Hizb ut-Tahrir est toujours en mesure de mener ses activités sur le territoire allemand malgré son interdiction officielle, fournissant ainsi aux pays de l’Union européenne une image vivante des dangers des groupes extrémistes émanant de la doctrine des Frères musulmans.
Hizb ut-Tahrir a su contourner les interdictions en manipulant les services de sécurité allemands et en créant de nouveaux groupes qui agissent sous sa tutelle, sans établir de lien officiel entre eux, une stratégie similaire à celle de la Confrérie des Frères musulmans.
Le fondateur du Hizb at-Tahrir, Taqi al-Din al-Nabhani (1911 -1977), s’est largement inspiré des idées de l’islam cinétique établies par les Frères musulmans. C’est en 1953 que le juge palestinien al-Nabhani a annoncé la création du Parti.
L’idée principale que le Hizb ut-Tahrir a tiré de la doctrine frériste, est l’établissement d’un État religieux avec une pluralité géographique qui ne reconnaît pas les frontières nationales.
L’interdiction du Hizb at-Tahrir en Allemagne a été motivée par la difficulté des autorités allemandes à établir des liens tangibles entre toutes les institutions berlinoises qui lui sont affiliées, et à surveiller de près ses dépenses et ses sources de financement. De plus, toutes ces institutions ont parfaitement su s’adapter aux lois locales et s’évertuent à nier toute relation qui les lierait aux Frères musulmans.
Concernant les groupes interdits en Allemagne, l’Office fédéral de protection de la constitution a déclaré sur son site officiel que la décision d’interdire le Hizb at-Tahrir prise le 10 janvier 2003, est due au rejet par le parti des normes internationales de coexistence pacifique et à sa tendance à recourir à la violence pour imposer des visions politiques particulières.
Le Hizb at-Tahrir en Allemagne a hérité des habitudes de la Confrérie en termes de manipulation idéologique et de diffusion d’idées qui pourraient être pacifiquement discutées. Au lieu de cela, ses activités sont toujours menées avec un effrayant arrière-plan militaire. A l’image du défilé militaire organisé par les étudiants fréristes à l’université égyptienne d’al-Azhar en décembre 2006 pour protester contre le déroulement des élections du syndicat des étudiant, le Hizb at-Tahrir a organisé le 28 mai 2021 un sit-in de protestation à Hambourg, dans le nord du pays, qui a été qualifié par certains médias de “quasi-militaire”.
L’Office fédéral de protection de la constitution a indiqué que compte tenu de l’interdiction du Hizb ut-Tahrir en Allemagne la manifestation avait été dirigée par l’association musulmane “Muslim Interaktiv”, filiale du Parti utilisée par ses dirigeants pour contourner l’interdiction de leurs activités.
Ces évènements fournissent une indications claire sur la capacité du Hizb ut-Tahrir à mobiliser, recruter et communiquer. Les manifestations révèlent la présence de contacts entre les éléments qui partagent la même idéologie, quels que soient les noms donnés aux groupes affiliés, ce qui augmente sensiblement les chances de rallier de nouvelles recrues.
Les données officielles publiées par le ministère allemand de l’Intérieur le 13 juillet 2020 concernant la portée de l’extrémisme dans le pays et la capacité des organisations à se mobiliser, confirment que le Hizb at-Tahrir continue bel et bien d’exercer et de recruter davantage d’éléments. Selon les données du ministère de allemand de l’Intérieur, le nombre des éléments du Parti est passé de 350 à 430 membres.
