Post-islamisme au Maroc : L’impact de la chute des Frères musulmans sur la religiosité populaire

Ce n’est un secret pour personne que la chute des groupes islamistes qui se présentent comme les gardiens de l’Islam, est perçue par certains comme une déclaration de guerre contre la religion. Après le renversement des Frères musulmans en Egypte suite à la révolution populaire du 30 juin, beaucoup de jeunes au sein de la Confrérie ont rejoint des organisations plus extrémistes. Par lassitude ou par esprit de contradiction, d’autres se sont tournés vers la laïcité, voire l’athéisme.

Depuis que le Parti islamiste “Justice et Développement” a perdu les élections législatives de septembre dernier, le Royaume du Maroc est devenu le dernier pays arabe à avoir débarrassé le pouvoir des Frères Musulmans. Désormais, certains craignent les conséquences de l’éviction des Frères musulmans du paysage politique, en particulier sur les jeunes, que le désespoir peut parfois encourager à rallier des groupes extrémistes.

Pendant des décennies, l’islam politique a fondé l’éducation sur la pratique du culte, le sacré et le profane, la législation et les peines légales prescrites par le Coran. Les valeurs morales et humaines sont quant à elles devenues secondaires. Au Maroc, cela a lancé un débat sur l’ère post-islamisme et son impact sur la religion.

La chercheuse marocaine Asmaa Merabet dit que le peuple marocain est religieux de part sa nature, mais que nul ne peut exploiter le discours religieux pour soumettre les individus ou les asservir, et “j’espère que cela les incitera à réviser leur pratique de la religion pour retourner à son essence, car sans elle, il ne reste que le culte des apparences”.

Elle estime que la religion doit être une source de force et non de fragilité, et explique que l’échec du projet de la Confrérie musulmane par le biais du Parti “Justice et développement” provient de l’exploitation de cette fragilité pour faire des promesses sur fond de principes religieux.

Dans un communiqué de presse, elle a ajouté que les citoyens, plus particulièrement les jeunes, se sont heurté à la réalité et qu’il existe aujourd’hui une sorte de prise de conscience de la futilité de ce discours qui ne leur propose ni alternative ni réponse à leurs difficultés. Il semble que si les citoyens marocains ont participé aux élections, c’est principalement pour punir le Parti “Justice et Développement” après lui avoir fait confiance.

Asmaa Merabet s’attendait à ce que la chute des Frères musulmans les incite à revoir leur discours, dénué de toute approche qualitative basée sur la fonction pédagogique et spirituelle de la religion. Au contraire, ils ont mis l’accent mis sur la pratique dogmatique, les slogans criards, et une interprétation au service de leurs intérêts, réduisant l’islam à un culte de rituels mécaniques opérés sans conscience et sans le moindre sens moral.

Related articles

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here