A l’approche du 20e anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, l’écrivain et politologue, Hani Nassira, a publié une étude intitulée “Deux décennies après les événements du 11 septembre… Quatre étapes et dix caractéristiques du terrorisme international”.
L’étude a été publiée le 9 septembre 2021 par le “Trends Center for Research and Consultation” des Emirats Arabes Unis. Elle comprend une lecture anatomique caractérisée par une analyse précise et chronologique des évolutions et des mutations du terrorisme mondial, en matière de groupes extrémistes comme de lutte antiterroriste, en partant des événements du 11 septembre 2001 jusqu’à l’année en cours.
Les dernières grandes scènes de transformation
Le Dr. Hani Nassira a commencé son étude par une introduction dans laquelle il a mis en avant les changements majeurs les plus récents observés sur la scène du terrorisme mondial : Le retour au pouvoir des talibans en Afghanistan le 15 août 2021, précédé du retrait américain du pays après la plus longue guerre ayant été menée à l’étranger par les États-Unis. La victoire des talibans a encouragé de nombreuses autres organisations terroristes, comme les multiples branches d’al-Qaida et de Daech, à revenir sur le terrain en Afghanistan et dans d’autres pays de la région.
L’étude a également passé en revue les étapes du développement du terrorisme au cours des vingt dernières années. Le chercheur a distingué quatre étapes principales, la première étant la montée en puissance du terrorisme sur le plan organisationnel et idéologique entre 2001 et 2011, une décennie témoin d’un développement qualitatif des organisations terroristes et de leur activités.
La deuxième est une étape intermédiaire entre repli et rebond. L’écrivain situe ses débuts après l’assassinat du chef de l’organisation al-Qaïda, Oussama ben Laden, en mai 2011, et son remplacement par Ayman al-Zawahiri à la tête de l’organisation. Les développements se sont développements poursuivis sur la scène arabe et internationale jusqu’en 2013, année après laquelle a débuté la troisième étape, que le chercheur a intitulée “Daech et le retour de l’État et de l’ennemi proche après 2013”, en référence à la crise de la direction centrale qui a sensiblement affaibli sa capacité à mener des opérations d’envergure comme au cours de la décennie précédente. Les troubles observés dans certains pays du Moyen-Orient qui ont grandement facilité l’expansion de l’EI. Quant à la quatrième étape, il s’agit d’une déclaration prospective sur le retour des talibans et sur son impact sur le terrorisme mondial.
Il a souligné que deux décennies de guerre contre le terrorisme n’avaient pas réussi à mettre un terme aux formes violentes d’extrémisme, avertissant que le danger augmentait avec le retour du concept de “l’ennemi proche” et l’intensification de cette volonté d’établir un État et de renverser les régimes au pouvoir.
Dix caractéristique du djihadisme mondial
L’étude du Dr Hani Nassira a relevé dix caractéristiques du terrorisme international. La première : le retour des groupes djihadistes talibans en Libye et en Syrie, qui se sont fixé comme priorité de combattre les ennemis proches représentés par les régimes arabes au pouvoir, au lieu de combattre les ennemis lointains (les États-Unis en tête), comme indiqué lors de l’émergence des organisations djihadistes, et comme le font encore l’Etat islamique et les nouvelles branches d’al-Qaida.
La deuxième caractéristique est la propagation d’un important phénomène de schisme religieux et la multiplication des conflits entre les organisations terroristes, allant jusqu’à l’affrontement. Bien que des désaccords similaires aient toujours existé dans la phase post-jihadiste afghane et durant d’autres phases, les conflits se sont intensifiés au cours des dernières années, entre autres, en raison du principe du “takfir” (accusation d’athéisme).
La troisième caractéristique est l’intensification des conflits sectaires. Le chercheur a souligné que de nombreux groupes religieux armés se développent dans des environnements sectaires qui entretiennent ce phénomène, comme c’est le cas en Irak et en Iran.
Pour Hani Nassira, la quatrième caractéristique est la disparition des investigations destinées à éradiquer la doctrine extrémiste prônée par les organisations terroristes et à réduire le taux de recrutement et d’adhésion à celles-ci.
De brutales mutations
La cinquième caractéristique réside dans les nouvelles mutations brutales du terrorisme international, selon l’étude du Dr Hani Nassira qui en a fait la déduction à partir des actions armées qualitatives menées par les branches de la Confrérie des Frères musulmans en Égypte et en Libye, en représailles à l’amenuisement de leur présence et au revers de fortune qu’elles ont subi sur la scène politique des pays du Moyen-Orient.
Dans le sixième volet de son étude, le chercheur a passé en revue la stratégie régionale de certains pays influents dans l’emploi d’organisations terroristes à des fins d’intérêts politiques et stratégiques, suivi d’un septième volet intitulé “la crise de la chute de l’utopie islamiste”, dans lequel il a évoqué le dégoût de nombreux peuples touchés par de multiples vagues de terrorisme, envers la politique du djihad armé.
La huitième partie traite de l’entrée des mouvements soufis dans l’arène du terrorisme au cours de la deuxième décennie qui a suivi les événements du 11 septembre, comme l’émergence de l’ordre Naqshbandi en Irak.
Dans son neuvième chapitre intitulé “Stratégie solide et crise du symbolisme”, le politologue a indiqué que la traque de ces vingt dernières années contre les chefs de groupes extrémistes avait eu un impact considérable sur les organisations terroristes nationales et mondiales, et a donné naissance à une nouvelle génération souffrant d’une crise d’influence et de symbolisme religieux.
Enfin, dans le dixième volet, Hani Nassira s’est concentré sur l’existence d’une vigilance internationale qui veille à exploiter toutes les occasions d’affronter le terrorisme et les possibilités de le vaincre. Il a terminé son étude par un ensemble de conclusions concernant les variations du terrorisme mondial qui ocille entre ralentissement et explosion dans de nombreuses régions du monde.
