Tunisie : Des députés islamistes agressent une collègue en pleine séance au Parlement

De plus en plus de conflits secouent la politique tunisienne. La semaine dernière, la députée Abir Moussi a fait l’objet d’une agression violente par un de ses collègues lors d’une séance au Parlement ou venait d’être adopté un accord autorisant l’entré d’un organisme de charité de la Fraternité musulmane dans le pays.

Dans la matinée, la présidente du Parti destourien libre a été frappée de coups de poing au visage par le député du bloc islamiste, Saifeddine Makhlouf, alors qu’elle s’exprimait.

C’est la seconde fois que la députée Abir Moussi subit une agression au Parlement. Le député Sahbi Smara a également violenté sa collègue en pleine séance parlementaire et une équipe médicale a du intervenir pour lui porter secours.

Le gouvernement tunisien s’est contenté de publier un communiqué pour condamner l’agression contre la chef du Parti destourien libre, soulignant que la violence verbale et physique est inacceptable quelles qu’en soient les causes ou la source, et appelant à l’arrêt immédiat de ces pratiques.

Les deux incidents de violence qui minent encore la Tunisie révèlent l’ampleur de l’impasse politique dans laquelle se trouve le pays, tout comme le recours systématique à la violence, notamment par l’actuel proche du mouvement Ennahda, révèle le danger que court la Tunisie.

Malgré des campagnes destinées à se donner l’image d’un Parti religieux modéré et progressiste, Ennahda véhicule une bonne dose d’idées extrémistes. En Tunisie, le mouvement a été à l’origine de plusieurs attaques contre des personnalités politiques.

Les meurtres des deux politiciens tunisiens, Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, en sont un exemple. Leurs équipes de défense qui accusent Ennahda n’ont cessé de rechercher les preuves de son implication dans leur assassinat, une accusation que le Parti nie fermement.

En ce qui concerne les deux incidents qui ont visé Abir Moussi, de telles agressions physiques au Parlement indiquent une situation politique catastrophique, un résultat peu surprenant dans la mesure ou la Tunisie abrite encore une large panoplie de salafistes. Si une situation peut ainsi dégénérer en plein Parlement, il est naturel de s’interroger sur la situation sécuritaire dans les rues tunisiennes qui grouillent d’extrémistes en liberté.

Moussi a commenté le premier incident dans les médias en déclarant : “Le président du Parlement, Rached Ghannouchi, a chargé des gens de m’empêcher d’entrer au Parlement tunisien”, précisant que la violence n’est pas très étrangère à ce Parlement. Elle a souligné que Ghannouchi tirait toutes les ficelles en Tunisie et a exprimé sa détermination à poursuivre son travail malgré les attaques contre elle.

Elle a également accusé la justice tunisienne d’inaction en affirmant qu’elle ne fait rien au sujet de l’agression, et que la Tunisie est officiellement devenue un État sponsor du terrorisme et de la violence.

Ce deuxième incident qui dénonce de manière évidente un blocage du dialogue entre les politiques, survient dans une atmosphère chargée qui pèse sur la Tunisie depuis le début de cette année. L’entrevue qui a réuni en début de semaine le président tunisien Kais Saied, et le président du Parlement et leader du mouvement Ennahda, Rashid Ghannouchi, s’est terminée sur un status quo. Les deux parties ont campé sur leurs positions et se sont mutuellement lancées reproches et accusations.

Les principaux désaccords portent sur la question des islamistes. Comme d’autres politiciens dont Abir Moussi, le président tunisien est un défenseur de la culture tunisienne contre les islamistes accusés de vouloir dépouiller le pays de son identité.

Poursuivre sur la voie de la polarisation fragilise davantage la Tunisie qui se trouve déjà dans une impasse économique, aggravée par les répercussions de la crise sanitaire du Covid-19.

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