Explosion du port de Beyrouth : La justice ordonne l’arrestation d’Ali Hassan Khalil et s’attend aux représailles du Hezbollah

Le Parquet au Liban a ordonné aujourd’hui, mardi, l’arrestation d’Ali Hassan Khalil, ancien ministre des finances et actuel représentant du Mouvement chiite Amal, et bras droit du président du Parlement Nabih Berri, malgré la forte conviction que l’arrestation d’une figure éminente des alliés du Hezbollah peut déclencher une vague de violence sans précédent.

Avec cette décision, Tarek Bitar, le juge d’instruction chargé de l’affaire de l’explosion du port de Beyrouth, a franchi une limite dangereuse, dans une affaire aussi sensible qu’alambiquée en raison des nombreuses ingérences politiques au Liban et de l’influence du Hezbollah, susceptible de mal réagir à l’arrestation d’Ali Hassan Khalil ou de toute personne proche du Parti.

Ali Hassan Khalil est l’une des personnalités politiques accusées par le juge d’instruction d’être responsables de l’explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020, qui a détruit une grande partie du port et des bâtiments environnants, emporté plus de 200 personnes et blessé 6 000 autres.

L’arrestation de Khalil peut provoquer une confrontation avec le Hezbollah qui possède un énorme arsenal d’armes et qui est considéré comme l’une des forces les plus importantes et les plus influentes au Liban.
L’année dernière, Tarek Bitar avait déjà lancé un mandat d’arrêt contre Ali Hassan Khalil qui n’avait pas répondu à une convocation.

Khalil est le bras droit de Nabih Berri et l’un des nombreux anciens et actuels responsables de la sécurité accusés dans l’affaire de l’explosion. Ils ont tous refusé de se présenter pour interrogatoire devant Bitar, remettant en cause son impartialité et son autorité insuffisante pour les interroger.

Ils ont également lancé contre lui des poursuites qui ont conduit à la suspension des enquêtes pendant environ un mois. Les investigations ont repris depuis peu après qu’un tribunal libanais a rejeté toutes les accusations mettant en cause l’intégrité du juge d’instruction.

Le mandat d’arrêt que Bitar a transmis aux forces de l’ordre aujourd’hui, exige l’arrestation de Khalil (qui est également membre du parlement), immédiatement après la fin de la session parlementaire en cours (le 1er janvier), conformément à la constitution.

La constitution interdit l’arrestation de membres du Parlement pendant une procédure législative, à moins qu’ils ne soient pris en flagrant délit ou qu’un vote autorise leur poursuite en justice.

Bitar a initialement émis le mandat d’arrêt alors que le Parlement n’était pas en session, mais les forces de l’ordre ont entravé sa mise en œuvre, ce qui a incité l’enquêteur judiciaire à leur demander vendredi de s’exécuter au risque de faire eux-mêmes l’objet d’une enquête.

Bitar est l’un des rares juges qui n’apparaît pas dans les médias ou les événements politiques. Il est connu au Liban pour être l’un des juges les plus stricts dans l’application de la loi.

Mais le Hezbollah, dont l’enquête a touché des personnalités qui lui sont proches, comme Ali Hassan Khalil, Youssef Fenianos (Mouvement Marada) et Ghazi Zeaiter (Mouvement Amal), a accusé Bitar d’être subjectif et de politiser l’enquête.

Le groupe chiite, qui a envoyé des lettres de menaces à Bitar, a justifié sa demande de retirer le juge de l’enquête par son souci de justice, tandis que les opposants du Hezbollah se sont interrogés sur les raisons suspectes qui incitent le Parti à défendre des individus soumis à des enquêtes.

Les analystes se demandent également ce que le Hezbollah craint au point de manifester et d’user de son influence avec acharnement pour écarter Bitar de l’enquête.

Le Hezbollah a nié tout lien avec la gestion du stock d’aluminium qui a causé l’explosion du port de Beyrouth.

Des sources affirment que le Parti dispose d’un large réseau d’employés travaillant pour lui dans le port. Même s’il s’avère plus tard que le groupe chiite n’a aucun lien avec le tragique évènement, les enquêtes pourraient bien faire la lumière sur un véritable nid de guêpes.

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