Le Premier ministre israélien Naftali Bennett présentera son plan concernant l’Iran lors de sa première visite à la Maison Blanche

Pour sa première visite à la Maison Blanche, le Premier ministre israélien, Naftali Bennett, voudrait convaincre le président américain Joe Biden de durcir son approche envers l’Iran, et avec peu de chance, leur entretien mènerait à évoquer la question de la paix israélo-palestinienne.

Israël et les États-Unis ont exprimé leur espoir de voir la réunion de jeudi se dérouler dans un esprit positif entre Biden et Bennett, un politicien d’extrême droite et millionnaire du secteur de la haute technologie qui a mis fin en juin au règne de 12 ans de Benjamin Netanyahu en tant que Premier ministre.

Une atmosphère positive contrasterait fortement avec les années de tensions entre le conservateur Netanyahu, proche de l’ancien président Donald Trump, et la dernière administration démocrate dirigée par Barack Obama avec Biden comme vice-président.

“Il y a une nouvelle administration aux États-Unis et un nouveau gouvernement en Israël et j’apporte un nouvel esprit de coopération avec moi de Jérusalem”, a déclaré Bennett mardi à l’aéroport Ben Gourion de Tel Aviv avant son départ pour Washington.

Cette visite donne à l’administration américaine l’occasion de faire preuve d’un certain statu quo envers son plus proche allié au Moyen-Orient, pendant qu’elle fait face à une situation dramatique en Afghanistan, sans doute la plus grande crise de politique étrangère que Biden ait connue depuis son entrée en fonction.

En parallèle, Israël fait face à l’inquiétude de Washington concernant la construction de nouveaux logements dans les colonies juives de Cisjordanie occupée, des terres que les palestiniens veulent pour créer un État. Les désaccords américano-israéliens sur la question étaient totalement absents lorsque Donald Trump était au pouvoir.

En outre, Bennett semble moins acerbe mais tout aussi résolu que Netanyahu dans son engagement à empêcher l’Iran de fabriquer l’arme nucléaire, déclarant dimanche lors d’une réunion du cabinet que la situation avait atteint un point critique.

“Je dirai au président Biden qu’il est temps d’arrêter les iraniens, d’arrêter cette chose, de ne pas leur donner une bouée de sauvetage sous la forme de réintégrer un accord nucléaire expiré “, a indiqué Bennett.

Un responsable américain a déclaré que les supplications attendues de Bennett pour que l’administration Biden abandonne ses efforts visant à relancer l’accord nucléaire avec l’Iran ne porteront probablement pas leurs fruits.

Sous les acclamations des israéliens, Trump a retiré en 2018 les États-Unis de l’accord nucléaire de 2015 conclu entre l’Iran et six puissances mondiales. Il l’a jugé trop avantageux pour Téhéran sur qui il a réimposé des sanctions.

Dans un rapport consulté la semaine dernière par Reuters, l’Agence internationale de l’énergie atomique a déclaré que l’Iran avait accéléré l’enrichissement de l’uranium à une qualité presque militaire.

L’Iran a toujours nié avoir cherché à fabriquer une bombe atomique, mais l’enrichissement de l’uranium a soulevé des tensions avec l’Occident alors que les deux parties tentent de reprendre les pourparlers pour relancer l’accord qui vise à freiner les activités nucléaires de Téhéran, en échange de la levée des sanctions.

Bennett a déclaré à son cabinet qu’il présenterait à Biden “un plan ordonné que nous avons formulé au cours des deux derniers mois pour freiner les iraniens, à la fois dans la sphère nucléaire et vis-à-vis de l’agression régionale”. Il n’a donné aucun autre détail.

À l’aéroport de Tel-Aviv, Bennett a annoncé aux journalistes qu’il partagerait avec Biden les conclusions qu’Israël a tirées de sa vaste campagne de rappel du vaccin COVID-19 visant à maitriser la variante Delta.

Bennett, 49 ans, est le fils d’immigrants américains en Israël. Ancien chef du principal conseil des colons israéliens de Cisjordanie, il dirige une coalition improbable composée de partis de gauche, de droite, du centre ainsi que de partis arabes.

Avec un consensus sur un État palestinien quasiment impossible au sein du gouvernement israélien diversifié, Biden et ses collaborateurs ne devraient pas faire pression sur Bennett lors de sa première visite à l’étranger pour qu’il fasse des concessions majeures envers les palestiniens.

Les deux chefs d’Etats s’entretiendront brièvement autour du bureau ovale avec un petit groupe de journalistes, mais ne tiendront pas de conférence de presse conjointe.

Même avec très peu de signes de pression montrés par les États-Unis pour qu’Israël reprenne les négociations de paix avec les palestiniens qui se sont effondrées en 2014, les inquiétudes de Washington concernant ses activités de colonisation dans les zones qu’il a occupées lors de la guerre du Moyen-Orient de 1967, pèsent lourd sur l’Etat hébreu.

L’administration Biden a déjà clairement indiqué qu’elle s’opposait à une nouvelle expansion des colonies juives sur les territoires occupés. La plupart des pays considèrent ces implantations illégales, mais Israël conteste systématiquement ce “reproche”.

Jusqu’à présent, Bennett, qui a préconisé l’annexion de certaines parties de la Cisjordanie, a avancé avec prudence sur la question des colonies.

L’approbation donnée la semaine dernière pour construire 2 200 nouvelles maisons pour les colons et 800 pour les palestiniens a été reportée, parait-il, pour éviter de créer des dissonances avec Washington juste avant la visite de Bennett, selon lequel des réunions sont prévues mercredi avec le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, et le secrétaire à la Défense, Lloyd Austin.

Mais la montée des tensions et la violence qui sévit le long de la frontière entre Israël et Gaza, trois mois après une guerre de 11 jours entre les forces israéliennes et les militants palestiniens, pourraient bien jeter une ombre sur le séjour de Bennett à Washington.

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