La Tunisie demande une révision urgente de son accord commercial avec la Turquie

La Tunisie a décidé de modifier voire d’annuler l’accord commercial signé avec la Turquie au vu de son déficit élevé avec le pays, qui représente le troisième plus gros déficit commercial de la Tunisie avec un pays, après ceux de la Chine et de l’Italie.

La Turquie a commencé à ressentir l’impact des changements en cours en Tunisie après la décision du président Kais Saied de geler les activités du Parlement et de limoger le gouvernement, mettant fin au contrôle des alliés islamistes de la Turquie dans le pays.

Au fil des années, l’accord commercial qui lie la Tunisie et la Turquie a fait l’objet de controverses, car les produits turcs ont inondé les marchés tunisiens et ont provoqué la fermeture d’usines locales, entrainant un fort taux de chômage parmi les artisans et les ouvriers. En 2021, le déficit commercial de la Tunisie avec la Turquie a atteint 2,5 milliards de dinars (900 millions de dollars), rendant urgente la révision de cet accord.

Nabil Arfaoui, le directeur de la coopération avec l’Europe au ministère du Commerce, a déclaré que la Tunisie cherchait à procéder à une révision urgente de l’accord commercial avec la Turquie dans le but de réduire l’évolution du déficit, notant que “les négociations avec la Turquie seront ouvertes à la modification ou même à l’annulation de l’accord, selon leurs résultats.”

Les experts soulignent que l’accord de partenariat et de libre-échange avec la Turquie remonte à 2005, mais que pendant des années, le processus d’importation et d’exportation était équilibré sans qu’une partie n’affecte l’autre. Ils précisent qu’à l’époque, le marché tunisien n’était pas inondé de produits turcs les plus courants comme les produits alimentaires, l’habillement, les outils de construction et même les produits pour animaux, comme cela est le cas depuis 2011, après l’arrivée au pouvoir des islamistes.

Un commerçant tunisien, s’est entretenu avec Middle East Online et a raconté qu’il a été contraint de fermer sa boutique de la rue d’Espagne, située dans le centre de Tunis, car il lui a été impossible de rivaliser avec les produits turcs qui ont inondé la place. En effet, une simple promenade dans cette rue animée de la capitale tunisienne permet de s’apercevoir que de nombreuses boutiques ne proposent que du “Made in Turkey”, et vendent même des objets de décoration d’inspiration turco-ottomane.

A plusieurs reprises, des campagnes ont été lancées pour boycotter les marchandises turcs qui portent de grands préjudices aux fabricants locaux et à l’économie nationale, mais elles ont toujours été ignorées. La situation s’est détériorée jusqu’à dépasser les limites du bon sens. Le volume des marchandises turques importées a atteint 90%, contre 4% d’exportations de produits tunisiens vers la Turquie.

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