Rapport du Counter Extremism Project : “Le Qatar, l’argent et la terreur” (Partie I)

Le rapport ci-après, préparée par “Counter Extremism Projet”, une organisation non gouvernementale de lutte contre les groupes extrémistes, retrace les liens qui unissent le Qatar aux plus dangereuses organisations terroristes islamiques du monde, et dévoile la nature concrète du soutien que le richissime pays du Golfe leur apporte.

Le Qatar, allié de longue date des Etats-Unis et membre de la Global Coalition to Counter ISIS, a soutenu et hébergé des organisations et des individus terroristes internationaux. Le pays du Golfe, riche en hydrocarbures, envoie un soutien financier et matériel direct à des groupes internationalement désignés comme “terroristes, comme le Hamas et le Front al-Nosra, et permet sciemment à des dirigeants et à des financiers recherchés ou internationalement désignés “terroristes” d’opérer à l’intérieur de ses frontières.

Le 5 juin 2017, sept pays – Bahreïn, l’Égypte, la Libye, les Maldives, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Yémen – ont annoncé la rupture de leurs relations diplomatiques avec le Qatar en raison de son soutien aux groupes terroristes et extrémistes de la région. En rompant ses liens avec le Qatar, l’Arabie saoudite a annoncé qu’elle s’efforçait de “protéger la sécurité nationale des dangers du terrorisme et de l’extrémisme”. Bahreïn et d’autres ont également évoqué les préoccupations concernant la sécurité nationale et les activités déstabilisatrices du Qatar dans la région comme raisons de cette scission.

Le gouvernement qatari a apporté son soutien à al-Qaïda dans la péninsule arabique, au Hamas, aux Frères musulmans, au Front Nosra et aux talibans, notamment par le biais de prêts directs, de paiements de rançons et de transferts de fournitures. Aussi, le Qatar abrite actuellement au moins 13 individus recherchés ou visés par des sanctions, parmi eux, l’ancien chef du Hamas Khaled Meshaal, l’actuel chef du Hamas Ismail Haniyeh, l’idéologue des Frères musulmans Yusuf al-Qaradawi, trois membres talibans sanctionnés par l’ONU et au moins sept autres financiers d’Al-Qaïda. Bien que ces individus aient été publiquement sanctionnés par les États-Unis ou les Nations Unies, ou fassent l’objet de mandats d’arrêt INTERPOL, ils peuvent vivre en toute impunité, et dans certains cas, dans le luxe, au Qatar.

Financement et soutien directs du gouvernement :

Le gouvernement qatari a payé des demandes de rançon, expédié des fournitures et acheminé des milliards de dollars vers des groupes terroristes internationalement désignés, à travers le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Ces groupes incluent al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQAP), le Hamas, les Frères musulmans, le Front al-Nosra et les talibans.

Des groupes extrémistes violents :

Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA)

Basé au Yémen et en Arabie saoudite, AQAP est connu pour son magazine anglophone “Inspire”, ainsi que pour son implication dans la préparation de l’attentat à la bombe du jour de Noël 2009 et dans celui de Times Square en 2010. Le groupe a revendiqué le massacre des bureaux parisiens de Charlie Hebdo en 2015. Il s’est emparé et contrôle le territoire des provinces du sud du Yémen, où il cherche à appliquer la charia (loi islamique).

Il est désigné groupe terroriste par l’Australie, le Canada, Israël, le Royaume-Uni, les Nations Unies, les États-Unis.

Le soutien qatari 

En 2010, une branche du gouvernement qatari a fait don de fonds financiers pour aider à reconstruire une mosquée yéménite pour le cheikh Abd al-Wahab Muhammad Abd al-Rahman al-Humayqani, un financier d’AQAP désigné terroriste plus tard par le Trésor américain. Des responsables qataris auraient également assisté à l’ouverture de la mosquée.
En 2012 et 2013, le Qatar aurait envoyé des millions de dollars de rançons à AQAP. Ces paiements auraient directement permis à AQPA de reconstruire son réseau et de s’emparer de territoires dans le sud du Yémen.

