Les Frères musulmans libyens ont lancé une course contre la montre pour entraver les élections prévues fin décembre, et proféré à l’encontre de la Commission électorale des menaces publiques de guerre civile et de campagne contre le droit électoral, si la candidature du maréchal Khalifa Haftar pour les présidentielles est acceptée.
Khaled al-Mechri, le président du Haut Conseil d’État et membre de la Confrérie des Frères musulmans, a menacé de rejeter les résultats de l’élection présidentielle en cas de victoire du commandant de l’armée, le maréchal Khalifa Haftar. Al-Mechri est allé plus loin que cela en menaçant le pays de guerre civile. “Haftar ne sera pas président de la Libye, même s’il devait passer sur les cadavres des Libyens. S’il devenait président, le peuple libyen des villes et des provinces de la région ouest résistera avec les armes, et plongera le pays dans une guerre civile”, a t-il averti.
Les menaces proférées par al-Mechri et d’autres dirigeants de la Confrérie musulmane en Libye, mettent en évidence leur crainte des élections et leur volonté de les entraver, comme cela s’est déjà produit aux élections législatives de 2014 avec le coup d’État nommé “L’aube de la Libye”, qui a déclenché le crise politique dans laquelle le pays est encore enlisé aujourd’hui.
Après avoir renoncé à son poste dans la direction de l’armée il y a plus d’un mois en faveur du chef d’état-major, le lieutenant-général Abdul Razzaq al-Nadori, on s’attend à ce que le maréchal Haftar annonce sa candidature aux élections présidentielles à une date ultérieure, contrairement à l’ancien ministre de l’Intérieur du gouvernement d’union nationale, Fathi Bachagha, qui a rapidement annoncé sa candidature et lancé une campagne à grande échelle à l’intérieur comme à l’extérieur.
En réponse à la menace du Frère musulman, Ahmed al-Swihli, d’attaquer la Commission électorale si elle validait la candidature de Haftar, et d’arrêter son président Imad al-Sayeh, Djibril Ouhida, un membre de la Chambre des représentants libyenne, a appelé à soumettre une plainte au procureur général, le conseiller Siddiq al-Sour, pour menaces à l’encontre de Imad al-Sayeh, précisant que le ministère public a le devoir d’agir pour empêcher un crime avant qu’il ne se produise.
Les observateurs ont indiqué que la Confrérie libyenne avait parié sur les poursuites qu’elle a intentées contre le maréchal Haftar aux États-Unis, espérant qu’une décision l’empêchant de se présenter soit rendue, mais la Cour fédérale de Virginie a décidé de suspendre ses séances de reddition de comptes, une décision qui a électrisé le groupe.
Khaled al-Mechri, le président du Haut Conseil d’État, avait précédemment adressé des menaces voilées au chef de la Haute Commission électorale, Imad al-Sayeh, selon lesquelles il l’obligerait à rejeter les lois adoptées par le Parlement concernant les élections, et par conséquent à mettre fin aux processus électoral. Il a également demandé au Conseil d’administration de la Commission électorale de suspendre les lois récemment approuvées par la Chambre des représentants, et envoyé une lettre au tribunal de Virginie aux États-Unis pour tenter d’influencer sa décision concernant le maréchal Haftar.
Al-Mechri ne s’est pas arrêté là mais a usé d’autres stratagèmes pour faire obstacle au droit de vote des libyens. Il a rencontré plusieurs maires de l’ouest de la Libye qui n’ont pas hésité à exprimer leur refus d’organiser les élections dans leurs communes si le processus électoral se déroulait conformément aux lois émises par le Parlement.
La loi sur les élections parlementaires approuvée par le Parlement libyen a suscité une vive controverse dans les milieux politiques, notamment en raison de son attachement aux listes individuelles au lieu des listes de partis, et de son approbation pour organiser les élections en conjonction avec le second tour des présidentielles, soit 30 jours après le premier tour prévu le 24 décembre 2021.
