La Turquie a utilisé des enfants soldats en Syrie et en Libye selon les États-Unis

Les États-Unis ont ajouté jeudi la Turquie à la liste de pays impliqués dans l’utilisation d’enfants soldats au cours de l’année écoulée, inscrivant pour la première fois un allié de l’OTAN dans une telle liste, au risque de compliquer davantage les relations déjà tendues entre Ankara et Washington.

Le département d’État américain a révélé dans son rapport de 2021 sur la traite d’êtres humains que la Turquie fournissait un “soutien tangible” à la division Sultan Murad en Syrie, une faction de l’opposition syrienne qu’Ankara soutient depuis longtemps. Selon Washington, ce groupe a recruté et utilisé des enfants soldats.

Lors d’une conférence téléphonique avec la presse, un haut responsable du département d’État a également fait référence au recours aux enfants soldats en Libye, et a affirmé que Washington espérait travailler avec Ankara sur la question pour y remédier.

“En ce qui concerne la Turquie (…) c’est la première fois qu’un membre de l’OTAN est inscrit sur la liste de la loi sur la prévention de l’utilisation d’enfants soldats”, a déclaré le responsable du département d’Etat. “En tant que leader régional respecté et membre de l’OTAN, la Turquie a l’opportunité d’aborder la question du recrutement et de l’utilisation d’enfants soldats en Syrie et en Libye”, a-t-il ajouté.

La Turquie a mené trois opérations transfrontalières en Syrie contre l’Etat islamique et les milices kurdes soutenues par les États-Unis, et a fréquemment utilisé des factions de combattants syriens armés aux côtés de ses forces militaires.

Certaines de ces factions ont été accusées par des groupes de défense des droits humains et les Nations Unies de frapper des civils sans discernement et de procéder à des enlèvements et des pillages. Les Nations Unies avaient demandé à Ankara de maîtriser les rebelles syriens mais la Turquie avait rejeté ces allégations qu’elle à jugé “sans fondement”.

La Turquie a également été impliquée dans le conflit libyen. Le soutien d’Ankara a aidé le gouvernement basé à Tripoli à affronter un assaut de 14 mois des forces orientales soutenues par l’Égypte et la Russie.

Selon le rapport du Département d’État, les gouvernements placés sur cette liste sont soumis à des restrictions sur certaines assistances sécuritaires et licences commerciales d’équipement militaire, en l’absence d’une dérogation présidentielle.

Il n’est pas encore clair si ces restrictions vont automatiquement s’appliquer à la Turquie.

Il n’est pas non plus clair à l’heure actuelle si l’inscription de la Turquie sur cette liste aura un impact sur ses négociations en cours avec les États-Unis pour gérer l’aéroport afghan de Kaboul une fois que Washington aura retiré ses troupes.

La Turquie a proposé de garder et de gérer l’aéroport Hamid Karzai après le retrait de l’OTAN et a mené des pourparlers avec les États-Unis sur le soutien logistique et financier de la mission.

La mission pourrait être un domaine de coopération potentiel entre Ankara et ses alliés dans un contexte aussi tendu, car la sécurité de l’aéroport est cruciale pour le déroulement des missions diplomatiques hors Afghanistan après le retrait militaire américain.

Pour mener à bien cette tâche, Ankara a sollicité divers soutiens financiers et opérationnels, et lors d’une réunion le mois dernier avec le président turc Recep Tayyip Erdogan, le président Joe Biden avait déclaré que le soutien américain allait suivre, selon Jake Sullivan, son conseiller à la sécurité nationale.

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