L’Algérie tente de renouveler son discours religieux pour combattre l’extrémisme

Depuis l’expérience macabre de la décennie noire des années 1990 en Algérie, l’extrémisme a en quelque sorte, changé de visage. Le discours religieux qui circule depuis les printemps arabes est, à quelques égards, différent des appels à la violence lancés impunément à travers les mosquées dans les années 1990. Conscients que désormais c’est sur les réseaux sociaux que tout se joue, les responsables algériens ont investi ces plateformes pour réorienter le discours religieux et améliorer les dispositifs du contrôle des mosquées.

Le secrétaire général du Conseil islamique, Bouzid Boumediene, a déclaré que l’Etat algérien veut faire de la Grande Mosquée d’Alger un symbole religieux, diplomatique et spirituel, afin qu’elle devienne le pôle africain des nouveaux arabisants et orientalistes en Europe.

Ce n’est pas la première fois que l’Algérie débat du renouvellement de son discours religieux. L’année 2017 a été marquée par une série de consultations indiquant que le pays est en train d’engager une réforme principalement basée sur l’éradication de la dimension idéologique dans le discours religieux, et le retour à l’authenticité de la culture nationale.

Il y a quatre ans, le ministère des Dotations et des Affaires religieuses a annoncé la création d’un comité qui travaille en coordination avec les départements concernés pour contrôler les éditions religieuses et assurer le suivi des services d’inspection des œuvres à l’intérieur des mosquées sur une base régulière et continue. Une volonté de revenir à l’ancienne version locale de l’islam, loin des influences des différentes sectes que beaucoup d’algériens considèrent comme étrangères à leur culture.


Outre le renouvellement du discours religieux, l’Algérie tente de contrer l’extrémisme de l’espace virtuel en structurant l’appareil policier et en créant des mécanismes de communication entre la police et le peuple pour restaurer la confiance populaire dans les forces policières, ce qui s’annonce difficile compte tenu du fossé qui s’est creusé entre les citoyens et les autorités en raison de la pression que celles-ci exercent sur eux à tous les niveaux.

L’Algérie a appelé à l’élaboration d’une charte internationale qui contrôle et valide les publications dans les médias sociaux afin de limiter la diffusion de la doctrine terroriste. La police algérienne a développé des capacités dans le domaine de la technologie numérique et la formation d’équipes spécialisées pour traquer les extrémistes sur Internet et surveiller les données publiées pour empêcher le recrutement de nouveaux éléments terroristes, principalement dans les quartiers populaires.

L’État Algérien a également fait part de sa décision de réglementer la “fatwa” religieuse pour lutter contre toute interprétation erronée de l’héritage islamique. Un observatoire national de lutte contre l’extrémisme religieux sera créé, avec pour mission de discuter des phénomènes liés à l’extrémisme religieux pour proposer des solutions et soumettre aux décideurs les recommandations appropriées.

Aujourd’hui, beaucoup d’algériens aspirent à réhabiliter leurs anciennes références religieuses et les valeurs de la modération et de tolérance, afin de préserver le patrimoine culturel du pays des idées destructrices qu’ils jugent étrangères à la culture locale, et cela doit inévitablement passer par le nettoyage des mosquées des fanatiques et des “takfiris”, la redéfinition du rôle social du culte religieux et l’éradication des discours extrémistes et haineux des prêches du vendredi.

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