Un vent de panique souffle sur Erdogan et le Parti Justice et Développement

L’économie turque a entrainé dans sa chute la popularité du président Erdogan et du parti au pouvoir, Justice et développement, qui ne se sont jamais retrouvés aussi proches de la sortie.

L’ampleur des dernières manifestations contre la hausse des prix des produits de base et la pauvreté qui se propage en Turquie en sont peut-être le meilleur indicateur. Les nombreux manifestants, en colère contre la gestion économique désastreuse Erdogan, appellent à sa démission.

La révolte turque est le résultat d’années de mauvaises décisions du régime sur les plans politique et économique concernant l’Irak, la Syrie, la Libye et les eaux territoriales de la Grèce et de Chypre.

S’ajoutent à cela les divergences d’Ankara avec l’OTAN et les États-Unis, et ses politiques répressives depuis la tentative de coup d’État manquée du 15 juillet 2016 qui a donné lieu à une opération de purge à grande échelle des institutions de l’État, et à une traque implacable des libertés publiques et des opposants.

Le régime turc a également commis des erreurs évidentes sur le plan économique, comme lorsque Erdogan a insisté pour maintenir les taux d’intérêt bancaires bas, s’attendant à ce que cela contribue à relancer la croissance et les exportations dans une monnaie compétitive, mais la Livre turque n’a cessé de s’effondrer et son pouvoir d’achat de s’affaiblir. Les prix des produits courants se sont tellement envolés que la tentative d’Erdogan d’augmenter le salaire minimum pour contrer l’inflation a été un échec.

En outre, le plan d’épargne du gouvernement pour soutenir la monnaie locale ne présage rien de positif sur le long terme. Le gouvernement garantit des retours sur les dépôts en Livres turques au même taux qu’ils pourraient obtenir avec des devises étrangères, pour compenser toute baisse supplémentaire de la valeur du dollar. En échange, les Turcs conservent leur épargne à la banque en Livre turque pendant une période de 3, 6, 9 ou 12 mois. Le gouvernement turc garantit que les clients recevront leurs intérêts selon le taux réel et non nominal, ce qui ajoute de nouvelles charges aux contribuables.

Cette série de décisions a été la raison directe de l’escalade des protestations. Fin novembre 2021, des centaines de citoyens ont manifesté contre la sortie d’Ankara de la Convention sur la protection des femmes contre la violence. Des milliers de personnes ont également manifesté contre le déclin des services sociaux. Cinq syndicats du secteur médical représentant environ 250 000 travailleurs et médecins se sont mis en grève pendant la journée du 15 décembre 2021, pour dénoncer les bas salaires et les conditions de travail difficiles au milieu de l’effondrement de la monnaie locale, prévenant que les grèves se poursuivront et appelant le gouvernement à la démission.

Désormais, les manifestants turcs n’exigent pas uniquement des réformes économiques, mais bien le renversement du président turc Erdogan et la tenue d’élections anticipées, selon l’annonce de l’opposition dirigée par Kemal Kılıçdaroğlu, président du Parti républicain du peuple, qui a relevé la nécessité d’organiser des élections législatives et une élection présidentielle anticipée dès que possible pour éviter que le pays ne sombre dans le chaos à cause de la pauvreté.

Le président turc sait qu’il n’est pas dans son intérêt d’organiser des élections maintenant. Conscient de l’érosion de sa popularité et de la puissance de ses opposants, le risque de se voir exclu de la scène politique est, pour Erdogan, plus élevé que jamais.

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