnées d’être impliquées dans des réseaux transportant des Tunisiens vers des foyers de tension et de terrorisme à l’extérieur du pays.

« Le ministère public a donné son accord à l’autorité chargée de la sécurité pour mener les recherches judiciaires nécessaires contre les politiciens, les anciens et actuels (hauts) responsables de la sécurité, les imams, les avocats, les personnes ayant assumé des responsabilités dans des associations caritatives, ainsi que quelques hommes d’affaires », a ajouté la station.

Selon les médias locaux, les arrestations ont visé des responsables de la sécurité, dont Fathi al-Baladi, Abdel Karim al-Obeidi et Fathi Boussaida, ainsi que l’homme d’affaires Mohamed Farikha, ex-propriétaire d’une compagnie aérienne privée, l’ancien parlementaire Rhida al-Jawadi et le Cheikh Al-Bashir Belhassan. Les interrogatoires des personnes interpellées sont toujours en cours.

Mosaïque a également rapporté que “le Parquet du Pôle Judiciaire Anti-Terrorisme a autorisé les agents de l’Unité Centrale Anti-Terrorisme de Bouchoucha à maintenir l’ancien Directeur Général des Frontières et des Etrangers, mis à la retraite d’office, Lotfi al-Saghir, dans l’attente d’enquêtes basées sur les mêmes soupçons.

Le chef du mouvement Ennahda, Imad Khamiri, a déclaré à Radio Med qu’il s’agit d’un “façonnage d’accusations malveillantes et de campagnes médiatiques contre le mouvement Ennahda”. Il a qualifié les derniers évènements de “tentative renouvelée” de la part d’une « autorité putschiste », en référence au président tunisien Kais Saied, qui a destitué l’ancien régime par des mesures exceptionnelles le 25 juillet 2021, dans le but de « détourner l’opinion publique des questions brûlantes du peuple tunisien comme le manque de produits de base et la hausse des prix », estime Khamiri.

La Tunisie fait face à une importante baisse du pouvoir d’achat et à une pénurie de denrées alimentaires de base, provoquées, selon l’opinion de sources officielles tunisiennes, par des lobbies politiques et économiques pour créer le chaos, et en partie, à cause de la crise mondiale déclenchées par l’invasion russe de l’Ukraine.

On s’attend à ce que la liste des personnes interpellées s’allonge à mesure que les enquêtes avancent.

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