Libye : Fermeture des bureaux de vote pour protester contre la candidature de Saïf al-Islam Kadhafi à la présidentielle

Des manifestants contre la candidature de Saïf al-Islam Kadhafi aux élections présidentielles ont fait fermer plusieurs bureaux électoraux dans l’ouest de la Libye, comme une première indication concrète du danger que représente la tenue de ces élections à la date prévue, soit dans moins de 40 jours.

Un membre du Conseil de la Haute Commission électorale a déclaré aujourd’hui : “Les habitants qui ont protesté contre la candidature de Saïf al-Islam Kadhafi aux élections présidentielles ont fermé un certain nombre de centres électoraux dans les villes d’al-Zawiya, Gharyan, al-Khums et Zliten, et nous avons appris la fermeture, non confirmée pour l’heure, de quelques autres bureaux de vote.”

Pour ce qui est des conditions dans lesquelles ces bureaux ont été fermés, la source qui n’a pas souhaité indiquer son nom a déclaré que l’opération “s’est déroulée pacifiquement sans aucune sorte de trouble contre les bureaux électoraux”, et que “certains centres ont accroché des banderoles exprimant le refus des habitants de ces villes d’organiser des élections pour des personnalités impliquées dans des crimes”.

En revanche, la source n’a pas évoqué le sort de la procédure d’inscription des candidats et de la distribution des cartes électorales dans les centres fermés, où le nombre total des électeurs dépasse 2,83 millions sur environ 7 millions de libyens.

Les médias locaux ont diffusé des images montrant des manifestants pacifiques à l’intérieur des bureaux de vote scandant des slogans contre la candidature de Saif al-Islam Kadhafi, qui est poursuivi en Libye et par la Cour pénale internationale.

Malgré l’annonce de la Commission électorale selon laquelle Saïf al-Islam Kadhafi a répondu aux “conditions légales” pour soumettre sa candidature officielle, le statut juridique du fils de Kadhafi, qui est condamné à mort en Libye et recherché par la justice internationale, reste un sujet de controverse.

Le 22 septembre, le maréchal Khalifa Haftar, commandant de l’armée nationale libyenne, a officiellement suspendu ses fonctions militaires, très probablement pour se présenter à l’élection présidentielle du 24 décembre, mais il n’a pas encore déposé sa candidature.

Malgré l’optimisme qui prévaut sur la scène politique libyenne, des voix contestent encore l’organisation de ces élections et les lois électorales adoptées par la Chambre des représentants dans une atmosphère de tension et d’ambiguïté, du fait qu’elles n’ont pas été adoptées de manière légale et consensuelle.

Le Conseil suprême d’État, qui est la chambre Haute du Parlement libyen, est le plus farouche opposant aux élections. Le Président du Conseil, Khaled al-Machri, a critiqué le Parlement pour sa promulgation unilatérale et sans consultation des lois électorales, alors que l’accord requiert la participation des deux Chambres (Représentants et Suprême) à l’élaboration de ces lois.

Dans de récents communiqués de presse, il a également appelé au boycott des élections et à un sit-in devant les centres électoraux et le siège de la Commission, pour exprimer le rejet de ce qu’il a qualifié d’élections “fausses” et “illégales”.

La Libye a plongé dans le chaos après la révolution de 2011 et tente de surmonter ce chapitre depuis que le dialogue a été lancé en novembre 2020 entre les partis libyens en Suisse, sous l’égide des Nations Unies. Ces pourparlers ont abouti à un cessez-le-feu et à la formation d’un gouvernement censé superviser les élections présidentielles du 24 décembre prochain, suivies des élections législatives de janvier 2022.

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