Après 20 ans de guerre, Washington a-t-il tourné la page du 11 septembre en se retirant d’Afghanistan ?

“Les États-Unis ont achevé le retrait de leurs forces militaires d’Afghanistan après près de vingt ans d’invasion à la suite des attentats du 11 septembre 2001 contre l’Amérique.” C’étaient les premiers mots prononcés le 30 août 2021 par le commandant du Commandement central américain, le général Kenneth McKenzie, après la fin du retrait de l’armée qui a exposé les citoyens américains et leurs collaborateurs afghans à la menace des talibans.

La question demeure. Les États-Unis et leur président Joe Biden ont-ils tourné la page le 11 septembre, et ont-ils pu gagner leur combat contre le terrorisme en se retirant d’Afghanistan et en cédant le pouvoir aux talibans ?

Les attentats du 11 septembre… De Bush à Biden

Il convient de remonter à 1996, l’année ou Oussama ben Laden, le chef d’Al-Qaïda, a transféré ses opérations du Soudan en Afghanistan. Les talibans lui avaient offert refuge et soutien, et c’est à partir de là que le chef d’al-Qaïda a commencé à mettre en œuvre les attentats spectaculaires du 11 septembre 2001 contre les tours du World Trade Center à New York et le Pentagone à Washington, entrainant la mort d’environ 3 000 personnes.

Le gouvernement du président américain de l’époque, George W. Bush, à répondu à ces attaques en déclarant la guerre au terrorisme et en envahissant l’Afghanistan avec le soutien d’une coalition internationale pour éliminer al-Qaïda et arrêter Ben Laden.

Les forces américaines sont restées en Afghanistan pendant 20 ans, jusqu’à ce que le nouveau président Joe Biden vienne annoncer le retrait de ses forces militaires, choisissant le 11 septembre 2021 comme date symbolique du retrait complet des troupes. Immédiatement après la fuite à l’étranger du président afghan Ashraf Ghani le 15 août 2021, les talibans ont annoncé leur contrôle sur la capitale, Kaboul.

La guerre continue

Malgré cela, Biden a continué à défendre sa décision de se retirer d’Afghanistan, expliquant qu’il s’agissait de l’option la plus appropriée pour Washington qui n’a que deux choix, le départ ou l’escalade militaire.

Pendant ce temps, les attaques ont commencé à se multiplier dans toutes les régions d’Afghanistan. Le premier bombardement a eu lieu à l’aéroport de Kaboul le 26 août 2021, et a fait au moins 60 morts dont 13 soldats américains et des dizaines d’afghans.

Dans ce contexte, peut-on considérer que Washington a mis fin à sa guerre contre le terrorisme? Ou y a-t-il une autre stratégie prévue pour contrôler la situation en Afghanistan ?

Le président américain a répondu à cette question en indiquant que Washington compte bien poursuivre sa guerre contre le terrorisme en Afghanistan et répondre à l’Etat islamique sur le territoire afghan avec plus de force. “Nous poursuivrons la guerre contre le terrorisme en Afghanistan et dans d’autres pays”, a t-il affirmé, et en s’adressant à l’Etat islamique de la province de Khorasan ((EI-K), il a ajouté : “Nous n’en avons pas encore fini avec vous!”

À ce sujet, Muhammad al-Sharqawi, professeur spécialiste des conflits internationaux à l’Université George Mason de Washington, a indiqué dans un communiqué de presse que les attentats de Kaboul et la volonté de Biden de traquer l’État islamique de la province de Khorasan, sont une reproduction du schéma du l’ancien président George Bush qui avait promis de poursuivre al-Qaïda en représailles aux attentats du 11 septembre 2001.

Une seule chose est sûre, le peuple afghan va de nouveau devoir affronter de grandes souffrances au cours de la période à venir, sous le régime des talibans qui, comme la première fois, ont pris le pouvoir par la violence et les armes et non grâce à la volonté du peuple. Leur promesse de protéger les femmes et leurs droits ne survivra pas, et la guerre américaine contre le terrorisme n’est pas près de prendre fin.

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