Somalie : Le mouvement Al-Shabab attaque l’aéroport de Mogadiscio

Au moins trois personnes ont été tuées ce 23 mars dans une attaque lancée par le mouvement radical Al-Shabab contre l’aéroport de Mogadiscio, situé dans une zone qui abrite des bureaux des Nations Unies, des ambassades et une base militaire de l’Union africaine.

L’officier Ibrahim Mohamed de la police aéroportuaire a déclaré : “Un policier, un soldat de la Mission militaire de l’Union africaine et un civil ont été tués dans l’attaque. Sept personnes, pour la plupart des forces de sécurité, ont été blessées.”

Asmahan Hassan, un témoin, a évoqué un bilan similaire lors d’un entretien avec l’Agence France-Presse.
“J’ai vu un soldat ougandais et un policier somalien morts”, a-t-elle déclaré. “On m’a également dit qu’un civil est mort (…) mais le nombre de victimes peut être plus élevé étant donné le nombre de personnes qui sont restées dans la zone lorsque les hommes armés y sont entrés.”

Mercredi matin, les auteurs de l’attaque ont réussi à pénétrer dans les abords de l’aéroport, réputé pour être l’endroit le plus sûr de ce pays instable de la Corne de l’Afrique.

L’assaut a duré 45 minutes au cours desquelles une station-service a été incendiée, selon plusieurs témoins, avant que les deux auteurs ne soient abattus.

Un site Internet pro-Shabab a confirmé que le groupe extrémiste lié à Al-Qaïda a revendiqué dans un communiqué “une attaque menée par ses combattants contre le complexe de Halan”.

Le complexe comprend des bureaux des Nations Unies, des organisations humanitaires et des missions étrangères, notamment britanniques et américaines, ainsi que le siège de la mission militaire de l’Union africaine.

Les extrémistes liés à Al-Qaïda ont été chassés de Mogadiscio en 2011 après un raid des forces de l’Union africaine, mais ils contrôlent toujours des zones entières de la Somalie rurale et lancent de fréquents attentats dans la capitale.

Le mouvement a revendiqué plusieurs attentats au mortier contre le complexe aéroportuaire, mais les attaques à main armée sont rares.

Entre 2019 et 2020, l’aéroport a été exposé à des attaques au mortier qui ont blessé neuf personnes.
Début mars, les Nations unies ont condamné le tir de six obus sur l’enceinte qui abrite ses installations, une attaque revendiquée par Al-Shabab.

Alors qu’il attend depuis plus d’un an l’élection d’un nouveau chef d’Etat, le pays, et plus précisément sa capitale Mogadiscio, a été le théâtre de plusieurs attentats ces dernières semaines.

Ce pays pauvre a retardé le déroulement du processus électoral sur fond de tensions entre le président Mohamed Abdullahi Mohamed, dit Farmajo, et son Premier ministre Mohamed Hussein Roble.

Le mandat de Farmajo, qui gouverne le pays depuis 2017, a pris fin le 8 février 2021 sans parvenir à un accord avec les dirigeants régionaux sur les élections à tenir en Somalie selon un système complexe et indirect.

L’annonce à la mi-avril de la prolongation de son mandat de deux ans avait provoqué des affrontements armés à Mogadiscio.

Dans un geste d’apaisement, Farmajo a chargé Roble d’organiser les élections, mais les tensions entre les deux hommes se sont exacerbées plus tard.

Début janvier, Roble et les dirigeants régionaux sont parvenus à un accord pour organiser les élections législatives d’ici le 25 février, et Farmajo a confirmé son soutien à l’accord. Les élections sénatoriales se sont achevées fin 2021.

Ce report répété suscite l’inquiétude de la communauté internationale qui considère qu’il détourne l’attention des autorités des dossiers critiques du pays, comme l’insurrection du mouvement islamique Al Shabab.

Après le report de l’échéance du 25 février, les États-Unis ont annoncé des sanctions sur la Somalie, notamment une interdiction de quitter le territoire imposée aux personnalités accusées de “saper le processus démocratique du pays”.

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