Les talibans exploitent les réseaux sociaux pour se rapprocher de l’Occident

Les talibans contrôlent à nouveau l’Afghanistan après 20 ans de guerre contre le terrorisme.

Les “nouveaux” talibans se veulent rassurants, mais le département d’État américain rappelle que le groupe “a l’un des pires bilans au monde en matière de droits humains” et offre un refuge sûr pour al-Qaïda, selon ABC News.

La seule différence notable entre les talibans d’hier et ceux d’aujourd’hui est le recours aux médias sociaux et autres plateformes de propagande non réglementées.

Les talibans ont désormais le pouvoir de communiquer directement avec le reste du monde et de manipuler les évènements chez eux comme à l’étranger. Les experts affirment que le groupe mène des campagnes de propagande incessantes, profitant de la désinformation ambiante et d’un manque avéré de culture médiatique.

Pendant que le monde est inondé de photos et de vidéos de journalistes et d’habitants de Kaboul qui tentent désespérément de prendre la fuite, les médias contrôlés par les talibans assurent que la ville est “parfaitement stable et normale”.

Selon les experts, les discours modérés que tiennent les talibans et qui sont en totale contradiction avec leur politique violente et répressive, font partie d’une stratégie destinée à légitimer devant l’Occident sa présence sur la scène internationale, après la chute étonnamment rapide du gouvernement afghan.

“Ils (les talibans) ont une stratégie médiatique depuis de nombreuses années maintenant”, a déclaré Tom Joskin, membre de la Fondation pour la défense des démocraties, un groupe de réflexion à but non lucratif basé à Washington. “Ils utilisent les plateformes des réseaux sociaux pour diffuser leurs messages et réagissent vite, plus vite que le gouvernement afghan, face aux événements.”

“L’autre point clé, c’est qu’ils sont très à l’écoute de l’Occident et savent comment jouer avec les journalistes et comment tenir les discours trompeurs qui séduisent les occidentaux”, a-t-il ajouté.

Selon les données les plus récentes de la Banque mondiale (2017), seulement 11,4 % de la population afghane utilise Internet, une forte augmentation par rapport au taux de 0 % de l’époque ou les talibans étaient au pouvoir, mais toujours loin derrière la référence mondiale de 49 %. Cela indique également que le public ciblé par les talibans se trouve en réalité à l’extérieur du pays.

Pendant ce temps, leur public local est victime de l’infrastructure médiatique en ruine de l’Afghanistan, ce qui rend complexe le filtrage des fausses déclarations faites par le mouvement à nouveau au pouvoir. De plus, comme dans de nombreuses régions du monde, les chercheurs indiquent que la méconnaissance de l’outil Internet dans la région double le risque de voir la propagande considérée comme une réalité légitime.

Josklin a fait remarquer que le porte-parole du groupe, Zabihullah Mujahid, est actif sur Twitter depuis des années, et que les talibans diffusent régulièrement en ligne des messages dans plusieurs langues, dont l’anglais, l’arabe, le pashto et l’ourdou.

“En fait, je pense qu’ils sont capables de publier quotidiennement des messages dans plusieurs langues, peut-être plus que le département d’État”, a-t-il ajouté.

Alors que la répression contre l’extrémisme en ligne a mis à mal de nombreux éléments associés à des groupes terroristes, les talibans opèrent en général sans entrave sur Twitter. Le département d’État américain n’a par ailleurs pas désigné les talibans comme groupe terroriste, et les entreprises privées s’alignent la plupart du temps avec le gouvernement sur ces questions, mettant régulièrement les plateformes de réseaux sociaux dans une position délicate. Par exemple, leur décision très médiatisée d’exclure l’ancien président américain Donald Trump a provoqué l’indignation même parmi les détracteurs les plus virulents de Trump.

Contrairement à Twitter, Facebook affirme que les talibans sont interdits sur sa plate-forme depuis des années en vertu des politiques sur les “organisations dangereuses”, citant la façon dont les États-Unis ont sanctionné le groupe en tant qu’organisation terroriste bien qu’il ne figure pas sur la liste distincte du département d’État.

Facebook a déclaré que les comptes détenus par ou au nom des talibans avaient été supprimés, et qu’une équipe d’experts locaux multilingues travaillait à identifier les problèmes qui surgissent sur la plateforme.

Pendant ce temps, il y a environ 6 responsables talibans actifs sur Twitter, avec 1 million de followers. Leurs récents tweets semblent dépeindre des talibans pacifiques et plus ouvert à l’Occident.

L’étude a indiqué que les talibans ont eu recours aux médias sociaux en partie parce que leur utilisation ne nécessite pas d’infrastructure avancée ou d’expertise médiatique. Avec des ressources relativement limitées, le mouvement a fait de sorte à être plus présent sur la toile que le gouvernement afghan.

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