Le North Africa Post : Les islamistes algériens et tunisiens fantasment sur un petit Maghreb sans le Maroc

Dans un article de février 2021, le North Africa Post, journal régional anglophone, a déclaré qu’après les accords d’Abraham, les dirigeants algériens et tunisiens issus des Frères musulmans, “aveuglés par leur antisémitisme endémique”, ont appelé à une union maghrébine qui exclut le Maroc.

Abderrazak Makri, le chef du parti islamiste algérien Mouvement de la société pour la paix (MSP), a explicitement appelé à une Union du Maghreb sans le Maroc. “Nous devrions exclure les Marocains, car ils ont rapproché de notre frontière l’ennemi sioniste, nous ne leur faisons donc plus confiance”, a déclaré le chef du MSP lors d’une conférence de presse à Alger.

Ses propos anti-marocains ont fait écho à ceux de son homologue Rachid Ghannouchi, le président du parti islamiste tunisien Ennahda, qui a déclaré sur les ondes de la radio tunisienne Diwan FM que l’Union maghrébine avait tout intérêt à se construire entre l’Algérie, la Tunisie et la Libye.

Rachid Ghannouchi avait également appelé les trois États à ouvrir leurs frontières, à adopter une monnaie unique et à nouer des partenariats agricoles et industriels.

Le dirigeant d’Ennahda a écarté le Maroc pour avoir établi des relations diplomatiques avec Israël, ainsi que la Mauritanie qu’il soupçonnait de ne point tarder à lui emboiter le pas.

Les positions radicales des deux partis politiques montrent que l’extrémisme idéologique et l’hostilité envers les Juifs priment sur les intérêts nationaux.

Ghannouchi a également mis en lumière l’intérêt de la Libye, qui selon ses propos, offre un marché susceptible d’absorber les chômeurs tunisiens.

Le North Africa Post a estimé que “les deux islamistes feraient mieux de rappeler ce qui a été fait les années précédentes et ce qui a empêché l’intégration entre les trois États, au lieu de rejeter leurs échecs sur le Maroc, siège du lancement de l’Union du Maghreb”.

En outre, le journal indique que si le conflit du Sahara occidental et le soutien de l’Algérie au séparatisme dans le sud du Maroc est sans doute une cause de tension entre Rabat et Alger, on est en droit de se demander ce qui a été réalisé entre Tunis et Alger ? Les deux États n’ont pas de différend territorial, pourtant le niveau des échanges et de l’intégration laisse beaucoup à désirer.

La Libye, vers laquelle Ghannouchi veut exporter le problème du chômage en Tunisie, est enlisée dans les conflits depuis l’assassinat de Kadhafi. Ni Tunis ni Alger n’ont contribué à rapprocher les belligérants.

Le Maroc a plutôt agit en partenaire de confiance en offrant à la Libye des conditions propices à un dialogue national menant à l’accord de Skhirate en 2015, pour ouvrir la voie à un gouvernement de transition.

Rabat a poursuivit ses efforts pour rapprocher les adversaires libyens en accueillant les négociations de Bouznika afin d’aider les Libyens à préparer le terrain pour accueillir des institutions nationales unifiées.

Avec la Mauritanie, considérée par les Frères musulmans tunisiens et algériens comme un pays lointain, le Maroc est le principal partenaire commercial.

Dans un discours marquant le retour du Maroc dans l’Union africaine en janvier 2017, le roi Mohammed VI avait déploré que “la flamme de l’Union du Maghreb s’est éteinte car la foi en un intérêt commun s’est évanouie”.

“L’élan mobilisateur de l’idéal maghrébin, prôné par les pionniers dans les années 1950, a été trahi. Aujourd’hui, nous regrettons de voir que l’Union du Maghreb est la région la moins intégrée du continent africain, si ce n’est du monde entier”, a t-il déclaré.

En attendant que les dirigeants maghrébins se décident à coopérer, le Maroc agit comme un État insulaire diversifiant ses partenaires et recherchant des partenariats gagnant-gagnant notamment en Afrique, pour être en première ligne et agir comme une locomotive le jour espéré ou l’intégration maghrébine deviendra possible.

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