Le mollah Abdul Ghani Baradar arrive à Kandahar en provenance de Doha et se rendra bientôt à Kaboul

Un porte-parole des talibans a annoncé sur Twitter que le chef du bureau politique du mouvement, le mollah Abdul Ghani Baradar, est arrivé dans la province de Kandahar en provenance de Doha. Les observateurs voient en cette visite un geste symbolique qui rapproche le monde avec l’établissement de ce que les talibans appellent “l’Émirat islamique d’Afghanistan”.

Le mollah Abdul Ghani Baradar est apparu comme l’une des figures les plus en vue de la délégation qui a représenté le mouvement taliban pendant les négociations de Doha avec le gouvernement afghan. Après la prise du pays par les talibans, le mollah est arrivé en affichant un air ostentatoire de triomphe.

Des médias, dont le Washington Post, ont confirmé le retour du mollah Baradar à Kandahar, soulignant dans un rapport intitulé “Le véritable chef des talibans arrive en Afghanistan” que “son retour est une indication de la consolidation du régime taliban au milieu de la reddition presque complète des forces armées afghanes et d’un retrait chaotique des forces et des diplomates occidentaux ces derniers jours.”

Bien que le leader officiel du mouvement soit le mollah Haibatullah Akhundzada, Baradar reste son leader politique et la personnalité la plus populaire parmi les dirigeants talibans. Il est considéré comme l’homme “modéré” du mouvement radical.

Son apparition la plus marquante a été rendue célèbre par une vidéo publiée sur les réseaux sociaux après l’entrée des talibans dans la capitale afghane le 15 août, et dans laquelle le mollah Baradar a salué la victoire de son mouvement.
Baradar, l’un des fondateurs et chef adjoint du mouvement, est considéré comme un futur leader potentiel de l’Afghanistan, ou de ce qu’Akhundzada appelle un “gouvernement islamique pur”.

Barader a cofondé le mouvement avec le mollah Muhammad Omar, décédé en 2013. Il dirige actuellement le bureau politique des talibans et a fait partie de l’équipe qui a mené les négociations à Doha entre le mouvement et le gouvernement pour parvenir à un accord politique et un cessez-le-feu.

Les deux parties ont signé un accord dont les termes n’ont pas été mis en œuvre comme convenu pour ce qui est du partage du pouvoir. Les réunions ont finalement servi à gagner du temps ; Pendant que les négociations se déroulaient à Doha entre la délégation du gouvernement afghan et celle des talibans, ces derniers poursuivaient leur progression sur le terrain.

Avec le début du processus de retrait des forces américaines d’Afghanistan, les talibans avaient pris le contrôle de la majeure partie du territoire afghan et des passages stratégiques vers les pays voisins, ce qui a facilité leur avancée vers la capitale, Kaboul.

Barader est né en 1968 dans la province méridionale d’Uruzgan et a grandi à Kandahar. Dans les années 1980, il a participé à la lutte contre l’occupation soviétique. Lorsque les russes ont été expulsés en 1992 et que le pays a plongé dans une guerre civile entre chefs de guerre rivaux, il a créé une école à Kandahar avec son collègue et gendre, le commandant Muhammad Omar. Le duo a ensuite fondé le mouvement taliban selon The Guardian.

L’agence de renseignement intérieure du Pakistan a aidé les talibans à prendre le pouvoir. Baradar, qui était à l’époque l’adjoint du mollah Omar, était considéré comme l’architecte de ces victoires. Pendant le règne du groupe entre 1996 et 2001, l’homme a occupé divers postes dont celui de gouverneur d’Herat et de Nimroz. Il est devenu vice-ministre de la Défense lorsque les États-Unis et leurs alliés afghans ont renversé le mouvement en 2001.

Après la défaite, il devient le véritable chef du “Quetta Shura Council” qui représentait la direction des talibans en exil, avant que les services de renseignement pakistanais ne l’arrêtent dans la ville pakistanaise de Karachi en 2010. Il a été libéré en 2018 sous la pression de l’administration américaine de l’ancien président Donald Trump qui cherchait son soutien dans les négociations entre le mouvement et le gouvernement afghan. Il a été nommé chef du bureau politique du mouvement à Doha.

Les experts affirment que c’est Barader qui a conçu le plan des “négociations de paix” dans le but de gagner du temps. Il est “le vainqueur incontesté de la guerre de 20 ans”, a écrit The Guardian. Certains pensent que “le mollah Abdul Ghani Baradar est en passe de devenir le nouveau président de l’Afghanistan sous le régime des talibans avec la sortie d’Achraf Ghani”.

Un scénario qui conviendrait à Doha, le grand gagnant du retour au pouvoir des talibans. Le Qatar a parié sur le mouvement en accueillant son leadership à Doha et en parrainant les négociations entre lui et le gouvernement afghan.

Les observateurs estiment que les talibans s’emploient à récompenser en premier lieu leurs amis qataris qui les ont hébergés et soutenus en mettant à leur disposition des canaux de communication diplomatique avec les grandes puissances, soulignant que le gain le plus important pour Doha est la reconnaissance des talibans qui pourrait l’aider à relancer ses efforts pour représenter d’autres mouvements islamiques.

Les cycles des négociations ont abouti à la signature d’un accord sur le retrait des forces étrangères d’Afghanistan et d’un autre accord sur la tenue de pourparlers de paix avec le gouvernement. Lors de son voyage, Bardar a rencontré à Doha le ministre qatari des Affaires étrangères, le Cheikh Mohammed bin Abdulrahman Al Thani, et une délégation du mouvement. Les deux parties ont évoqué “les derniers développements sécuritaires et politiques en Afghanistan”, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères du Qatar.

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