La fortune nette de Nancy Pelosi : Comment les politiciens peuvent-ils gagner autant d’argent ?

Le salaire minimum d’un membre du Congrès est de 174 000 $ par an. Maintenant, cela peut sembler beaucoup d’argent, peut-être même un montant capable de changer une vie. Après tout, l’Américain moyen gagne environ trois fois moins, mais en réalité, ce chiffre représente très peu pour beaucoup de nos politiciens. Ce chèque à six chiffres est assez insignifiant quand on le compare à la richesse de quelqu’un comme Nancy Pelosi, dont la fortune nette est supérieure à 115 millions de dollars. A titre de référence, cette somme d’argent ridicule la place dans le top 0,1% des Américains et fait d’elle l’une des politiciennes les plus riches de ce pays. Si elle avait gagné tout cet argent grâce à son seul salaire, en ne dépensant jamais un centime et se contentant d’encaisser son actuel salaire de 239 000 $ de conférencière de la Haute Maison, il aurait fallu qu’elle travaille durant plus de 500 ans pour y arriver.

Malgré ce que racontent sur Facebook certaines publications très convaincantes, Pelosi n’est pas un vampire. D’où provient tout cet argent ? Comment nos politiciens gagnent-ils leur argent ? Il s’avère que le cas de Nancy n’est pas si exceptionnel. De nombreux membres du Congrès voient leur richesse augmenter de milliers de points de pourcentage après avoir été élus, et la plupart de nos législateurs fédéraux sont des millionnaires à part entière. A titre d’exemple, et je n’arrive pas à croire que j’ai besoin de dire ça : La plupart des Américains ne sont pas millionnaires. Alors, d’où vient tout cet argent ? Restons sur Pelosi un instant. Il y a plusieurs façons dont elle et d’autres politiciens gagnent leur argent, mais la première dont nous devons évidemment parler, est l’investissement.

Net Worth$135 Million
Assets$80 Million
Liabilities & Loans$6 Million
Investments$25 Million
Speaker Salary$239,000
Business Income$9 Million
Donations & Gifts$4 Million
La valeur nette de la fortune de Nancy Pelosi

En utilisant les archives publiques de Nancy, les chercheurs d’Opensecrets ont découvert qu’en 2018, elle avait investi 46,5 millions de dollars dans l’immobilier, 15,8 millions de dollars dans l’industrie électronique et la somme stupéfiante de 15 millions rien que dans Apple. Certes, cela ne nous dit pas d’où vient cet argent de poche. Nous y reviendrons plus tard, mais cette information demeure toujours très importante. C’est parce qu’il s’avère que Nancy Pelosi est un génie de l’investissement. Investir, et le faire de façon formidable, a été l’un des principaux moyens grâce auxquels elle et son mari, Paul, ont multiplié leur fortune au cours de son mandat en tant que politicienne. Entre 2020 et 2021, les Pelosi ont échangé plus de 50 millions de dollars d’actifs pour un rendement annualisé de 69 %. Plutôt sympathique. Maintenant, ce nombre ne signifie rien pour moi à part une évidence. J’ai donc cherché sur Google et, en effet, cela représente environ 6 à 7 fois le rendement moyen du marché boursier. Par conséquent, cela fait d’elle un meilleur investisseur que Warren Buffett, George Soros et Kathy Wood, dont le métier est uniquement d’investir, et qui ne passent pas de temps à occuper un poste d’élu ou autre.

Le fait est que ces retours sur investissement sont incroyablement lucratifs. Alors que des millions d’Américains sont tombés dans la pauvreté en raison de la pandémie du COVID-19, la richesse de Pelosi a augmenté de 16,7 millions de dollars, alors bien sûr, lorsqu’un journaliste lui a demandé si on devrait interdire aux membres du Congrès et à leurs conjoints de négocier des actions individuelles tout en siégeant au Congrès, elle a dit non. Elle a dit non ! OK, Pelosi est, entre guillemets, une investisseuse incroyablement talentueuse, et il serait tentant de la distinguer, mais rien de tout cela n’est tellement inhabituel. Il s’avère qu’au Congrès, les gens ont toujours été étonnamment bons dans le domaine de l’investissement. Vous vous souvenez peut-être de ces quatre individus au début de la pandémie. L’un d’eux a écrit cet article où il affirme que l’UE est mieux préparée à faire face aux menaces émergentes pour la santé publique. Mais alors, une semaine plus tard, il a fait ceci : “Le sénateur a vendu jusqu’à 1,7 million de dollars d’actions après avoir rassuré le public sur la préparation au coronavirus ». La transaction du président du renseignement Richard Burr est survenue alors qu’il recevait quotidiennement des informations sur les menaces qui pèsent sur la santé.” Lien vers l’article : https://www.propublica.org/article/senator-dumped-up-to-1-7-million-of-stock-after-reassuring-public-about-coronavirus-preparedness

Bizarre ?! Eh bien pas vraiment. Avant que le reste d’entre nous ne sache à quel point le COVID tournerait mal, mais après des briefings internes du CDC et de Fauci sur la gravité de la pandémie à venir, ces quatre sénateurs (RICHARD BURR, KELLY LOEFFLER, DIANNE FEINSTEIN, JAMES INHOFE) se sont délestés d’un tas d’argent qu’ils détenaient en bourse, juste au moment où elle était sur le point de s’effondrer. Ils ont tous gagné des centaines de milliers de dollars, vraisemblablement en mettant à profit des informations non divulguées au public.

