Le Qatar se détourne du Parti islamiste tunisien “Ennahda” et fustige son dirigeant

Les équipes médiatiques du Qatar semblent avoir lancé une campagne de critiques sur les performances économiques et politiques du mouvement tunisien Ennahda et de son leader, Rashid Ghannouchi. Un échec retentissant qui a conduit le président tunisien Kais Saied à prendre des mesures exceptionnelles le 25 juillet dernier.

Les proches du Qatar et les partisans de ses alliances avec les organisations islamiques politiques n’ont pas retenu l’accusation de coup d’Etat contre la constitution portée contre le président Qais Saied, ils blâment plutôt Ennahda et son leader d’être responsables d’une grande partie de la crise.

Azmi Bishara, ancien député arabe-israélien réfugié au Qatar et proche du cercle des dirigeants qataris, a publié sur sa page Facebook officielle un article dans lequel il a fustigé la politique du mouvement islamiste tunisien qu’il accuse de cautionner la corruption et de s’accrocher au pouvoir.

Il a déclaré : “Ennahda s’accroche au pouvoir à tout prix, même lorsque le seul moyen est de sceller des alliances opportunistes.”

Azmi Bishara a expliqué que la multiplicité de ses alliances faisait paraitre d’Ennahda comme faisant partie d’un système corrompu qui ne se préoccupe pas tant des principes et des valeurs que de l’autorité et de ses avantage, l’accusant de “marchander avec la justice transitionnelle et la lutter contre la corruption”.

L’académicien a ouvertement accusé Rashid Ghannouchi d’avoir mis Ennahda dans le pétrin en s’accrochant à la présidence du Parlement. Certains voient cette prise de position comme un aveu tardif du Qatar que le leader d’Ennahda est l’un des principaux perturbateur en Tunisie, en particulier au sein du Parlement.

Il a poursuivi dans son article : “Ennahda est apparu comme s’il représentait tous les Partis dégradés lorsqu’il s’est mis à insister sur la présidence du Parlement et sur le fait que seul le président du mouvement (et personne d’autre) peut être à la tête de celui-ci, et également pour sa direction d’une coalition qui soutient un gouvernement au point mort. Si (Ennahda) était dans l’opposition, il aurait été dans une position beaucoup sûre, et si le leader du mouvement était resté en dehors de cette mêlée, cela aurait été préférable pour lui et pour le mouvement.”

Ainsi, Doha rejoint tardivement l’avis des opposants à Ennahda et même des dirigeants islamistes, qui ont rejeté Ghannouchi en tant qu’administrateur des affaires du mouvement et président du Parlement.

Lors de la dernière réunion du Conseil de la Choura, Ennahda a connu des conflits entre ses branches. Certain dirigeants ont appelé à la nécessité de retirer Rashid Ghannouchi de la direction du mouvement et d’envisager des changements de stratégies, mais les Partis entourant le président d’Ennahda ont refusé.

Il est à noter que les critiques adressées à Ghannouchi par l’une des branches médiatiques du Qatar constituent une évolution majeure, d’autant que Doha est accusé par certains opposants tunisiens à l’islam politique d’apporter un soutien financier à Ennahda, des allégations que le mouvement a nié à plusieurs reprises.

De nombreux développements jouant en sa défaveur semblent se profiler devant le mouvement islamiste tunisien. Le Qatar a l’air de s’en détourner, et les divisions en interne n’ont jamais été aussi exacerbées.

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