Libye : Le lien entre les élections et la tentative d’assassinat sur le Premier ministre Abdel Hamid Dbeibah

Au vu de l’agitation qui anime les cercles politiques libyens depuis que les élections présidentielles et législatives ont encore été reportées, et l’absence d’une feuille de route indiquant clairement la date de leur report, l’annonce du Premier ministre du gouvernement d’unité nationale (GNU), Abdel Hamid Dbeibah, a suscité un certain nombre de questions sur l’issue du conflit dans le pays, d’autant que de nombreuses factions libyennes ont déclaré ne pas être convaincues que la tentative d’assassinat sur Dbeibah a réellement eu lieu, accusant le Premier ministre de manœuvrer pour conserver son gouvernement le plus longtemps possible.

Après l’annonce de la tentative d’assassinat à Tripoli sur Abdel Hamid Dbeibah à l’aube du jeudi 10 février, son beau-frère Imran al-Mounth a publié des photos de sa voiture montrant des traces de balles.

Une source proche de Dbeibah a déclaré que ce dernier rentrait chez lui lorsque des coups de feu ont été tirés d’une autre voiture qui a ensuite pris la fuite, et que l’incident a été rapporté au procureur de la République qui ouvrira une enquête.

Les sources ont indiqué que des voitures armées et blindées ont parcouru le centre de Tripoli et le quartier Andalus après que la voiture de Dbeibah a été ciblée par des tirs. Les auteurs de la tentative d’assassinat n’ont pas été arrêtés ni identifiés.

Cet incident a fait monter d’un cran les tensions politiques dans le pays et enflammé les réseaux sociaux, ou certains accusent le gouvernement Dbeibah d’avoir orchestré cette opération.

La tentative d’assassinat sur Dbeibah fait suite à l’éclatement de la scène politique du pays et à l’émergence de factions armées en nombre à Tripoli depuis le début du mois de janvier, nourrissant les craintes d’un retour aux affrontements armés, notamment à la lumière de la multiplication des opérations de l’Etat islamique dans le sud. L’organisation terroriste a réussi a mettre en œuvre deux opérations d’envergure contre les forces de sécurité en moins de deux semaines.

Le 8 février, moins de 48 heures avant l’attentat contre Dbeibah, le chef du gouvernement d’union nationale a annoncé qu’il ne transmettrait le pouvoir qu’à un gouvernement élu, et qu’il ne permettrait pas une nouvelle phase de transition dans le pays.

S’adressant aux Libyens, Dbeibah a déclaré qu’il ne laisserait pas une classe politique qui a dominé durant des années monopoliser la scène et nuire à nouveau au pays et à l’avenir du peuple, et qu’il ne permettrait pas non plus au Parlement d’étendre ses pouvoirs, assurant que son gouvernement ne renoncerait pas à son rôle tant que les élections n’auraient pas eu lieu.

Dbeibah a critiqué la Chambre des représentants, l’accusant de “promulguer des lois sans quorum et sans superviseur au vu de l’absence de la Cour constitutionnelle”, notant que certains de ses membres ont retiré la confiance au gouvernement en trichant.

Les déclarations de Dbeibah sur son refus de céder le pouvoir sont arrivées à la période des consultations parlementaires pour choisir le nouveau Premier ministre. Quant à l’annonce de la tentative d’assassinat dont il a été victime, elle est survenue quelques heures avant le vote du parlement pour élire un des candidats au poste, à savoir Fathi Bachagha et Khaled al-Bibas.

Aguila Saleh, le président de la Chambre des représentants libyenne, a annoncé le jeudi 10 février, le vote à l’unanimité en faveur de Fathi Bachagha.

Le porte-parole officiel a déclaré: “La Chambre des représentants a voté pour accorder la confiance à M. Fathi Bachagha en tant que Premier ministre, avec le consentement unanime des participants”.

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