Afghanistan : « Obéissance complète aux dirigeants ou décapitation ! »

“L’obéissance aux dirigeants” est le principe majeur du système islamique afghan, a déclaré aujourd’hui un responsable du mouvement taliban lors d’une assemblée qui réunit à Kaboul des milliers d’érudits religieux et d’anciens tribaux venus de tout l’Afghanistan pour légiférer le régime fondamentaliste taliban.

Les autorités n’ont publié que de brefs détails sur le rassemblement, convoqué par les talibans et réservé aux hommes.

Elles ont décrit la réunion comme une “jirga”, un conseil consultatif et une vieille tradition de notables en Afghanistan travaillant à régler les désaccords par consensus.

Les médias n’ont pas été autorisés à assister au conseil, mais certains discours ont été diffusés à la radio officielle. La plupart d’entre eux ont appelé à l’unité derrière le régime fondamentaliste.

“L’obéissance est le principe le plus important du système”, a déclaré dans son discours d’ouverture Habibullah Haqqani, qui dirige le rassemblement sur le campus de l’Université polytechnique de Kaboul. “Nous devons obéir à nos dirigeants dans tous les domaines, honnêtement et sincèrement, nous devons obéir de la bonne manière”, a ajouté Haqqani.

Cet événement a lieu une semaine après le violent tremblement de terre qui a frappé le sud-est du pays, tuant plus de 1 000 personnes et déplaçant des dizaines de milliers d’autres.

Par ailleurs, les États-Unis et les talibans tiennent des pourparlers ce jeudi au Qatar dans le but de libérer une partie des réserves gelées de l’Afghanistan, ont indiqué des responsables, tandis que Washington cherche des moyens de s’assurer que l’argent est utilisé pour venir en aide à la population sinistrée.

Même avant le tremblement de terre, les talibans avaient du mal à passer d’une force insurgée qui s’est battue pendant vingt ans contre l’armée américaine qui a quitté le pays fin août 2021, à un gouvernement civil.

Depuis que le mouvement a repris le pouvoir il y a près d’un an, l’Afghanistan est plongé dans une grave crise économique et humanitaire, après que la communauté internationale a suspendu l’aide financière qui soutenait le pays depuis deux décennies.

Une source talibane a déclaré à l’AFP que les participants au conseil seront autorisés à critiquer l’autorité en place et que des questions épineuses comme l’éducation des filles, qui fait l’objet de discussions au sein du mouvement, seront également à l’ordre du jour de la jirga de trois jours.

Les femmes ne sont pas autorisées à y participer. Le vice-Premier ministre Abdel Salam Hanafi a déclaré mercredi dans une interview à la chaîne de télévision publique “RTA” que leur présence n’était pas nécessaire car elles sont représentées par des proches masculins.

“Les femmes sont nos mères et nos sœurs. Nous les respectons beaucoup”, a-t-il déclaré. Et “quand leurs enfants sont dans le rassemblement, cela veut dire qu’elles participent aussi”.

Les talibans affirment qu’ils bénéficient du soutien d’une grande majorité de la population, mais le Mouvement est revenu à une application stricte de la charia comme il l’avait fait lors de sa première prise de pouvoir entre 1996 et 2001, conduisant à une restriction importante des droits des femmes.

Les talibans ont exclu les femmes des emplois publics, restreint leur droit de déplacement, interdit l’accès des filles à l’école secondaire et exigé des femmes qu’elles portent le voile intégral à chaque sortie.

Du haut de l’estrade de l’assemblée, un imam influent a déclaré que quiconque tenterait de renverser le régime serait décapité.

“Ce drapeau taliban n’a pas été hissé facilement et il ne sera pas abaissé facilement”, a déclaré Mujibur Rahman Ansari, imam de la mosquée Ghazargah à Herat.

“Tous les érudits religieux en Afghanistan doivent accepter de décapiter et d’éliminer quiconque commet un acte contre notre gouvernement islamique”, a-t-il insisté.

Il est prévu que des villes, des groupes religieux et d’autres organisations envoient également des représentants, portant le nombre des participants à ce conseil à plus de 3000 personnes. Il s’agit du plus grand rassemblement de personnalités influentes depuis le retour des talibans au pouvoir.

Les médias afghans spéculent sur la possible présence du chef suprême des talibans, Hebatullah Akhundzadeh, qui n’a pas été photographié publiquement depuis son arrivée au pouvoir.

Seuls les enregistrements audio d’Akhundzadeh, qui vit dans une région reculée de Kandahar, ont été rendus publics, mais sans aucune vérification indépendante de leur authenticité.

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