Moqtada al-Sadr ouvre la voie d’un “coup d’Etat” en Irak

Avec la deuxième prise d’assaut de la zone verte en 72 heures, le chef du mouvement sadriste, Moqtada al-Sadr, entend contrôler une phase de transition qui mettrait fin à l’équation politique existante. Cependant, cela pourrait accélérer la confrontation sur le terrain en raison de l’opposition attendue du Cadre de coordination.

Aujourd’hui, samedi, des centaines de partisans d’al-Sadr ont pris d’assaut la zone verte et le bâtiment du parlement après avoir retiré les barrières qui l’encerclent, accompagnés de dirigeants politiques du mouvement sadriste. Selon les proches du bureau d’al-Sadr, cet assaut pourrait durer longtemps.

Certains manifestants se sont rendus au siège du Conseil judiciaire irakien pour l’assiéger, ce qui représente l’un des objectifs d’al-Sadr pour pouvoir contrôler la phase de transition. Il est désormais évident qu’Al-Sadr tient le chef du pouvoir judiciaire pour responsable de l’obstruction à la formation d’un gouvernement majoritaire en activant le tiers de blocage et en émettant une série de fatwas pour limiter les pouvoirs du gouvernement d’Al-Kadhimi.

Les proches d’al-Sadr affirment que « la dissolution du Conseil de la magistrature est une exigence fondamentale », et que cette escalade ouvre la porte à une transformation du mouvement de protestation en « coup d’État » pour prendre le contrôle du régime et lui imposer des changements radicaux.

On ne s’attend pas à ce que l’insurrection des sadristes s’arrête avant que le chef du mouvement n’atteigne ses objectifs fondamentaux, soit « arrêter le travail sur la constitution irakienne, former un gouvernement qui exclut les éléments qu’al-Sadr qualifie de corrompus, et renverser le chef du Conseil judiciaire, Faiq Zaidan ». Au cours des deux derniers jours, les sadristes ont été très explicites sur leurs intentions.

La voie qu’al-Sadr s’efforce d’établir semble audacieuse et aventureuse, étant donné la nature du système irakien qui repose sur un réseau complexe d’intérêts croisés. Réussir à le surmonter serait un coup d’État qui redessinerait une nouvelle carte chiite monopolisée par al-Sadr.

En ce moment particulier, la trajectoire d’Al-Sadr sera soutenue par des acteurs politiques et populaires qui n’ont trouvé de solution à la crise politique depuis les élections de novembre dernier qu’en épousant la méthode sadriste, mais le succès de ce processus dépend de la réaction du Cadre de coordination et des factions armées fidèles à l’Iran.

Sur le plan politique, il semble que le Cadre de coordination soit totalement incapable de former un gouvernement qui puisse résister à al-Sadr.

Cette incapacité peut conduire le Cadre de coordination à laisser les choses entre les mains des chefs de factions qui s’engageront dans une confrontation directe avec Al-Sadr. S’il se concrétise, ce scénario écrira un long chapitre sur le conflit chiite, et pour une durée indéterminée.

Une partie du Cadre de coordination est favorable à l’escalade contre al-Sadr, quitte à prendre les armes contre lui, car les chefs des factions voient que ses initiatives visent leur projet de maximiser leur influence financière et militaire en Irak. Toutefois, une telle décision ne sera prise par aucun des alliés de l’Iran sans son approbation.

En ce moment critique, l’Iran peut jouer un rôle clé s’il souhaite réellement soutenir ses alliés en déclarant la confrontation avec al-Sadr et en mettant en place un front dans le centre et le sud de l’Irak. Mais il est clair que l’entrée des partisans d’al-Sadr dans la zone verte et le bâtiment du parlement reflète une extrême prudence contre le déclenchement d’une telle confrontation.

En conclusion, al-Sadr tente d’exploiter l’état d’épuisement du Cadre de coordination pour lui imposer une nouvelle réalité, et s’il continue à tenir la rue et à étouffer les institutions législatives et judiciaires, ce coup d’État sera mené en réalisant des changements drastiques au sein du régime.

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