Face au président tunisien, l’opposant Ghannouchi défend les intérêts de la Confrérie musulmane au palais de Carthage

Samedi 26 juin, le président tunisien, Kais Saied, a rencontré au palais de Carthage à Tunis le président du Parlement et chef du parti des Frères musulmans “Ennahda”, Rashid Ghannouchi. L’entretien qui a duré trois heures n’a pas atteint les objectifs escomptés pour le paysage politique tunisien.

Accusations et injures

Depuis 6 mois, la Tunisie s’enlise dans des crises politico-économiques à l’origine de conflits acerbes entre les trois institutions gouvernementales (Présidence de la République, Parlement, Gouvernement). Aucune rencontre n’a jusque là porté ses fruits, chacun des partis campe sur ses positions hostiles à l’autre.

La rhétorique a commencé par un article écrit immédiatement après la réunion par le conseiller de Ghannouchi, Riad al-Shuaibi, qui a accusé Kais Saied de confusion et d’incapacité à agir sur le plan politique.

De son côté, Saied est resté fidèle à ses positions anti-Nahda et a de nouveau accusé le mouvement des Frères musulmans de se tenir derrière un “régime caché” qui contrôle son pays. Cette déclaration est survenue à peine 1 jours après sa rencontre avec Ghannouchi au palais de Carthage, ramenant le différend à son point de départ.

Un régime caché

Lors de sa rencontre au palais de Carthage avec Zuhair Maghzaouil, le secrétaire général du Mouvement populaire, Kais Saied a déclaré : “La Tunisie a désormais deux régimes… un régime apparent et un régime caché qui contrôle le pays”, notant que le danger qui menace la stabilité des Etats provient de l’intérieur.

Les attentes de Kais Saied

Selon les informations de la presse tunisienne, Kais Saied a exigé de Ghannouchi quatre choses : la démission du gouvernement Mechichi, l’établissement d’un système gouvernemental purement présidentiel au lieu d’un système parlementaire, la divulgation des comptes bancaires des dirigeants d’Ennahda et la non-ingérence dans les affaires judiciaires. Ghannouchi a refusé ces demandes, soulignant son rejet des attaques lancées par le mouvement contre Saied depuis la fin de la réunion.

Ces demandes impliquerait la reddition du parti Ennahda par lui-même, car la divulgation des comptes bancaires dévoilerait la nature des relations du mouvement avec les autres pays qui partagent son idéologie, et l’obligerait à renoncer aux privilèges du système parlementaire qu’Ennahda ne consentira jamais à abandonner, ce système étant sa seule garantie de pouvoir continuer à contrôler la scène politique tunisienne.

L’échec de la rencontre entre Ghannouchi et Saied a confirmé que la crise politique tunisienne n’est pas près de trouver une issue, car les objectifs divergent entre les parties en conflit d’une manière qui rend le dialogue impossible.

Au moment où Ennahda s’emploie à resserrer son contrôle sur l’État, Saied constate que le mouvement cherche à supprimer l’identité civile tunisienne et estime qu’en tant que président, il est chargé de défendre cette identité sans négociation ni compromis.

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