Des Afghans ayant collaboré avec l’armée turque en Afghanistan accusent Ankara de les avoir abandonnés

Une trentaine d’Afghans employés par l’armée turque dans le cadre de la mission de l’OTAN à Kaboul ont manifesté aujourd’hui, 22 décembre, pour dénoncer le régime turc qui a refusé de les évacuer d’Afghanistan et de leur verser leurs salaires depuis le retour du mouvement taliban au pouvoir au mois août 2021, selon l’Agence France-Presse.

Un grand nombre de ces techniciens et traducteurs travaillaient à l’aéroport de Kaboul, dont la sécurité militaire a été confiée à l’armée turque pendant la mission de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en Afghanistan, qui a pris fin en août dernier avec la chute du précédent gouvernement soutenu par les États-Unis.

Les manifestants se sont rassemblés devant l’ambassade de Turquie, scandant “Nous voulons la justice” et brandissant des banderoles dénonçant “l’indifférence” d’Ankara.

Ces manifestants n’ont pas perçu leurs salaires ni leurs indemnités de départ depuis l’évacuation rapide des forces de l’OTAN, alors que leurs contrats, renouvelés chaque année, expirent le 31 décembre, selon Assadollah Rahmani, interprète pour le compte de la Turquie depuis 2001.

Rahmani a déclaré avoir le sentiment que les autorités turques l’avaient “abandonné”, expliquant qu’elles ne répondaient pas aux demandes d’évacuation. Il a ajouté : “Nous sommes environ 120 employés dans cette situation et la Turquie ne fait rien pour nous.”

L’ambassade de Turquie a refusé de commenter ces revendications.

“Tous les pays de l’OTAN ont reconduit (…) leurs équipes afghanes, mais la Turquie ne l’a malheureusement pas fait”, a déclaré Mahmoud Hamraz, 33 ans, professeur et traducteur depuis fin 2015. “Avec le début de l’hiver, nous vivons les jours les plus difficiles de notre vie. C’est une véritable déception. Personne ne vient de l’ambassade pour nous écouter, ils ne nous parlent même pas”, a-t-il déploré, ajoutant que “tous ceux qui sont présents ici ont le sentiment que la Turquie nous rejette”.

Un pont aérien massif a permis l’évacuation de plus de 120.000 étrangers et Afghans qui ont fui le nouveau gouvernement taliban après sa prise du pouvoir le 15 août, et le départ du dernier soldat américain le 30 août.

La Turquie n’a pas caché sa crainte de devoir faire face à un flux migratoire en provenance d’Afghanistan. Le pays qui a accueilli 400 000 Afghans ces dernières années fait désormais volte face.

Les autorités turques ont érigé un mur haut de trois mètres le long des 400 km de sa frontière commune avec l’Iran, craignant que les migrants Afghans n’empruntent ce chemin pour se rendre en Turquie.

L’ONU estime que 500 000 Afghans sont candidats à l’exil.

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