L’Iran et les talibans œuvrent ensemble pour leurs intérêts communs malgré leur hostilité idéologique

Les rapports entre l’Iran et le mouvement afghan des talibans ont traversé des étapes troublées proche de l’hostilité, notamment en raison du rôle joué par l’Iran pour faire tomber le gouvernement taliban en coopération avec les États-Unis, et du soutien iranien aux mouvements opposés au gouvernement taliban. Les deux parties ont ensuite recherché un terrain d’entente à travers un consensus qui consistait à affronter leur ennemi commun, les États-Unis.

Malgré des rapports confus et une hostilité d’ordre idéologique entre le régime “chiite” de la République islamique d’Iran et la mouvance “sunnite”, il reste des points sur lesquels il est dans l’intérêt des deux parties de s’entendre, harmoniser leurs actions et surmonter autant que possible leurs divergences pour accéder au succès escompté, ou du moins, à une entente sur un certain nombre dossiers.

Le pragmatisme iranien

L’idéologie du régime iranien ne l’empêche pas d’œuvrer pour réaliser ses intérêts à travers des initiatives scrutées depuis de nombreuses années, en raison de ses relations, entre autres, avec l’organisation sunnite al-Qaïda et l’Etat islamique dont il a utilisé les combattants aussi bien en Irak qu’en Syrie.

Une étroite coopération a été mise en place entre l’Iran et le mouvement terroriste lorsque Téhéran a accueilli des dirigeants talibans et les a soutenus militairement. Le régime des mollahs a fourni au mouvement afghan des armes et des munitions et a entraîné ses membres. Outre le recrutement de jeunes Afghans résidant en Iran, ils ont également réussi à recruter des éléments parmi les Gardiens de la Révolution pour les rallier aux rangs du mouvement, ce qui a été maintes fois prouvé et confirmé par les enquêtes de la police afghane qui a découvert d’importantes quantités d’armes et de munitions de fabrication iranienne.

Les intérêts économiques

L’intérêt économique commun demeure le point crucial sur lequel les deux parties cherchent à s’entendre, notamment au vue des sanctions américaines imposées à l’Iran et qui ont conduit à l’éffondrement de son économie, incitant la République islamique à rechercher une issue dans la contrebande de pétrole et de minerais afin de réduire les pertes provoquées par les sanctions.

L’Afghanistan est un important débouché pour l’Iran qui s’en sert pour faire face à ses difficultés. Au moment où les talibans ont commencé à dominer les terres afghanes et à contrôler d’importants postes frontaliers, l’Iran est devenu de plus en plus proche du mouvement avec qui il a commencé à multiplier les accords.

Des rapports ont confirmé que les transferts illégaux de produits agricoles et industriels entre l’Iran, le Pakistan et l’Afghanistan sont devenus des activités courantes entre les trois pays. Les estimations de ce commerce illégal varient en termes de quantité et de valeur monétaire, mais les rapports indiquent que la contrebande le long de la frontière irano-pakistanaise est une activité rentable depuis des années, en particulier le commerce du pétrole.

La Compagnie pétrolière nationale iranienne possède des sociétés en Afghanistan et dans d’autres pays qui commercialisent le pétrole pour le compte de Téhéran, mais en quantités limitées ne dépassant pas 300 000 barils par jour, et à des prix inférieurs au prix officiel de cinq à dix dollars.

L’autre dossier économique important qui implique les deux pays concerne la main-d’œuvre afghane en Iran, qui représente un pilier important dans les relations entre l’Iran et l’Afghanistan, d’autant qu’avec la détérioration de la situation économique iranienne, la main-d’œuvre afghane a commencé à quitter l’Iran, provoquant un impact négatif sur le flux des transferts de fonds vers l’Afghanistan, et entravant même la capacité du gouvernement afghan à appliquer ses procédures et à fournir ses services.

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