Les négociations de Vienne touchent à leur fin, et un accord d’échange de prisonniers sera conclu entre Téhéran et Washington

Les négociateurs ont confirmé hier que les pourparlers autour de la relance de l’accord sur le programme nucléaire iranien et l’assouplissement des sanctions imposées à l’Iran étaient sur le point de toucher à leur fin. En parallèle, des sources proches des négociations ont révélé qu’un échange de prisonniers entre l’Iran et les États-Unis était prévu pour bientôt.

Enrique Mora, le coordinateur européen des pourparlers de Vienne, a insisté sur la nécessité de résoudre les problèmes majeurs pour parvenir à un accord sur le rétablissement du plan d’action global conjoint, le nom officiel de l’accord de Vienne.

Enrique Mora, médiateur entre les délégations iranienne et américaine, a déclaré que les pourparlers sont entrés dans une phase cruciale. “Nous approchons de la fin après 10 mois de négociations” a t-il indiqué, notant que le résultat “n’est toujours pas clair”, et que “les principaux problèmes doivent être résolus.”

Mora a indiqué sur Twitter que toutes les délégations sont “engagées” dans un processus de négociation “intense” au palais Coburg.

À son tour, Stephanie Al-Qaq, la directrice du département Moyen-Orient et Afrique du Nord au Foreign & Commonwealth Office, a déclaré que les négociations sur le nucléaire approchaient de la ligne d’arrivée. “Désormais, au terme de ces négociations, il est temps de conclure les pourparlers de Vienne”, a-t-elle écrit sur Twitter.

Le représentant permanent de la Russie auprès des organisations de l’ONU à Vienne, Mikhail Ulyanov, s’est joint à une série de déclarations faites par des délégués concernant la dernière étape des pourparlers, et a tenté de refléter une “atmosphère positive”, lorsqu’il a indiqué dans un tweet que les pourparlers indirects entre l’Iran et les États-Unis sont sur le point d’être achevés.

“Il semble que les négociations sur la restauration du JCPOA soient sur le point de franchir la ligne d’arrivée”, a déclaré Mikhail Ulyanov sur Twitter. Le tweet d’Ulyanov a fait suite à ses consultations avec le coordinateur européen des pourparlers.

Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Saeed Khatibzadeh, a déclaré hier que “les problèmes qui doivent encore être résolus sont les plus complexes et les plus graves”.

Selon les médias iraniens, Enrique Mora a rencontré le négociateur en chef iranien, Ali Bagheri Kani, à deux reprises, parallèlement aux consultations et réunions intensives en cours à Vienne.

Reuters avait rapporté la semaine dernière qu’un accord américano-iranien avait commencé à se préciser à Vienne après des mois de pourparlers indirects pour relancer l’accord nucléaire dont Washington s’est retiré en 2018 sous l’ancien président Donald Trump.

L’accord de 2015 entre l’Iran et les grandes puissances a limité à l’Iran l’enrichissement de l’uranium, d’une manière qui rend difficile pour Téhéran le développement des matériaux destinés à la fabrication des armes nucléaires, en échange de la levée des sanctions internationales qui lui sont imposées.

Depuis 2019, Téhéran enfreint progressivement les restrictions imposées par l’accord et a augmenté ses stocks d’uranium. Après le début des pourparlers à Vienne en avril dernier, l’Iran a enrichi l’uranium à hauteur de 60 %, et a installé des centrifugeuses pour accélérer la production.

L’Iran a exigé des garanties juridiques que les États-Unis ne se retireront plus de l’accord, mais Washington affirme qu’il est impossible pour le président américain Joe Biden de les fournir.

Le projet de l’accord inclut des références à d’autres mesures, notamment le dégel des milliards de dollars de fonds iraniens gelés dans des banques sud-coréennes, ainsi que la libération de prisonniers occidentaux détenus en Iran.

Samedi, le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, a déclaré que l’Iran était prêt à échanger immédiatement des prisonniers avec les États-Unis.

Sans donner plus de détails, un haut responsable iranien à Téhéran a déclaré à Reuters : “L’Iran a exprimé à plusieurs reprises sa volonté d’échanger des prisonniers. Nous étions prêts à le faire depuis des mois, mais les Américains ont détruit l’accord.”

“Je pense que maintenant certains d’entre eux seront libérés, peut-être cinq ou six d’entre eux. Mais ces discussions sur les prisonniers ne sont pas liées à l’accord sur le nucléaire, il s’agit d’une mesure humanitaire de la part de l’Iran”, a-t-il ajouté.

Le négociateur américain Robert Malley a indiqué que garantir l’accord nucléaire est peu probable, à moins que Téhéran ne libère quatre citoyens américains, dont l’irano-américain Baquer Namazi et son fils Siamak, retenus en otages par Téhéran selon Washington.

Robert Malley a déclaré hier sur Twitter : “Il y a six ans, le gouvernement iranien a arrêté Baquer Namazi, et refuse toujours de le laisser quitter le pays. Le gouvernement iranien peut et doit libérer le père et le fils Namazi, Imad Sharqi, Morad Tahbaz et d’autres ressortissants américains et étrangers injustement emprisonnés.”

Ces dernières années, les Gardiens iraniens de la révolution ont arrêté des dizaines de binationaux et d’étrangers, la plupart pour espionnage et atteinte à la sécurité de l’Iran.

Des groupes de défense des droits de l’homme ont accusé l’Iran de détenir des prisonniers pour gagner en influence diplomatique, tandis que les puissances occidentales demandent depuis longtemps à Téhéran de libérer ces citoyens, considérés comme des prisonniers politiques.

La Grande-Bretagne a demandé la libération de Britanniques d’origine iranienne comme Anousheh Ashouri, emprisonnée pour espionnage, et Nazanin Zaghari-Ratcliffe, chef de projet chez Thomson Reuters, accusée de complot contre le régime.

Téhéran de son côté demande la libération de plus de dix Iraniens détenus aux États-Unis, dont sept binationaux Irano-Américains, deux Iraniens résidents permanents aux États-Unis et quatre Iraniens sans statut légal aux États-Unis.

La plupart d’entre eux ont été arrêtés pour avoir violé les sanctions américaines imposées à l’Iran.
Par ailleurs, le président iranien Ebrahim Raisi, partisan de la ligne radicale, a exhorté hier les deux chefs des pays exportateurs de gaz à éviter toute sanction “dure” imposée par les États-Unis à Téhéran.

Lors de la conférence tenue à Doha, Raisi a déclaré : “Les membres de ce forum ne devraient pas reconnaître ces sanctions… (parce que) dans le monde actuel, nous voyons que ces sanctions ne seront pas efficaces”.

Le gouvernement iranien a affirmé que la relance de l’accord nucléaire avec les puissances mondiales exige la levée de ces sanctions. “Toutes les sanctions (…) qui affectent les avantages économiques de l’Iran tirés de l’accord (nucléaire) doivent être levées”, a déclaré le porte-parole du gouvernement iranien Ali Bahadri Jahromi, lors d’un point de presse diffusé en direct par un site Internet du gouvernement.

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