Le Hamas

Le parti terroriste au pouvoir dans la bande de Gaza, le Hamas, cherche ouvertement la destruction d’Israël. Le groupe a recours à des attentats-suicides, des attaques à la roquette et au mortier, des fusillades et des enlèvements dans la poursuite de ses objectifs déclarés.

Il est désigné groupe terroriste par l’Australie, le Canada, l’Égypte, l’UE, Israël, le Japon, la Jordanie, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni, les États-Unis

Le soutien qatari :

Le soutien financier du Qatar au Hamas remonte au moins à 2008, lorsque Doha aurait promis 250 millions de dollars au Hamas un an après que le groupe terroriste a violemment pris le contrôle de la bande de Gaza.

En 2012, l’émir du Qatar de l’époque, le cheikh Hamad bin Khalifa al-Thani, a promis plus de 400 millions de dollars au Hamas pour financer la construction de logements et de routes.

En juillet 2016, le gouvernement qatari a annoncé qu’il donnerait 30 millions de dollars au Hamas afin d’aider à payer les salaires des employés du secteur public de Gaza. Le mois suivant, le chef adjoint du Hamas, Ismail Haniyeh, a déclaré que les dons du Qatar serviraient également à payer le “personnel militaire” du Hamas.

Le Qatar continue d’accueillir Khaled Meshaal, qui a été le chef du Hamas de 2004 à mai 2017. En 2015, le ministre des Affaires étrangères du Qatar, Khalid bin Mohammed Al Attiyah, a décrit Meshaal, alors chef du Hamas, comme le “cher invité du Qatar”.

Début mai 2017, le Hamas a annoncé des mises à jour de sa charte lors d’une conférence de presse à l’hôtel Sheraton de Doha.

Depuis janvier 2020, le Qatar accueille le chef du Hamas Ismail Haniyeh.

La Confrérie des Frères musulmans

La Confrérie des Frères musulmans, fondéé en Égypte en 1928, est une organisation islamiste transnationale qui possède des branches dans le monde entier. Dans les années 1950, le théologien des Frères Sayyid Qutb, a légitimé l’utilisation du djihad violent et le meurtre de musulmans laïcs, afin de mettre en œuvre la charia. Les analystes affirment que l’idéologie des Frères musulmans a engendré des groupes tels qu’Al-Qaïda et l’Etat islamique.

Elle est désignée groupe terroriste par Bahreïn, l’Égypte, la Russie, l’Arabie saoudite, la Syrie, les Émirats arabes unis.

Le soutien qatari :

Le gouvernement qatari a prêté ou donné aux Frères musulmans un total de 7,5 milliards de dollars pendant le mandat de Mohammed Morsi à la présidence de l’Égypte, entre juin 2012 et juillet 2013.

Pendant ce temps, le Premier ministre qatari de l’époque, le Cheikh Hamad ben Jassim ben Jaber Al Thani, a personnellement transféré jusqu’à 850 000 dollars à la Confrérie.

Le média qatarien Al Jazeera a fait une presse très positive sur les Frères musulmans, en particulier pendant le printemps arabe et l’ascension puis la chute de Morsi du pouvoir. En juillet 2013, 22 employés égyptiens d’Al Jazeera ont démissionné en raison de ce qu’ils ont perçu comme un programme biaisé et pro-Confrérie de l’entreprise.

L’idéologue de la confrérie Yusuf al-Qaradawi continue de vivre librement au Qatar tout en prêchant des messages extrémistes. Al-Qaradawi est interdit par les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, et a fait auparavant l’objet d’un mandat d’arrêt INTERPOL.

