OTAN : La Turquie demande l’extradition des militants kurdes de Finlande et de Suède

La Turquie a annoncé mercredi son intention de demander l’extradition de Suède et de Finlande de 33 militants kurdes suspectés de complot de coup d’État, dans le cadre d’un accord destiné à obtenir l’approbation d’Ankara aux candidatures des pays nordiques pour adhérer à l’Otan.

Le président turc Erdogan a mis fin à des semaines de résistance contre les ambitions des deux pays à rejoindre l’Otan à l’occasion de pourparlers tendus tenus à la veille d’un sommet de l’alliance axé sur l’invasion de l’Ukraine par larmée russe.

Erdogan a quitté la réunion en affichant sa victoire après avoir obtenu un accord en 10 points, en vertu duquel les deux pays se sont engagés à rejoindre la lutte de la Turquie contre les militants kurdes et à extrader rapidement les suspects.

La Turquie a immédiatement mis l’accord à l’épreuve en annonçant qu’elle demanderait l’extradition de 12 suspects de Finlande et de 21 de Suède.

“Nous demanderons l’extradition des terroristes des pays concernés dans le cadre du nouvel accord”, a déclaré le ministre de la Justice Bekir Bozdag dans un communiqué. “Nous leur demandons de tenir leurs promesses.”

Les suspects ont été identifiés comme étant des membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) interdit en Turquie, et d’un groupe dirigé par un prédicateur musulman basé aux États-Unis qu’Erdogan accuse d’avoir contribué à la tentative de coup d’État ratée de 2016.

L’Union européenne et Washington reconnaissent tous deux le PKK comme une organisation “terroriste” en raison des stratégies brutales que le parti a employées pendant une insurrection de plusieurs décennies contre l’État turc.

L’accord stipule également que la Suède et la Finlande s’engagent à “ne pas fournir de soutien” aux YPG (Unités de protection du peuple), une branche du PKK en Syrie qui a joué un rôle déterminant au sein de l’alliance dirigée par les États-Unis contre le groupe État islamique.

La Suède et la Finlande ont mis un terme à des décennies de non-alignement militaire en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, et ont été officiellement invitées à rejoindre l’alliance lors du sommet de mercredi à Madrid.

Leurs candidatures semblaient se diriger vers une approbation rapide jusqu’à l’intervention d’Erdogan.

Le président turc a accusé la Finlande et en particulier la Suède de fournir un refuge aux combattants kurdes et de financer le terrorisme.

Erdogan voulait également que les deux pays lèvent les embargos sur les livraisons d’armes qu’ils ont imposés en réponse à l’incursion militaire de la Turquie en Syrie en 2019.

Le mémorandum semble répondre à de nombreuses préoccupations d’Erdogan.

Il indique que la Finlande et la Suède s’engagent à “traiter rapidement et de manière approfondie les demandes d’expulsion ou d’extradition (…) de personnes soupçonnées de terrorisme”.

“La Finlande et la Suède confirment que le PKK est une organisation terroriste interdite”, indique l’accord.

“La Finlande et la Suède s’engagent à empêcher les activités du PKK et de toutes les autres organisations terroristes et leurs extensions, ainsi que les activités d’individus… liés à ces organisations terroristes.”

Le bureau d’Erdogan a salué l’accord comme une pleine victoire. “La Turquie a obtenu ce qu’elle voulait”, a déclaré son bureau dans un communiqué.

Erdogan a également obtenu la promesse d’une rencontre longtemps attendue avec le président américain Joe Biden en marge des pourparlers de l’OTAN.

Un responsable américain a déclaré aux journalistes que Biden était « désireux » d’améliorer les relations avec la Turquie après une période difficile causée en partie par la répression du régime turc contre les droits de l’homme.

La plupart des requêtes de la Turquie et des négociations passées ont impliqué la Suède en raison de ses liens solides avec la diaspora kurde.

La Suède ne réalise pas de statistiques officielles sur les communautés, mais on suppose qu’il y environs 100 000 Kurdes vivant dans le pays de 10 millions d’habitants.

Stockholm a reconnu le PKK comme organisation “terroriste” dans les années 1980 mais a adopté une position plus favorable envers les YPG.

Les médias pro-gouvernement turc ont été indignés par deux réunions que la ministre suédoise des Affaires étrangères Ann Linde a tenues l’année dernière avec Ilham Ahmad, le chef de l’aile politique des forces dirigées par les YPG, qui ont débarrassé une grande partie de la Syrie de la présence de l’Etat islamique.

Il n’est actuellement pas évident de connaitre l’identité des personnes concernées par les extraditions demandées par la Turquie.

Le président finlandais Sauli Niinisto a déclaré aux journalistes que son pays “n’a reçu aucune liste jusqu’à présent, du moins à ma connaissance”.

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