Les déclarations du secrétaire général du Hezbollah sur la fabrication de drones et le développement de milliers de missiles de précision interviennent alors que le Liban peine à sortir d’une grave crise politique et financière, et soulèvent plus d’un point d’interrogation sur ses objectifs et le choix du moment de l’annonce.
Le secrétaire général du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, a déclaré mercredi pour la première fois que le groupe soutenu par l’Iran produit désormais des drones et a la capacité de convertir des milliers de ses missiles en missiles de précision.
L’annonce de Nasrallah arrive au milieu d’une grave crise politique et financière dont le gouvernement du Premier ministre Najib Mikati peine à sortir. Des négociations sont en cours avec le Fonds monétaire international pour obtenir des prêts afin de sauver l’économie d’un effondrement total. Les donateurs ont de leur côté exprimé à plusieurs reprises leurs craintes de la domination du Hezbollah sur l’État libanais.
Le Hezbollah est inscrit sur les listes des organisations terroristes aux États-Unis, en Europe et dans les États du Golfe, ce qui entrave le déblocage des dons et des prêts internationaux estimés à environ 11 milliards de dollars.
Nasrallah a adressé son discours à Israël, qui affirme que le Hezbollah a ramassé un énorme arsenal d’armes grâce au soutien iranien.
Dans un discours à ses partisans, il a déclaré: “Je dis à l’ennemi, nous avons la capacité de convertir nos milliers de missiles en missiles de précision.” Il a ajouté : “Nous avons commencé Il y a longtemps à fabriquer des missiles au Liban, et quiconque veut acheter peut passer commande.”
Les pays occidentaux et du Golfe accusent le Hezbollah de recevoir des formation dans les camps des Gardiens de la révolution islamique, et de combattre dans les rangs des rebelles houthis au Yémen qu’il entraine à lancer des missiles balistiques contre l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.
Le Hezbollah et Israël se sont livrés une guerre sanglante qui a duré plus d’un mois en 2006, et dans les années qui ont suivi, il y a eu des échanges de tirs occasionnels à travers la frontière sud du Liban.
Il n’y a pas eu de réponse israélienne immédiate aux déclarations de Nasrallah, mais Tel-Aviv devrait condamner son discours. L’Etat hébreu a annoncé à divers reprises l’abattage de drones qu’il dit appartenir au Hezbollah.
Bien que l’armée israélienne dispose d’un arsenal militaire plus important que celui des combattants du Hezbollah, Israël craint que dans une guerre future, ils ne soient en mesure d’utiliser des missiles de précision pour frapper ses infrastructures vitales comme les ports et les centrales électriques.
Le Hezbollah affirme que l’augmentation de ses capacités en anti-drones a entraîné une diminution de la fréquence des vols de drones israéliens.
Pour créer une pression économique internationale sur le Hezbollah, Israël a publié la semaine dernière les noms de trois sociétés libanaises qu’il accuse de lui avoir fourni des matériaux pour ses projets de missile de précision.
“Le Hezbollah met en danger les citoyens du Liban et l’Etat libanais”, a déclaré le ministre israélien de la Défense Benny Gantz dans un communiqué, avertissant qu’Israël “agira de manière décisive face au projet iranien qui opère depuis le cœur du Liban”.
On s’attend à ce que l’annonce du Hezbollah exacerbe les troubles au Liban, qui s’efforce de sortir de la pire crise financière de son histoire, tout en luttant pour combler le fossé qui le sépare des pays du Golfe depuis les injures proférées par l’ancien ministre libanais de l’Information George Kordahi et des dirigeants de la communauté chiite.
Les déclarations de Nasrallah interviennent également au moment où les négociations indirectes entre Washington et Téhéran pour relancer l’accord nucléaire de 2015 semblent plus proches de l’échec que d’une percée dans la crise.
