Le chef de la diplomatie turque en visite au Liban pour consolider la présence de la Turquie dans le pays

Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavuşoğlu, a exprimé mardi, lors d’une visite à Beyrouth, les regrets de son pays face à la crise qui trouble les relations entre le Liban et les pays du Golfe, et a appelé à une solution par le dialogue et la diplomatie. Et pour résoudre ce conflit, il a proposé la médiation de son pays.

La Turquie semble à nouveau exploiter les crises pour consolider sa présence dans un pays, comme elle l’a précédemment fait lorsqu’elle a traité la crise du Qatar avec les pays du Golfe.

Les déclarations du ministre turc sont arrivées dans un contexte ou Ankara poursuit des efforts soutenus pour se réconcilier avec l’Égypte, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, alors que les contacts n’en sont qu’à leurs débuts et qu’ils n’ont toujours pas abouti à une normalisation des rapports entre la Turquie et les États du Golfe.

La Turquie bénéficie d’une influence limitée au Liban comparée à celle de l’Iran, pour cela, depuis la montée des conflits entre le Liban et les pays arabes du Golfe, Ankara tente de s’infiltrer par les brèches en essayant de combler le vide “arabo-sunnite”.

L’année dernière, des rapports arabes et internationaux ont mentionné les efforts de la Turquie pour renforcer ses liens avec le “Courant du futur”, le Parti dirigé par l’ancien Premier ministre et homme d’affaires libanais, Saad Hariri.

Chargé de former un gouvernement, Hariri s’est rendu en Turquie en début d’année au plus fort de l’impasse politique. L’ancien Premier ministre s’est battu sur plusieurs fronts pendant neuf mois avant d’annoncer sa démission en raison des désaccords qui l’opposaient au président libanais, Michel Aoun, sur le choix des membres du gouvernement.

Il a fait appel au président turc, Recep Tayyip Erdogan, pour aider le Liban à résoudre la crise, et a discuté avec lui “des moyens de soutenir les efforts pour arrêter l’effondrement du pays et reconstruire Beyrouth une fois le nouveau gouvernement libanais formé”, selon les informations rapportées par l’agence de presse officielle libanaise.

Bien que le ministre turc ait proposé son aide, la Turquie ne s’est jamais immiscée dans une affaire étrangère sans s’assurer sa part du butin.

Le Liban est confronté à une crise diplomatique sans précédant avec les États du Golfe depuis qu’un ministre a fustigé l’intervention saoudienne au Yémen, ce qui a eu pour conséquence l’expulsion de l’ambassadeur du Liban de Riyad et l’interdiction d’importer des produits en provenance du Liban.

“Je tiens à souligner que nous sommes désolés pour la crise entre le Liban et certains pays du Golfe”, a déclaré Cavusoglu aux journalistes à Beyrouth. “Nous voulons résoudre ce problème le plus rapidement possible sur la base du respect mutuel et du dialogue diplomatique. En Turquie, nous sommes prêts à faire ce que nous pouvons à cet effet.”

Le ministre turc a appelé “tout le monde à soutenir le gouvernement de Nagib Mikati, pour que le Liban puisse sortir de la crise actuelle et que les législatives se tiennent à temps”. Lors d’une conférence de presse conjointe à Beyrouth avec son homologue libanais, Abdullah Bouhabib, il a estimé que la Turquie et le Liban partageaient une géographie et une destinée, ainsi que des relations historiques, culturelles et humaines profondément enracinées.

Il a affirmé que la Turquie attachait une importance permanente à la souveraineté, à la sécurité, à la stabilité et à la prospérité du Liban, et a rappelé le soutien et la solidarité témoignés par Ankara après les explosions dans le port de Beyrouth.

“Chacun doit apporter son soutien au gouvernement libanais afin de trouver des solutions aux crises auxquelles le pays est confronté et d’organiser au plus vite des élections générales”, a-t-il lancé, ajoutant : “Le peuple libanais ne devrait pas payer le prix du bras de fer régional, alors qu’il attend les solutions aux crises qu’il vit.”

Il a également rappelé le soutien de son pays à l’armée et aux forces de sécurité libanaises pour la sécurité et la stabilité, notant que la Turquie a prolongé d’un an sa contribution à la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL).

Le ministre turc a confirmé la volonté d’Ankara de développer ses liens avec le Liban, et a indiqué avoir discuté avec son homologue libanais des moyens de renforcer ces relations dans différents domaines, notamment le tourisme, l’énergie et l’agriculture.

Le ministre libanais des Affaires étrangères a pour sa part déclaré que son pays souhaitait de meilleures relations avec la Turquie. Il a exprimé son aspiration à fournir des facilités pour ouvrir les marchés turcs aux produits libanais, ajoutant : “Le Liban et la Turquie accueillent, en plus de la Jordanie et de l’Irak, le plus grand nombre de réfugiés Syriens, leur intérêt donc est d’unir leurs efforts et d’inviter la communauté internationale à assumer ses responsabilités pour une répartition équitable des charges, et à œuvrer pour le retour des personnes déplacées en toute sécurité .”

Le nombre de réfugiés syriens résidant au Liban est d’environ 1,5 million, dont environ 900 000 sont enregistrés auprès du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. La plupart d’entre eux souffrent de conditions de vie difficiles.

Cette visite officielle du ministre turc des Affaires étrangères à Beyrouth durera plusieurs jours. Il a rencontré le président Michel Aoun, le président du Parlement Nabih Berri, le ministre de l’Économie Amin Salam, et devrait rencontrer le Premier ministre, Najib Mikati.

Related articles

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here