Téhéran attribue l’agression de l’écrivain Salman Rushdie à un complot contre le régime iranien

Le conseiller de la délégation iranienne aux négociations nucléaires, Mohammad Marandi, a exprimé sur Twitter sa surprise face à la coïncidence de l’agression contre Salman Rushdie, écrivain américano-britannique d’origine indienne, qui survient au moment de la relance imminente de l’accord nucléaire de 2015, avec la tentative de Washington de déjouer un plan iranien visant à éliminer l’ancien conseiller national à la sécurité, John Bolton.

“Je ne pleurerai pas un écrivain qui répand une haine et un mépris sans limite pour les musulmans et l’islam”, a-t-il écrit dans son message, qui est considéré comme la première déclaration officielle de l’Iran après l’incident.

Au sujet de Salman Rushdie, il a ajouté : “Le pion d’un empire qui se fait passer pour un romancier postcolonial. Mais n’est-il pas étrange qu’à mesure que nous nous rapprochons d’un accord nucléaire potentiel, les États-Unis fassent des déclarations sur un complot contre Bolton… et ensuite ça ?”

Vendredi, Salman Rushdie a reçu entre 10 et 15 coups de poing et de couteau au cou et au visage. L’agresseur est un jeune homme de 24 ans d’origine indienne et de confession musulmane, résidant dans le New Jersey.

Le guide suprême iranien, l’ayatollah Khomeiny, avait lancé une fatwa contre l’écrivain Salman Rushdie en février 1989, après la publication d’un roman l’année précédente, intitulé “Les versets sataniques”. Ce livre a été perçu par certains musulmans comme une grave offense au prophète Mahomet et à l’islam.

Dans les années 1980, Salman Rushdie, 75 ans, a reçu des menaces de mort de la part de l’Iran et a été traqué pendant plus de 30 ans, au cours desquels il a fait profil bas jusqu’à une récente réapparition publique.  

Mohammad Marandi a joint à son tweet des photos de l’écrivain, de l’ancien conseiller américain à la sécurité nationale John Bolton et de l’ancien secrétaire d’État américain Mike Pompeo.

“L’allégation selon laquelle John Bolton est visé par un complot d’assassinat et l’agression contre l’écrivain mécréant Salman Rushdie à l’aube d’un éventuel accord dans les négociations de Vienne, est un fait surprenant “, a rapporté l’agence de presse IRNA citant Marandi.

Mercredi, le ministère américain de la Justice a accusé un membre des Gardiens iraniens de la révolution d’avoir comploté dans le but de tuer Bolton, “apparemment en représailles au meurtre du général Qassem Soleimani”.

Téhéran a condamné l’accusation et l’a qualifiée de “ridicule”.

Les discussions autour de la relance de l’accord nucléaire de 2015, dont les États-Unis se sont unilatéralement retirés en 2018, ont repris la semaine dernière à Vienne.

Washington a récemment exprimé sa volonté de conclure un accord nucléaire avec l’Iran sur la base de propositions européennes.

Téhéran a déclaré qu’il étudierait le texte final de l’accord qui a été élaboré et ferait des “propositions supplémentaires”.

Les détracteurs de la politique du président américain Joe Biden estiment que révéler l’implication présumée de Téhéran dans une tentative d’assassinat visant John Bolton et l’agression au couteau contre Salman Rushdie à ce moment particulier, ne servent pas les efforts pour relancer l’accord sur le programme nucléaire iranien.

Selon les analystes, Téhéran est conscient que l’Occident, en particulier l’Europe, a besoin de son pétrole et de son gaz en raison de la crise énergétique mondiale déclenchée par de la guerre russo-ukrainienne.

L’Iran se retrouve de ce fait dans une situation de négociation relativement confortable, malgré son besoin évident de faire lever les sanctions, notamment avec l’aggravation de la crise économique iranienne qui a généré des tensions sociales explosives.

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