Les talibans resserrent l’étau sur l’Afghanistan rural

Les talibans se sont emparés samedi du fief d’un chef de guerre afghan selon des responsables. Il s’agit de la deuxième capitale provinciale à tomber aux mains des insurgés en moins de 24 heures.

Le vice-gouverneur de la ville de Sheberghan, capitale de Jawzjan, a déclaré que les forces gouvernementales et les responsables s’étaient retirés à l’aéroport situé à la périphérie de la ville pour organiser leur défense.

“La ville est malheureusement complètement tombée”, a déclaré à l’AFP le vice-gouverneur de Jawzjan, Qader Malia.
Sheberghan est la ville du célèbre chef de guerre et principal représentant de la communauté ouzbek en Afghanistan, Abdul Rashid Dostom, rentré au pays cette semaine après un séjour médical en Turquie. Il serait actuellement à Kaboul.

Les talibans contrôlent de vastes territoires de l’Afghanistan rural depuis le lancement d’une série d’offensives en mai, dès le début des opérations de retrait des troupes étrangères.

Vendredi, la ville de Zaranj à Nimroz est tombée aux mains des talibans “sans affrontement”, selon son vice-gouverneur, devenant ainsi la première capitale provinciale prise par les insurgés.

plusieurs sources ont indiqué à l’AFP qu’il y a eu davantage de résistance à Sheberghan, mais un collaborateur de Dostom a confirmé que la ville avait été prise.

Dostom a supervisé l’une des plus grandes milices du nord, une région qui a acquis une réputation redoutable dans sa lutte contre les talibans dans les années 1990. Selon certaines accusations, ses forces auraient massacré des milliers de prisonniers de guerre rebelles. Une retraite de ces milices anéantirait l’espoir du gouvernement afghan de les rallier pour renforcer l’armée débordée du pays.

Les publications sur les réseaux sociaux semblent indiquer que les talibans ont été favorablement accueillis par certains habitants de la ville de Zaranj, connue pour l’anarchie qui y règne. Elles ont montré les talibans défilant dans des Humvees américains saisis, des SUV de luxe et des camionnettes filant à toute vitesse à travers les rues et arborant les drapeaux blancs des talibans, pendant que les habitants, principalement des jeunes hommes, les acclamaient.

D’après des responsables, l’une des premières choses que les insurgés ont faites en entrant à Zaranj a été d’ouvrir les portes d’une prison locale pour libérer les prisonniers talibans et ceux condamnés pour des infractions de droit commun.

Des vidéos sur Twitter ont montré des foules pillant les locaux du gouvernement, volant des bureaux, des chaises, des armoires et des téléviseurs. L’authenticité des enregistrements n’a pas été confirmée.

“Les forces de sécurité afghanes ont perdu le moral à cause de l’intense propagande des talibans”, a déclaré à l’AFP un haut responsable de la ville qui a requis l’anonymat.

“Même avant les attaques des talibans… la plupart des forces de sécurité ont posé leurs armes au sol, retiré leurs uniformes, quitté leurs unités et se sont enfuies”, a-t-il déploré.

Le gouvernement n’a encore fait aucun commentaire officiel sur la chute des deux villes.

La capture de Sheberghan a eu lieu un jour après l’assassinat à Kaboul du responsable du service information des médias du gouvernement afghan. Le meurtre a été revendiqué par les talibans.

Après l’échec d’une tentative d’assassinat contre le ministre afghan de la Défense mardi, les talibans ont averti qu’ils viseraient désormais les hauts responsables de l’administration en représailles à la multiplication des frappes aériennes.

Les talibans contrôlent déjà une grande partie des zones rurales et défient à présent les forces gouvernementales dans d’autres capitales provinciales, notamment Herat, près de la frontière occidentale de l’Iran, et Lashkar Gah et Kandahar dans le sud.

Depuis Kunduz, le militant Rasikh Maroof a déclaré samedi par téléphone à l’AFP que les combats avaient fait rage pendant la nuit à la périphérie de plusieurs quartiers de la ville, les talibans n’ayant apparemment pas réussi à s’imposer de manière significative.

Les forces gouvernementales “se sont vraiment défendues”, a-t-il déclaré, “en utilisant des frappes aériennes contre les mortiers et les armes lourdes des talibans.”

Malgré la détérioration de la situation, la porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki, a déclaré vendredi que le président Joe Biden pensait encore que le retrait des troupes américaines après 20 ans de guerre était la meilleure chose à faire.

Samedi, Washington et la Grande-Bretagne ont de nouveau exhorté les citoyens à évacuer le pays dès que possible.
Le retrait des forces étrangères devrait s’achever à la fin de ce mois, avant le 20e anniversaire des attaques du 11 septembre contre les États-Unis.

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