Poutine perturbe les négociations sur le nucléaire en jouant la carte de l’Iran

La suspension des négociations autour de la relance de l’accord nucléaire organisées par la capitale autrichienne entre l’Iran et le groupe des grandes puissances, menace une fois de plus les chances d’un aboutissement positif, mais contrairement à d’habitude, ce n’est pas l’Iran qui pose des obstacles mais la Fédération de Russie.

Après les sanctions imposées à Moscou par les pays occidentaux suite à l’invasion russe de l’Ukraine, le Kremlin a adressé des demandes de dernière minute en exigeant notamment des garanties écrites que les États-Unis n’imposeraient aucune sanction sur ses secteurs de coopération avec l’Iran en raison de la crise ukrainienne.

Selon certains analystes, Moscou tente de profiter de son rôle majeur dans les négociations de Vienne en tant que pays supposé stocker l’excédent d’uranium produit par les réacteurs nucléaires iraniens, pour qu’aucun accord ne soit conclu sans son approbation. Il s’agit d’un élément que les Iraniens n’ont pas pris en compte durant ces derniers mois où ils se sont attardés dans les négociations avec Washington en jouant sur le facteur temps.

Cette nouvelle position russe est venue entraver l’aboutissement rapide des pourparlers dans leur dernière ligne droite, et empêcher la reprise des exportations pétrolières iraniennes vers les marchés internationaux en cas de retour à l’accord nucléaire de 2015 et de levée des sanctions américaines qui empêchent actuellement Téhéran d’exporter son pétrole.

Le pétrole et le gaz exportés par l’Iran risquent de remplacer ceux de la Russie sur les marchés, de ce fait, les négociations sur le nucléaire représentent une opportunité que le président russe Vladimir Poutine ne manquera pas pour faire pression sur l’Occident, qui dépend fortement du gaz russe, dans le but d’alléger les sanctions prononcées contre Moscou. Vraisemblablement, les Russes ne permettront pas à Téhéran de reprendre facilement sa place dans la communauté internationale et prendre sa part du marché pétrolier sans en lui faire payer le prix, qu’il soit politique ou économique.

Par ailleurs, la Russie essaie d’exploiter la faiblesse de la position iranienne devant elle ainsi que son aversion pour l’idée d’un conflit avec la partie russe, car nombre de leurs intérêts sont désormais liés, sans compter que tout changement dans la position de la République islamique donnera l’impression qu’elle se range du côté de l’Occident contre la Russie.

Il est devenu clair ces derniers jours que Téhéran représente une carte russe que Moscou peut jouer dans ses négociations et dans l’affirmation de son égalité avec les puissances occidentales. Cette opportunité garantit l’amoindrissement de la marge de manœuvre du régime des mollahs, car Téhéran s’est tourné vers Moscou depuis les sanctions américaines qui lui ont été imposées en 2018 et qui sont encore en vigueur aujourd’hui.

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