Le président iranien insiste pour placer un candidat au ministère de l’Education et entre en conflit avec le parlement

Pour la première fois depuis il a pris ses fonctions de président en août 2021, Ebrahim Raisi se heurte à l’Assemblée consultative islamique iranienne qui a rejeté pour la deuxième fois le candidat qu’il souhaite placer à la tête du ministère de l’Éducation et de l’enseignement. Jusqu’à présent, le candidat Massoud Fayadi n’a pas réussi à gagner la confiance du parlement iranien, et ce rejet catégorique confirme que le parlement, composé d’une majorité de radicaux, cherche à affirmer son existence et son indépendance.

La question de la candidature de Fayadi a suscité une vive polémique dans les cercles iraniens. Fayadi aurait obtenu 115 voix contre 140 voix défavorables et 5 abstentions, au cours d’une séance publique du Conseil de la Choura, organisée pour discuter des programmes du ministère de l’Éducation et des qualifications du candidat au poste de ministre. Le rejet de sa candidature serait dû à son lien de parenté avec le maire de Téhéran, Ali Reza Zakani.

Des médias iraniens ont indiqué que l’Assemblée consultative islamique a fermement refusé la nomination du beau-frère du maire de Téhéran au poste de ministre de l’Éducation, et qu’elle a âprement critiqué le président iranien pour son insistance sur cette candidature. Arguant que Fayadi n’est pas suffisamment qualifié pour assumer une telle fonction, l’Assemblé a précisé vouloir un candidat avec une expérience significative dans le domaine l’éducation.

Masoud Fayyadi a toutefois occupé plusieurs postes en Iran. Il a été rédacteur en chef du magazine “Rushd” au ministère de l’Éducation, directeur général des éditions et des sciences de l’enseignement au sein du même ministère, et assistant pour les affaires sociales et culturelles au Centre de recherche de l’Assemblée consultative islamique.

Ebrahim Raisi, qui a assisté à la session publique du Parlement, a tenté de défendre son candidat en expliquant que son choix est motivé par des compétences dignes de confiance pour lutter contre la corruption. Il a affirmé “J’ai pris la parole (…) depuis l’estrade du Conseil de la Choura en présence des représentants du peuple il y a 83 jours, et j’espérais que les problèmes du pays seraient résolus grâce aux efforts du gouvernement et à la coopération du parlement et du reste des institutions, et aujourd’hui, j’espère plus que jamais résoudre les problèmes du pays.”

Le chercheur spécialisé dans les affaires iraniennes, le Dr Masoud Ibrahim Hassan, estime que le rejet de Fayadi est principalement dû à deux choses. La première est qu’il n’est pas un employé du ministère de l’Éducation, et la seconde est liée à son lien familial par alliance avec le maire de Téhéran. Mais malgré les protestation des employés du ministère de l’Éducation, le président iranien insiste encore pour défendre son choix.

L’analyste a souligné dans une déclaration exclusive à “La Référence” qu’il s’agit d’une forte indication qu’il existe une politique “d’entêtement” qui régit le président iranien et son administration. Avec sa victoire aux élections présidentielles et le large soutien qu’il reçoit du Guide suprême et des Gardiens de la Révolution, il pensait que ses pouvoirs transcendaient les institutions de l’État, dont le parlement iranien qui a fermement répondu à cette obstination pour prouver son indépendance, et rappeler que le Président de la République n’a pas le droit de prendre des décisions qui ne relèvent pas de sa compétence.

Il a ajouté que le bras de fer qui se joue entre le président et le Parlement pourrait s’intensifier au cours de la période à venir, et décevoir les attentes de ceux qui espéraient qu’avec Raisi au pouvoir, une certaine harmonie s’installerait entre la présidence et le parlement. Les évènements actuels indiquent au contraire, que les affrontements qui ont eu lieu entre le parlement et l’ancien président Hassan Rouhani, sont en train de se reproduire avec Raisi.

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