Maintenant, peut-être qu’ils sont juste d’excellents investisseurs. Le DOJ semble de toute évidence le croire puisque toutes les enquêtes sur ce qu’ils ont fait ont été clôturées depuis. Cela semble raisonnable. Là encore, je tiens à préciser que ce que ces sénateurs ont fait n’a rien de particulier. J’ai commencé par des personnes avec des noms et des visages, mais l’importance de cette tendance va au-delà des quatre sénateurs, et les gens du Congrès de Pelosi ont toujours été étrangement doués pour l’investissement. Une enquête de cinq mois du Business Insider a révélé qu’au moins 49 membres du Congrès et 182 membres du personnel de haut niveau du Congrès se livraient à des délits d’initiés. Les multiples et successifs rapports académiques qui se sont penchés sur les rendements des actions sénatoriales ont continuellement constaté que, dans l’ensemble, les sénateurs sont tout simplement très doués pour battre fréquemment le marché. De plusieurs pourcents. Pourquoi ? Eh bien, si vous regardez un rapport de 2017 de Public Citizen sur les sénateurs et le marché des actions, vous constaterez que de nombreux sénateurs négocient souvent des actions dans des entreprises qu’ils supervisent dans le cadre de leurs fonctions officielles. Je ne suis pas un expert, mais cela pourrait représenter un problème. Cependant, qu’est-ce que j’en sais ? Je devrais juste écouter des gens comme Pelosi, qui savent toujours quoi dire et qui détiennent les meilleures justifications pour expliquer pourquoi ce n’est pas un problème. Ce sont des arguments vraiment hermétiques car “il s’agit d’un marché libre“. D’accord, c’est logique. Remerciez tous Madame Pelosi pour cette précieuse leçon d’économie. Mais bon, et si les investissements et les abus d’information ne pouvaient rien expliquer de l’étonnante richesse de nos politiciens ?

L’autre bonne direction vers laquelle regarder est celle du lobbying. Le lobbying est une industrie très, très bien financée. En 2021, 3.7 milliards de dollars ont été dépensés uniquement dans le lobbying fédéral. Comme vous pouvez le voir sur cette liste, les principaux dépensiers sont presque exclusivement les entreprises, les grandes industries et les sociétés qui les représentent. Vous pouvez mettre cette information sur un graphique, et il vous apparait que les intérêts spéciaux du travail et des citoyens ne représentent presque rien. Si le lobbying était un sac de Chex Mix, vous obtiendriez un bon jeton pour 50 poignées de bretzels. Mais le truc avec le lobbying, c’est que ça ne fonctionne pas comme un dessous-de-table direct. Il y a beaucoup d’argent dans le lobbying, mais dans l’ensemble, les sommes effectivement dépensées représentent très peu pour les politiciens. Bien que je sois capable de vous affirmer que Nancy Pelosi a reçu 180 000 dollars de la part de lobbyistes officiels, elle ne perçoit pas vraiment cet argent pour elle-même. Cet argent sert principalement au financement de sa campagne. Puis, il y a toutes sortes de montants qui ne figurent pas sur cette liste et qui servent à des choses telles que des dîners extravagants.

En tout cas, ce n’est pas de là que viennent les millions de dollars du compte bancaire de Pelosi. Le lobbying met de l’argent entre les mains des politiciens d’une manière beaucoup plus indirecte, soutenue par une relation mutuellement bénéfique à gagner. Etant donné que la roue tourne sur cette relation, les lobbies se rapprocheront des politiciens en utilisant une entreprise comme richesse pour établir des liens qui peuvent se traduire par une législation favorable ou des subventions directes. Principalement, ils paieront pour s’asseoir à la même table dans un bon restaurant, ou pour passer une heure dans le bureau qu’il faut. Pourquoi ? Eh bien, une étude estime que chaque dollar dépensé en lobbying rapporte en moyenne 760 $. Si ce chiffre vous semble un peu élevé, et il doit très probablement l’être quel que soit le montant réel, il sera toujours supérieur à ce qui a été investi. Les entreprises ne feraient pas de lobbying si cela ne les servait pas.

