Les différents clans de la Confrérie des Frères musulmans se livrent une impitoyable guerre numérique

Le site Internet “Brotherhood Online” représentait un symbole important pour le groupe de Hassan al-Banna. C’est à travers ce média que les fausses nouvelles ciblant l’État égyptien ont été lancées. C’était également une importante plateforme de recrutement. Mais les récentes évolutions et les divergences entre le clan d’Ibrahim Mounir, le chef par intérim, et celui de Mahmoud Hussein, le secrétaire général du Groupe, ont conduit ce dernier et ses compagnons à prendre le contrôle du site, obligeant Mounir et son clan à lancer d’autres plateformes médiatiques.

Le clan d’Ibrahim Mounir a lancé des plateformes médiatiques alternatives dont certaines portent le même nom, comme “Brotherhood Site”, affirmant qu’il s’agit du seul et unique site officiel du groupe. Il a également demandé à certains dirigeants qui lui sont fidèles de financer des plateformes alternatives qui portent les mêmes noms que celles du Front Mahmoud Hussein, comme “Verify-Egypt” qui est affilié au Front d’Istanbul et qui diffuse depuis les Pays-Bas.

Muhammad al-Aqeed, un responsable de la Confrérie, a diffusé il y a quelques jours une vidéo dans laquelle il a dénoncé les pratiques du “clan Hussein” et révélé les investissements du Groupe en Somalie et ailleurs en Afrique, les trahisons des dirigeants et le financement de cette plateforme alternative du même nom. De son côté, Adham Hassanein, un cadre des Frères musulmans fidèle au Front d’Istanbul et rédacteur en chef de la plateforme Verify Egypt, a répondu à travers une autre vidéo, menaçant Muhammad al-Aqeed et l’accusant d’avoir escroqué les membres du Groupe en Turquie et dans les pays du Golfe.

C’est ainsi que le Groupe essaie d’utiliser la machine des médias numériques pour accroître son influence idéologique et politique, non seulement par le biais des chaînes et sites Internet qui lui appartiennent, mais également à travers de nombreuses chaînes YouTube et d’autres réseaux sociaux.

Une étude intitulée “Les luttes internes de la Fraternité dans les médias numériques” réalisée par Basil Bashir, un chercheur spécialiste de l’islam politique, s’est intéressée aux raisons de l’explosion du conflit idéologique et politique entre les dirigeants du Groupe à travers les médias numériques.

L’étude a montré que ces luttes sont justifiées après l’échec du Groupe dans son expérience du pouvoir, car son discours médiatique qui était centralisé à un degré strict s’est scindé en trois discours centralisés par trois dirigeants de la Fraternité qui possèdent tous leurs propres réseaux de médias numériques qui luttent les uns contre les autres. Les trois branches sont représentées par l’organisation de l’Egypte, celle de la Turquie/Qatar, et l’organisation internationale à Londres.

Le conflit entre les membres de la Fraternité à travers les médias numériques a pris de nombreuses formes, mais il est toujours centré sur les accusations d’échec et d’incompétence que les cadres du Groupe se lancent sans arrêt.

L’étude publiée en octobre 2020 dans le Trends Center for Studies a également documenté l’état d’insatisfaction vis-à-vis de la direction et le manque de confiance en elle, sur la base d’un sondage mené par le Groupe avant sa prise de pouvoir, et qui a révélé que seulement 40% des participants ont exprimé leur satisfaction.

Selon les témoignages de certains membres du Groupe dans les médias numériques, la direction a délibérément violé la réglementation légale en 2006, qui stipule qu’aucun membre du Bureau d’orientation (l’autorité exécutive) ou du Conseil de la Choura (l’autorité législative) n’a le droit de se représenter pour les deux Conseils s’il y a déjà passé 8 années, mais la direction n’a pas respecté cette réglementation et s’accroche toujours au pouvoir, suscitant une vive polémique au sein du premier et du second rang des responsables.

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