Les médias tunisiens ont annoncé l’arrestation dimanche de Nabil Karoui, ancien candidat à la présidentielle et magnat des médias tunisiens, par les autorités algériennes, après son entrée secrète et illégale en Algérie en traversant des zones montagneuses alors que les frontières entre les deux pays son fermées.
On ignore encore si l’Algérie a l’intention de l’extrader vers la Tunisie. Cependant, les observateurs ont estimé que l’arrestation de Nabil Karoui est un geste de bonne volonté de la part de l’Algérie qui a intensifié ses visites et ses contacts avec son voisin depuis les mesures exceptionnelles prises par le président Kais Saied en juillet.
Nabil Karoui est le propriétaire de Nessma TV et le chef du parti “Qalb Tounes” (Cœur de Tunisie), le deuxième parti du parlement tunisien dont le président Kais Saied a gelé les activités le mois dernier. Il a été arrêté en même temps que son frère député, Ghazi Karoui.
Après avoir passé plus de six mois en prison en Tunisie pour blanchiment d’argent et évasion fiscale, les autorités judiciaires ont libéré Nabil Karoui le 15 juin. Le tribunal enquête encore sur son cas. Karoui a déclaré être innocent et a rejeté la responsabilité de son emprisonnement sur ses ses opposants politiques.
La télévision tunisienne et Radio Mosaïque FM ont indiqué que Karoui était entré secrètement dans la ville algérienne de Tébessa, et que lui et son frère devaient comparaître devant un tribunal algérien.
Les visites successives en Tunisie du ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, et les contacts continus du président algérien Abdelmadjid Tebboune, trahissent l’inquiétude de l’Algérie face aux changements en cours chez son voisin depuis que le président Kais Saeid a annoncé des décisions qui sonnent le début de la fin du régime islamiste avec qui l’Algérie entretenait de bonnes relations.
Les positions du parti de Karoui, “Qalb Tounes”, étaient caractérisées par une certaine confusion et beaucoup d’hésitation. Aucune déclaration n’a été publiée par Nabil Karoui concernant les mesures annoncées par Kais Saied, à savoir la suspension des travaux du parlement et la destitution du Premier ministre Hisham al-Mashishi.
Les dirigeants du parti s’étaient dans un premier temps opposés aux mesures du président tunisien. Ils se sont ensuite rétractés et ont annoncé leur soutien à l’égard de ces mesures exceptionnelles, puis se sont à nouveau mis à les critiquer et à les remettre en question.
En 2019, Nabil Karoui a battu la majorité des candidats et a atteint le second tour de la présidentielle, pour finalement perdre face à Kais Saied qui a largement remporté l’élection.
