Téhéran prêt à conclure un “accord urgent” d’échange de prisonniers avec Washington

Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanaani, a déclaré aujourd’hui que l’Iran était prêt à échanger des prisonniers avec les États-Unis. Il a appelé l’administration du président américain Joe Biden à « bouger » pour y parvenir, « au lieu de donner des représentations théâtrales. »

« Nous attendons des États-Unis qu’ils libèrent sans aucune condition les citoyens iraniens détenus (pour leur rôle dans le contournement des sanctions américaines) », a ajouté Kanaani. “Nous ne reconnaissons pas la double nationalité en Iran, et nous les considérons comme des citoyens iraniens.”

Les agences de presse iraniennes ont précisé que les déclarations du porte-parole venaient en réponse à celles du secrétaire d’État américain, Anthony Blinken. L’agence de presse étatique Mehr a cité Kanaani affirmant que son pays « a annoncé à plusieurs reprises et par divers canaux, qu’il était prêt à traiter la question des prisonniers du côté américain, indépendamment de l’accord nucléaire ».

Kanaani s’est dit surpris que la partie américaine « ne fasse que de la propagande contre la République islamique d’Iran au lieu de travailler et de supprimer les obstacles ».  

En réponse à une question de l’agence nationale ISNA concernant les intentions de l’Iran de se diriger vers un accord d’échange avec les États-Unis, Mahmoud Abbas Zadeh Mishkini, un membre de la commission de la sécurité nationale et de la politique étrangère du Parlement, a estimé que l’échange de prisonniers entre l’Iran et les États-Unis est « tout à fait normal et non exclu », notant que l’Iran « a échangé des messages (sur la question des prisonniers) en marge des négociations indirectes avec les États-Unis ».

« Je ne sais pas précisément s’il existe un accord d’échange entre l’Iran et l’Amérique ou le nombre de prisonniers qui doivent être libérés, mais l’échange de prisonniers entre les deux pays est une chose normale dans les relations internationales », a déclaré le député.

Téhéran demande la libération de plus d’une douzaine d’Iraniens détenus aux États-Unis ; Parmi eux, 7 ont la nationalité iranienne et américaine, deux sont des Iraniens avec une résidence permanente aux États-Unis, et 4 vivent en situation irrégulière aux États-Unis.

Hier, le secrétaire d’Etat américain Anthony Blinken a rappelé sur Twitter que Siamak Namazi avait désormais passé « injustement » 2 500 jours en détention en Iran, et que Washington était déterminé à garantir la liberté de tous les Américains détenus par son ennemi du Moyen-Orient.

En juillet, Siamak Namazi, 50 ans, arrêté en 2015, a lancé un appel à l’aide dans un article publié dans le New York Times intitulé : « Je suis Américain… Pourquoi me laisse-t-on pourrir comme otage de l’Iran ».

En réponse à l’appel de Namazi, l’envoyé spécial américain en Iran, Robert Malley, a assuré que les Américains travaillaient également sur une voie parallèle pour obtenir la libération des Américains détenus en Iran. « Indépendamment des questions liées aux pourparlers nucléaires, nous espérons pouvoir résoudre ce problème », a déclaré Malley.

Hormis Siamak, les Gardiens iraniens de la révolution détiennent également le père de ce dernier, Baqer Namazi (85 ans), l’homme d’affaires Imad Sharqi (57 ans), ainsi que l’écologiste anglo-américain Morad Tahbaz, que l’Iran a provisoirement libéré sous caution après une médiation omanaise ce mois-ci.

Les gardiens de la révolution ont arrêté des dizaines de binationaux et d’étrangers ces dernières années, la plupart sur la base d’accusations d’espionnage. Des militants des droits de l’homme ont accusé l’Iran d’arrêter des binationaux et des étrangers afin de faire pression sur d’autres gouvernements pour qu’ils fassent des concessions.

Après une série d’arrestations médiatisées, le président américain Joe Biden a ouvert la voie le mois dernier à des sanctions contre les gouvernements qui emprisonnent injustement des Américains et a émis des consignes de voyage détaillées.

L’annonce de Téhéran concernant un éventuel accord intervient au moment où l’Union européenne et les États-Unis étudient la réponse iranienne à la proposition de l’UE, qu’elle a qualifiée de “définitive”, pour sauver l’accord nucléaire de 2015. L’administration Biden a souligné que l’accord sur le programme nucléaire ne peut être relancé sans la libération des Américains emprisonnés.

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