Lundi 7 mars 2022, l’armée française annonce que ses forces déployées au Mali avaient éliminé “le grand dirigeant d’al-Qaïda au Maghreb islamique”, l’Algérien Yahya Djouadi, dit Abou Amar.
Djouadi a été tué le 26 février 2022 dans une zone située à environ 160 km au nord de Tombouctou, selon un communiqué de l’armée française.
Le communiqué de l’armée française a indiqué qu’après l’avoir localisé et identifié, le chef terroriste a été neutralisé par une intervention au sol avec l’aide d’un hélicoptère de reconnaissance et d’attaque Tigre et de deux drones français.
Le terroriste Yahya Djouadi, la cinquantaine, est né à Sidi Bel Abbas dans l’ouest algérien. Il est l’un des premiers éléments à avoir rejoint les groupes terroristes il y a environ 28 ans, plus précisément en 1994.
En Algérie, il a rejoint le Groupe islamique armé (GIA) en 1994, et l’a quitté entre 1997 et 1998 pendant la décennie noire algérienne. Il a ensuite créé sa propre organisation armée, “le groupe salafiste combattant”, et a soutenu en parallèle la formation du groupe Hassan Hattab Salafiya pour la prédication et le combat, créé en 1998.
Djouadi a rejoint les rangs de l'”Armée terroriste du salut”, un groupe issu du parti “Front islamique du salut” des Frères musulmans, interdit en Algérie pour avoir déclenché une guerre sanglante qui a causé la mort d’environ 200 000 algériens et plongé le pays dans la plus grave crise sécuritaire de son histoire.
Yahya Djouadi était l’ami proche et le bras droit du terroriste Abdelmalek Droukdal, qui a fondé dans la seconde partie des années 1990 le “Groupe salafiste pour la prédication et le combat”, à l’origine de plusieurs massacres contre les civils algériens.
Il s’agit de l’organisation qui a prêté serment d’allégeance à al-Qaïda, et qui est devenue ce que l’on appelle aujourd’hui “al-Qaïda au Maghreb”.
Djouadi a pris la direction du bureau médiatique du Groupe salafiste pour la prédication et le combat, avant d’être promu au poste de “commandant militaire” en septembre 2006.
En août 2007, Droukdal le nomme à la tête de la “neuvième région” de la côte et lui confie la responsabilité de l’émirat du Sahara, succédant au terroriste Mokhtar Belmokhtar après une dispute sanglante qui les a opposés.
En 2015, il a pris la direction de la “branche libyenne” d’al-Qaïda au Maghreb, avant son apparition en 2019 dans la région de Tombouctou au Mali, où il a pris le poste de coordinateur financier et logistique de l’organisation terroriste.
En 2014, les Nations Unis ont ajouté le nom du terroriste Yahya Djouadi à la liste des dirigeants d’al-Qaïda au Maghreb. À l’époque, il était le commandant de la région du Sahel et du Sahara sous la supervision d'”al-Qaïda en Occident”, ainsi que le chef du groupe Tariq Ibn Ziyad, une des composantes d’al-Qaïda dans la région du Sahel et du Sahara, dont la base est située dans le nord du Mali.
Djouadi est considéré comme l’architecte des zones militaires du dit “Emirat du désert”. Il a dirigé cette vaste zone militaire qui passe par le Mali, le Niger, le Nigeria, la Libye, la Mauritanie et le Tchad, sous le nom de “Prince des Princes du Désert”.
Le nom du terroriste Djouadi est apparu après le conflit qui a éclaté entre Droukdal et Belmokhtar en 2007. Il s’était alors rendu célèbre par une série d’attaques criminelles et d’enlèvements.
Après avoir pris la direction de la région du Sahara, Djouadi a restructuré l’émirat du désert et a profité de la hausse du nombre de djihadistes qui rejoignaient la région à ce moment-là pour établir 4 formations : “La brigade masquée”,” La brigade Tariq Ben Ziyad”, “La brigade Al-Farq” et “La brigade Ansar”.
Yahya Djouadi a alors révélé une tendance à la trahison et s’est engagé dans une lutte de pouvoir qui a fait exploser l’organisation en interne. Il est devenu l’ennemi de son ancien ami Droukdal lorsqu’il a déclaré son ralliement au rival de ce dernier, le terroriste Abdel Hamid Abou Zeid. De son côté, Droukdal a décidé d’attribuer l’émirat du désert au terroriste surnommé “Nabil Abou Alqamah”.
