Par une vieille ruse, la Confrérie tunisienne tente de faire son grand retour après la chute d’Ennahda

Ce qui reste de la Confrérie des Frères musulmans en Tunisie tente désespérément d’étouffer les affaires de corruption dans lesquelles sont impliqués un bon nombre de ses membres.

Après sa mort politique et la chute de sa cote de popularité, le mouvement frériste Ennahda s’efforce de trouver une alternative pour reprendre la rue tunisienne en ayant recours à une vieille ruse : les démissions massive et la création d’un nouveau parti politique.

L’annonce du nouveau parti a coïncidé avec la décision de Yamina Zoghlami, membre de l’Assemblée des représentants du peuple et proche de Ghannouchi, de se retirer de la vie politique.

La liste des démissionnaires du parti qui s’alonge depuis l’année dernière compte de grands noms, notamment son fondateur Abdel Fattah Mourou, l’ancien ministre Lotfi Zaitoun, et Abdelhamid Jelassi, qui a occupé d’importants postes de direction.

La décision annoncée par Abdellatif Mekki et Samir Dilou a soulevé de nombreuses polémiques sur les tenants de l’indépendance du nouveau parti vis-à-vis du mouvement Ennahda et de son leader Ghannouchi, ainsi que sur la scission opérée avec les Frères musulmans après le 25 juillet, par crainte de voir les affaires de corruption refaire surface. Il s’agit de la même mesure prise par les Frères musulmans égyptiens lorsqu’ils ont créé le Parti Wasat.

Le projet de ce nouveau parti qui verra bientôt le jour a été précédé par la création d’un autre parti appelé “Construction démocratique”, annoncé par le conseiller de Ghannouchi, Riad al-Shuaibi, après sa démission du mouvement. Il avait pris part aux élections de 2014 mais n’a pas obtenu beaucoup de voix, suite à quoi il a annoncé la dissolution du parti et le retour à Ennahda.

En août 2021, le président Kais Saied a gelé le Parlement et abrogé la plupart des chapitres de la constitution actuelle pour assumer à la fois le pouvoir exécutif et législatif en vue de réformes politiques qui incluent la modification de la constitution, du système de gouvernance et de la loi électorale.

Depuis, d’éminents dirigeants d’Ennahda ont exigé que le président du parti, Rached Ghannouchi, qui était également le président du parlement gelé par Kais Saied, démissionne de la direction du parti en raison de sa mauvaise gestion de la crise et de ses choix stratégiques depuis les élections de 2019.

Le mois dernier, Ghannouchi a limogé le bureau exécutif du parti pour tenter de calmer les protestations qui se sont élevées contre lui, mais n’a pas réussi à faire taire les critiques à son égard.

Ennahda est le parti le plus puissant en Tunisie depuis la révolution de 2011 qui a renversé l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali. Il a joué un rôle important en soutenant les gouvernements de coalition successifs.

Cependant, le parti a perdu sa popularité aux dernières élections, ainsi que le soutien dont il bénéficiait, en raison de la situation économique stagnante, de l’érosion des services publics et de l’escalade des protestations sociales.

Lorsque le président tunisien a annoncé les nouvelles mesures, le Mouvement islamiste Ennahda, le plus grand parti au parlement, a qualifié la décision de “coup d’État”, tandis que les tunisiens estiment que ces mesures font partie “de la bataille menée contre les Frères musulmans” représentés par Ennahda, même si le parti a pris ses distances avec la Confrérie ces dernières années.

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