Le Front Al-Nosra (Hayaat Tahrir al-Cham)

Le Front Al-Nusra (Hayaat Tahrir al-Cham) est un groupe d’insurgés djihadistes opérant en Syrie. Connu depuis longtemps comme l’affilié syrien d’Al-Qaïda, le groupe a affirmé avoir officiellement renoncé à ses liens avec son groupe mère en juillet 2016. Le Front Al-Nosra a mené des campagnes militaires, des enlèvements, des attentats-suicides et des assassinats, et recevrait la plus grand nombre de combattants étrangers en Syrie après Daech. Il opère actuellement sous une organisation faîtière islamiste connue sous le nom de Hayaat Tahrir al-Cham (Assemblée pour la libération du Cham).

Il est désigné groupe terroriste par l’Australie, le Canada, la France, la Nouvelle-Zélande, l’UE, la Russie, l’Arabie saoudite, la Turquie, les Émirats arabes unis, le Royaume-Uni, les Nations Unies, les États-Unis.

Le soutien qatari :

En 2015, des responsables du gouvernement qatari ont commencé à rencontrer des dirigeants du Front al-Nosra, dont le chef Abu Muhammad al-Golani, pour laisser entendre que le groupe pourrait recevoir le soutien du Qatar s’il rompait ses liens avec al-Qaïda, selon des sources d’al-Nosra et du Qatar citées par Reuters. Le Front Al-Nosra a fait exactement cela en juillet 2016. Moins de deux semaines plus tard, le Financial Times citait des rebelles syriens qui présumait que le Qatar avait envoyé des armes, des fournitures et de l’argent au Front al-Nusra “pendant des semaines”. Les États-Unis ont conservé le statut de “terroriste” du Front al-Nusra et ont réaffirmé que le groupe “demeure affilié à al-Qaïda en Syrie”.

Le Qatar a autorisé les commandants du Front al-Nusra à collecter des fonds à l’intérieur du pays, selon les États-Unis et des représentants des gouvernements arabes.

Le gouvernement qatari aurait négocié des transactions de rançons entre le Front al-Nosra et divers gouvernements.
Depuis au moins 2013, Doha elle-même aurait versé plusieurs rançons au Front al-Nosra. En octobre 2013, Doha a versé plus de 100 millions de dollars au groupe terroriste, selon des sources libanaises et turques.

Le gouvernement qatari a acheminé des armes et de l’argent vers Ahrar al-Cham, un allié d’al-Nosra qui opère aux côtés du groupe au sein de la coalition des rebelles islamistes syriens, Hayaat Tahrir al-Cham.

Les Talibans

Les talibans sont un groupe d’insurgés djihadistes meurtriers basé en Afghanistan et au Pakistan, qui a mené de nombreuses attaques terroristes dans la région, dont l’assassinat de Malala Yousafzai dans la vallée de Swat au Pakistan en octobre 2012, l’assaut de décembre 2015 sur l’aérodrome de Kandahar qui a fait 50 morts, et le massacre de décembre 2014 à l’école militaire de Peshawar qui a tué 148 personnes, dont 132 étudiants.

Ils sont désignés groupe terroriste par le Canada, l’UE, France, le Kazakhstan, la Nouvelle-Zélande, la Russie, les Émirats arabes unis, le Royaume-Uni, les Nations Unies, les États-Unis.

Le soutien qatari :

Doha abrite le “bureau politique” des talibans, que le groupe a ouvert en juin 2013. Les talibans ont qualifié le bureau de la seule entité où les négociations avec les talibans sont autorisées.

En mai 2014, le Qatar a accueilli cinq talibans qui avaient été transférés de Guantanamo Bay. Trois des cinq individus étaient, et sont toujours, soumis aux sanctions de l’ONU, et plusieurs auraient repris des activités terroristes depuis leur arrivée au Qatar, selon le Comité américain des services armés. Le Qatar subventionnerait le logement et l’approvisionnement de ces militants sanctionnés par l’ONU dans l’un des quartiers les plus exclusifs de Doha.

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