Mais il s’agit là de seulement ce que les entreprises obtiennent du lobbying. Qu’en est-il des politiciens ? Eh bien, pour les politiciens, les avantages du lobbying se répartissent entre les avantages à long terme et ceux à court terme. À long terme, les politiciens sont conscients que les 2/3 d’entre eux quitteront la politique pour entrer dans l’industrie du lobbying une fois que les années passées au gouvernement auront fait d’eux des atouts très précieux pour les lobbyistes, et arriveront donc avec un joli gros sac d’argent avec le symbole du dollar inscrit dessus. Cela signifie que les politiciens passent des années au pouvoir à graisser la porte tournante qui leur permettra de quitter le gouvernement avec des emplois lucratifs dans les industries qu’ils ont fréquentées durant leur mandat. Mais ceci concerne le long terme. À court terme, se rapprocher des lobbyistes peut s’accompagner d’autres avantages plus immédiats. Par exemple, en 2008, lorsque que Visa a apporté quelques petites contributions à la campagne de Pelosi, son mari Paul a obtenu un accès privilégié à une introduction en bourse de Visa (offre publique initiale), grâce à laquelle il a pu investir une grosse somme d’argent avant que le cours des actions ne grimpe, et tout ce que Nancy avait à faire était de bloquer le passage d’une loi qui réduirait les bénéfices de Visa. Chose qu’elle a faite.

Mais très bien, continuons et supposons que l’investissement et le lobbying ne représentent absolument rien pour le portefeuille de ces gens. La réalité est que beaucoup de nos politiciens sont tout simplement extraordinairement riches dès le départ. Alors que de nombreux politiciens utilisent leur bureau comme un ascenseur vers les sphères supérieures, beaucoup d’autres arrivent complètement formés, ne se servant du gouvernement que pour amplifier leur richesse déjà impressionnante. C’est le cas de Pelosi, dont les finances communes reposent sur la société de capital-risque que Paul a fondée, probablement la société qui porte le nom le moins global dans le monde des sociétés de crédit-bail.

Je sais que je me suis beaucoup concentré sur les Pelosi dans ce rapport, mais cela s’applique à, disons, la moitié de nos politiciens. Et il y a une raison à cela. Être riche ouvre un corridor vers la vie politique, ce qui n’est pas le cas pour un Américain moyen. Être riche signifie que vous n’avez pas à vous soucier de garder un emploi à temps plein pendant que vous dirigez, ou à vous assurer que vous avez de la nourriture sur la table et un toit au-dessus de votre tête. C’est énorme, mais ce n’est pas de là que proviennent les plus grands avantages. La principale raison pour laquelle il est si aisé pour les riches de prendre le contrôle en politique vient du fait que leurs motivations s’alignent sur celles des partis bien établis. Les partis politiques sont incités à promouvoir des candidats plus riches et à les soutenir davantage, car la richesse engendre la richesse. Les candidats riches arrivent avec des contacts riches qui peuvent servir pour collecter des fonds et financer des campagnes toujours plus onéreuses. Les candidats riches ont beaucoup d’amis qui bénéficieraient tous de leur victoire et qui seraient donc prêts à collecter des fonds que les partis pourraient utiliser pour battre leurs adversaires. Aussi, les candidats fortunés ne représentent pas une menace pour ce modèle, comme ça peut être le cas des représentants moins riches et plus ordinaires. Si la seule façon de faire élire des gens au pouvoir est de recevoir des chèques généreux des riches, et c’est vraiment la seule façon fiable d’y arriver, alors un candidat qui s’oppose à des fortunes de ce genre menacerait toute la stratégie électorale de votre parti. Les riches ne veulent pas financer un parti qui leur retirerait leur position dominante dans la société.

Des gens qui ne nous ressemblent pas, qui ne mènent pas la même existence, qui n’ont pas les mêmes conditions de vie, entrent beaucoup plus souvent en politique, simplement parce que c’est plus facile pour eux que pour un vrai représentant des citoyens d’un pays, C’est pour cela que la plupart des membres du Congrès sont millionnaires, et que la plupart des Américains ne le sont pas. Et le truc, c’est qu’il y a de véritables conséquences. Nos politiciens sont dramatiquement influencés par toutes ces différentes relations avec la classe capitaliste, que ce soit à cause de leur nombre disproportionné de sièges autour de la table, une utilisation efficace du lobbying, ou le fait qu’il soit dans le meilleur intérêt des politiciens investis dans le marché boursier de répondre aux capitaux.

Ces gens ne sont pas comme vous. Ils ne vous représentent pas et n’agissent pas dans votre intérêt. Cela ne signifie pas qu’aucune loi n’est adoptée pour protéger ceux qui travaillent pour gagner leur vie. Ces lois ne sont tout simplement pas la priorité. Elles sont sciemment retardées, réduites au strict minimum et rédigées avec soin pour ne sacrifier que l’intérêt à court terme du capital, contre la survie à long terme de l’économie capitaliste. Ce qui compte, ce ne sont pas les batailles individuelles, mais que le résultat global ne menace pas la rentabilité.

L’équilibre du pouvoir est de leur côté. Arracher ce pouvoir et le remettre entre les mains du peuple est la priorité absolue.

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